Une politique de gestion des plaintes déficiente au Cégep de Drummondville

Une politique de gestion des plaintes déficiente au Cégep de Drummondville

AGRESSIONS SEXUELLES. Ce sont les agressions sexuelles perpétrées dans les résidences de l’Université Laval et la dénonciation d’Alice Paquet, à l’automne, qui ont décidé quatre étudiants en Sciences humaines du Cégep de Drummondville à mener un sondage au sein des murs de l’établissement en ce qui concerne la politique de gestion des plaintes pour les violences sexuelles. Les résultats qu’ils ont obtenus sont troublants.

Odile-Anne Desroches, Tommy Lemay, Samuel Saint-Germain et François Desroches ont mené, pour un projet de fin d’études, un sondage auprès de 149 étudiants du cégep à propos des violences sexuelles, du harcèlement au viol, qu’ils auraient vécu au sein du campus collégial. En faisant leurs recherches, ils ont estimé que la politique en vigueur était loin de correspondre aux besoins des étudiants. «On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait une politique concrète, honnêtement. C’est fâchant, mais pas étonnant», a exprimé François Desroches. Ses trois coéquipiers et lui reprochent à la politique de ne pas être claire, à un point tel qu’ils n’ont même pas l’impression qu’elle s’applique aux étudiants.

«Il y a bel et bien une politique en matière d’harcèlement et de violence. Est-ce qu’elle est bien écrite? Pas du tout, estime le directeur des affaires étudiantes et des communications du cégep de Drummondville, Dominic Villeneuve. En la lisant, c’est vrai qu’il y a un manque de clarté. C’est pour cette raison qu’elle sera revue au cours de 2017-2018.» À savoir si une politique spécifique en matière de violence sexuelle ressortira des discussions, Dominic Villeneuve préfère en laisser le soin au comité chargé de la rédiger.

«Le cégep réfère déjà les étudiants qui en ont besoin aux ressources appropriées, comme la CALACS», explique le directeur des communications, en spécifiant qu’il faudrait une situation exceptionnelle comme celle vécue à l’automne à l’Université Laval pour qu’une intervenante spécialisée en violence sexuelle soit mandatée à rester au cégep en tout temps.

Pour Claire Tessier, intervenante à la CALACS la Passerelle, il est aberrant que les violences sexuelles ne soient pas spécifiquement encadrées au sein de l’établissement scolaire. Selon les professionnelles de la Passerelle, il est impératif que cela change rapidement.

Des résultats pas si irréalistes

Selon les chiffres des quatre finissants en Sciences humaines, 12 % des étudiants rapportent avoir vécu du harcèlement sexuel, et 5 % des répondants avouent avoir vécu une agression sexuelle sur le terrain du cégep. Encore plus troublant : ils évaluent à environ 20 jeunes par année ceux qui ont vécu une forme de violence sexuelle de la part d’employés de l’établissement. «Il faut garder en tête que notre échantillon est plutôt petit. Reste que les résultats que nous avons obtenus sont énormes», estime François Desroches.

«Même si l’échantillon est petit, la proportion est là. Les chiffres sont réalistes», affirme Claire Tessier. La CALACS a d’ailleurs demandé à pouvoir utiliser les données dans leurs ateliers.

Les quatre compères présenteront probablement leur sondage aux syndicats au cours des prochaines semaines, assorti d’un avis de recommandation. «Il ne faut pas que ce soit balayé sous le tapis», conclut François Desroches.

 

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