«C’est épeurant», soutient Brigitte Roy

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Par Jean-Pierre Boisvert
«C’est épeurant», soutient Brigitte Roy
Hôpital Sainte-Croix (Photo : Photo d'archives)

SANTÉ. Le problème du manque de personnel dans le réseau de la santé est «épeurant», à un point tel que plusieurs préposés et infirmières jonglent avec l’idée de démissionner en groupe la même journée!

Les confidences et les témoignages qui parviennent aux journalistes de L’Express ces derniers jours font état d’une situation d’écœurement qui dépasse tout ce qui a été entendu jusqu’ici.

Brigitte Roy, vice-présidente du syndicat des infirmières auxiliaires (unité locale de Drummondville), est au courant que plusieurs de ses collègues sont désespérées et ont décidé d’alerter les journalistes sur une base personnelle.

«Il y a une grave problématique avec la gestion de la liste de rappels et cela s’est aggravé sérieusement avec la fusion du CIUSSS à Trois-Rivières. On ne reconnaît plus la réalité locale», dénonce Mme Roy. «On a eu de nombreuses rencontres avec l’employeur pour lui faire savoir que des solutions sont possibles, mais il ne bouge pas. C’est ça qui est décourageant. Il y a une trentaine de postes affichés mais ils ne trouvent pas preneurs parce qu’ils sont à deux jours/semaine seulement. S’ils proposaient 4 jours/semaine, ils seraient plus attractifs. On ne veut pas nécessairement des temps complets, bien que certains postes à temps complet trouveraient preneurs».

Y a-t-il une volonté de mieux gérer?

La vice-présidente syndicale donne l’exemple des changements d’horaire à la dernière minute. «À 7 heures, des préposées se rendent au CHSLD George-Frederick-Heriot et, à midi, se font dire d’aller au pavillon d’Youville. Ou pire, en entrant au travail le matin, elles se font dire d’aller travailler au centre de Notre-Dame-Du-Bon-Conseil. Quand elles viennent de se faire conduire au travail parce qu’elles n’ont pas d’autos, comment doivent-elles faire? Ce n’est pas une bonne gestion. Dans certains départements, il n’est pas rare de trouver une seule infirmière au lieu de trois. Il y a bien eu une visite des patrons récemment, mais, cette journée-là, c’est drôle, il y a avait un surplus de personnel, pour la seule fois de l’été…

«C’est épeurant de voir tout ça, parce que j’ai peur des conséquences de l’épuisement du personnel. Il y a beaucoup trop de temps supplémentaire obligatoire. Jusqu’en avril, des employés s’arrangeaient assez bien avec les périodes de 12 heures, mais l’employeur a arrêté ça et on ne sait pas pourquoi. Certaines de mes collègues pensent sérieusement à prendre leur retraite plutôt que prévu, même si elles savent qu’elles seront pénalisées au chapitre des revenus de leur fonds de pension. D’autres sont incapables de rentrer au travail en raison d’un épuisement. On leur dit qu’il y aura une lettre à leur dossier, mais cela ne les dérange pas, se disant que cela vaut mieux que de commettre une erreur médicale qui risquerait de leur faire perdre leur licence», observe Brigitte Roy.

Selon elle, la situation promet de se détériorer encore davantage avec l’hiver qui approche.

«Déjà qu’on n’a pas eu un été avec une accalmie, ce qui était l’habitude avant grâce à l’arrivée d’étudiants. Moi, en neuf ans, je n’ai jamais vu un été difficile comme ça. Avec l’hiver arrivent les gastros et les grippes (H1N1) et ça n’ira pas en s’améliorant durant la prochaine période hivernale.

«Durant la fin de semaine de la Fête du travail, il manquait 139 préposées et 20 infirmières auxiliaires. J’ai eu des messages sur mon cellulaire de la part de collègues qui songeaient à des démissions en groupe, la même journée, de façon à faire réagir l’employeur», de révéler Brigitte Roy.

«Pourtant, on lui a dit, les solutions ne coûteraient pas des millions…

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