Fentanyl : une enquête nationale de Service correctionnel Canada

Fentanyl : une enquête nationale de Service correctionnel Canada

Le fentanyl se présente sous la forme d'un timbre dermique qui

PSYCHOTROPE. Service correctionnel Canada (SCC) a institué une enquête nationale à la suite du rapport du coroner Yvon Garneau portant sur le décès du détenu Gérald Tougas, à Drummondville, causé par la consommation de fentanyl, un médicament presque 100 fois plus puissant que la morphine.

Incarcéré dans une prison fédérale depuis le 15 novembre 1988, et transféré au pénitencier Drummond en l’an 2000, Gérald Tougas est mort le 30 août 2014, vers 2l h, après s’être effondré dans la cour du Pavillon 5. Dans son rapport publié en février 2015, le coroner Garneau constate la présence de fentanyl (et/ou d’acétyl-fentanyl) dans le sang de la victime. Il conclut à un décès accidentel. C’est cette conclusion qui alerte les autorités fédérales.

Car, même si une enquête est enclenchée pour tout décès dans un pénitencier, le fait qu’on soit ici en présence d’une mort accidentelle et non naturelle, causée par une drogue puissante et peu dispendieuse, a de quoi inciter les enquêteurs fédéraux à aller plus loin.

«À la suite d’un décès de causes non naturelles, explique Jean-Yves Roy, gestionnaire des communications à Service correctionnel Canada, un comité d’enquête national est formé. Les comités d’enquête sont des groupes convoqués à l’échelle nationale qui travaillent afin de relever les faits entourant un décès en établissement et de formuler des recommandations, au besoin. Après la mort de M. Tougas survenue à l’Établissement Drummond le 30 août 2014, le SCC a convoqué un conseil d’enquête interne. Comme toutes les enquêtes du SCC sur les décès en détention, elle comprenait un membre de la communauté en tant que membre du conseil d’administration. Des mesures ont été prises pour répondre aux questions soulevées par le conseil d’enquête interne. Une enquête nationale est actuellement en cours concernant les circonstances du décès de Gérald Tougas».

Médicament et/ou drogue

Le fentanyl est un analgésique qui se présente sous la forme d’un timbre dermique, précise la pharmacienne Marie-Michelle Benoit, de Jean Coutu.

«Ce médicament est disponible sous ordonnance seulement, même pour un détenu dans un pénitencier. C’est un analgésique qui, comme la morphine, sert à soulager la douleur. Mais on n’administre pas le fentanyl à une personne qui n’a jamais pris de narcotique, on ne commence pas avec ça. Une surdose peut être mortelle», fait observer Mme Benoit.

Sur le marché noir, on peut aussi trouver l’acétyl-fentanyl, un dérivé du médicament, beaucoup moins cher que l’héroïne. D’ailleurs, le coroner Garneau en fait mention dans son rapport, soulignant qu’il est impossible de savoir lequel des deux produits la victime Tougas a pu consommer.

Mieux contrôler la vente

Selon un autre coroner, le Dr Pierre Fortier, dans l’Outaouais, qui s’est penché sur le cas d’un homme décédé après avoir utilisé des timbres de fentanyl que prenait sa femme pour soulager son cancer, recommande un contrôle plus strict de la vente de timbres de fentanyl en pharmacie.

Le coroner Fortier suggère que l’Ordre des pharmaciens du Québec instaure un système obligeant les patients à retourner à la pharmacie tous les timbres de fentanyl utilisés, avant d’en obtenir d’autres, de manière à éviter qu’ils soient accumulés et vendus sur le marché noir.

Ce qui sème l’inquiétude, d’après ce que disent les professionnels, c’est que ce sont des chimistes en herbe, dans des laboratoires clandestins, qui fabriquent l’acétyl-fentanyl à partir des timbres de fentanyl, même usagés, augmentant grandement les risques pour la santé.

L’émergence des opioïdes

Un opioïde, qui comprend une liste de produits incluant le fentanyl, est une substance opiacée psychotrope de synthèse dont les effets sont similaires à ceux de l’opium sans y être chimiquement apparentés. Les opioïdes exercent leurs effets par stimulation directe ou indirecte des récepteurs opiacés, qui sont surtout logés dans le système nerveux central.

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