Spectacles à la Maison des arts : Angèle Therrien aimerait que le public pense aux gens vulnérables

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Par Emmanuelle LeBlond
Spectacles à la Maison des arts : Angèle Therrien aimerait que le public pense aux gens vulnérables
La Drummondvilloise Angèle Therrien est atteinte du syndrome post-polio. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ACCESSIBILITÉ. Angèle Therrien est passionnée par les arts de la scène. Celle qui est en fauteuil motorisé a une vue obstruée lorsque les spectateurs se lèvent pour danser ou chanter. La Drummondvilloise souhaite que la Maison des arts sensibilise le public à rester assis, pour assurer le confort des personnes vulnérables.

La septuagénaire est une habituée de la Maison des arts. «Je suis abonnée depuis des années. Je ne peux même pas me rappeler quand j’y suis allée la première fois. J’ai toujours fréquenté la Maison des arts. C’est une sortie fétiche pour moi», dit celle qui est atteint du syndrome post-polio.

Musique, chant, humour, théâtre : Angèle Therrien assiste à des spectacles de toutes sortes. Dans la salle Léo-Paul-Therrien, une section est réservée aux personnes qui sont à mobilité réduite, située au parterre. Un accompagnateur peut être à leurs côtés.

D’après son expérience, il arrive souvent que les spectateurs soient debout durant la représentation, ce qui a pour effet de cacher son champ visuel. «Avant les personnes se levaient pour une ovation ou à la fin d’un spectacle pour avoir un rappel. Maintenant, c’est pendant les spectacles au  complet.»

C’est ce qu’elle a remarqué lorsqu’elle a assisté au spectacle de Kaïn et celui de Ludovick Bourgeois avec l’hommage aux BB. «Au spectacle de Kaïn, les gens étaient debout dès les premières chansons. Un moment donné, Steve Veilleux a dit aux spectateurs qu’ils pouvaient s’asseoir. Il a dit qu’une personne debout pouvait cacher quelques-uns en arrière. Aussitôt la chanson terminée, tout le monde s’est relevé. C’était comme ça pendant toute la représentation», raconte-t-elle.

Angèle Therrien mentionne que la clientèle de petite taille et les personnes âgées sont également touchées par la situation. Pour sa part, elle se dit anxieuse. «J’achète mes billets en avance pour être sûre d’avoir une place. Mes spectacles préférés sont ceux de chant et de musique. Depuis ce temps-là, je me demande si je vais être capable de voir la scène. J’ai une crainte d’y retourner.»

La Drummondvilloise a contacté la Maison des arts pour partager sa réalité. «Il n’y a pas de problème sans solution. J’ai suggéré à la direction de sensibiliser les gens. Avant chaque spectacle, un message enregistré pourrait en faire mention», propose-t-elle.

De son côté, l’Association des personnes handicapées de Drummond a eu vent de la situation. «Il y a eu des commentaires, mais on n’a pas reçu de plainte par écrit», informe la responsable de l’accessibilité, Diana Ramirez.

Cette dernière soutient qu’il est toutefois important de prendre en compte les deux côtés de la médaille. «Tout le monde paie pour avoir un billet pour profiter d’un spectacle artistique d’une façon confortable, souligne-t-elle. On comprend aussi la réalité de la Maison des arts. Elle ne peut pas obliger tout le monde à rester assis. Certaines personnes veulent danser quand le spectacle est festif. C’est une tendance qu’on voit partout ailleurs.»

Un public participatif

Selon la directrice générale de la Maison des arts, Marie-Pierre Simoneau, le public drummondvillois est effectivement reconnu comme étant «très participatif». «Les artistes aiment venir ici parce que les gens embarquent. Les artistes entendent très bien ce qu’il se passe dans la salle grâce à sa configuration. Et vice versa. Il y a une communication et une connexion qui s’opèrent assez rapidement entre la scène et la salle», fait-elle savoir.

La salle Léo-Paul-Therrien de la Maison des arts de Drummondville. (Photo: Ghyslain Bergeron)

Règle générale, le diffuseur pluridisciplinaire informe les détenteurs de billet lorsqu’il y a une possibilité que les spectateurs se lèvent. «D’une fois à l’autre, on essaie de s’ajuster. On ne le sait pas toujours. Les spectacles ne sont pas toujours montés quand on les achète», souligne Marie-Pierre Simoneau, en précisant que plus de 250 spectacles sont présentés par année.

La Maison des arts est sensible à la réalité des personnes à mobilité réduite. «On va essayer de trouver des solutions. Un comité de travail va se pencher sur la question, indique-t-elle. Il n’y aura pas quelque chose de totalement parfait. Ça ne peut pas être tout l’un ou tout l’autre», affirme la directrice générale.

Selon elle, la problématique ne peut pas être complètement enrayée. «Je ne peux pas porter le poids de faire l’éducation du civisme à tous les concitoyens qui vont venir à la Maison des arts. Il y a du travail qui doit être fait avant dans l’éducation populaire», soutient Marie-Pierre Simoneau.

Alors que la salle Léo-Paul-Therrien a une configuration classique, la nouvelle salle de spectacle qui verra le jour au centre-ville sera plutôt multifonctionnelle. Entre autres, l’aménagement de la salle sera modulable, ce qui permettra de multiples possibilités.

Tous les types de clientèles seront pris en considération. «Dans une salle multifonctionnelle comme ça, les personnes à mobilité réduite ont aussi leur place. Sachant ce dont ils ont besoin et ce qu’ils recherchent comme expérience, on va essayer d’optimiser leur sortie», dit Marie-Pierre Simoneau.

À ce sujet, soulignons qu’au Québec, des salles de spectacle, à l’exemple de l’Olympia à Montréal, réservent des sections (le balcon notamment) pour ceux qui ont envie de danser. Cette zone est située en arrière de celle qui est réservée aux spectateurs à mobilité réduite.

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