Le thé n’a plus de secret pour Nancy Belval

Le thé n’a plus de secret pour Nancy Belval
Nancy Belval a été la première sommelière en thé certifiée au Québec. (Photo : Josyane Cloutier)

PASSION. Nancy Belval n’a jamais aimé le goût du café. De fil en aiguille, cette aversion l’a mené à devenir l’une des quelques sommeliers en thé reconnus au Canada.

C’est lors d’une journée fraîche du début du mois de décembre que la souriante Nancy Belval a accueilli L’Express dans sa boutique, Une Feuille de thé, sur la rue Heriot. Sur les murs, ses diplômes de sommelière en thé, gagnés après trois ans d’allers-retours Drummondville-Toronto plusieurs fois par an, trônent fièrement.

S’il sort de l’ordinaire, son métier n’a rien de sorcier. «C’est le même principe qu’avec le vin. Le goût du raisin change selon l’altitude, la température… C’est la même chose pour le théier : c’est cette plante qui est à la base de tous les thés. Il y a de bonnes et de moins bonnes récoltes, et c’est possible de faire des accords entre les thés et les mets», explique la professionnelle.

Tout de même, les sommeliers en thé certifiés sont très peu nombreux. «Si je me fie à l’Association canadienne de thé, nous sommes peut-être trois ou quatre à travers la province. J’ai même été la première ici, au Québec», dévoile Nancy Belval avec un petit rire.

Il faut dire que les huit cours nécessaires, offerts par l’Association, ne se complètent pas d’un claquement de doigts. Mme Belval raconte même qu’un examen consistait en un test à l’aveugle : elle avait quatorze variétés de thé devant elle, et elle devait pouvoir distinguer leurs caractéristiques, comme le pays de provenance, l’altitude ou la couleur… sans les voir, en se servant seulement de ses papilles et de ses narines.

C’est après avoir goûté un thé vert à la fraise, acheté en épicerie, que la Drummondvilloise a décidé d’explorer le monde du thé plus en profondeur. «J’ai décidé de prendre un premier cours à l’Association de thé du Canada. J’ai capoté. Je ne parlais que de ça. Je me suis rendu compte que c’est ce que je voulais faire dans la vie. Je voulais partager un peu de ce qui m’avait tant fait triper», raconte-t-elle.

Elle a donc mis sur pied son salon de thé, Une Feuille de thé, il y a deux ans et demi. Et depuis, sa clientèle ne cesse d’augmenter. «Plus ça va, plus les gens sont ouverts à boire du bon thé. Cela commence à prendre de l’ampleur ici, à l’image de ce qui se passe dans l’ouest du pays.» Elle vend également du thé, en plus grandes quantités, à des restaurants du centre-ville : cela lui permet d’allier son savoir-faire d’acheteuse, profession qu’elle exerce depuis vingt-cinq ans, et sa passion pour cette boisson chaude.

 

Peut-on vivre de cette forme de sommellerie? «Au Québec, c’est moins évident. Dans les grandes villes comme Toronto ou Vancouver, c’est tout à fait possible, à mon avis.»

Si les Québécois sont sur une bonne voie, la sommelière en thé estime qu’il reste encore du chemin à faire. «Le thé est encore très méconnu au Québec, à mon avis. C’est la mentalité de nos grands-parents et de leur poche de thé Salada qui nous a traumatisé, si on veut», rigole-t-elle.

La poche de thé bon marché est désormais loin d’être la seule offre disponible : de plus en plus, des pays du monde entier tendent à développer cette industrie, d’Hawaii au Japon. Grande voyageuse, la Drummondvilloise travaille d’ailleurs très fort pour se faire des contacts un peu partout afin de ramener des thés hors du commun à sa boutique. Sa dernière découverte : un thé pourpre du Kenya, qui devient d’un violet éclatant lorsqu’il est en contact avec du citron. «J’aime beaucoup voyager, et j’allie l’utile à l’agréable.» Elle est en train de nouer des liens avec les producteurs de thé de la Thaïlande, et ses premiers produits devraient franchir les portes de la Feuille de thé au cours des prochains mois.

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