Gilles Courteau parmi les immortels de la LHJMQ

Gilles Courteau parmi les immortels de la LHJMQ
Gilles Courteau sera intronisé au temple de la renommée de la LHJMQ à titre de bâtisseur. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

HOCKEY. L’ex-commissaire Gilles Courteau fait partie des cinq personnes qui seront intronisées au temple de la renommée de la LHJMQ, le 18 septembre prochain, dans le cadre d’une cérémonie qui aura lieu au théâtre Manuvie de Brossard.

Les anciens joueurs Patrice Bergeron, Alexandre Daigle et Maxime Talbot deviendront également des immortels de la LHJMQ. Réginald Savage les rejoindra à titre posthume.

Gilles Courteau

De l’adolescence à la retraite, la vie de Gilles Courteau n’avait pratiquement qu’un seul réel sens: le sport, mais principalement le hockey. De Trois-Rivières, sa ville natale, en passant par Québec, Longueuil et Boucherville, il aura passé 47 saisons à œuvrer dans la LHJMQ. Plus spécifiquement, il a passé 37 années à titre de président ou commissaire; on parlait alors du circuit Courteau.

Travailleur rigoureux et infatigable, le dévouement et l’esprit novateur de Gilles Courteau en auront fait un pionnier très respecté du monde du hockey junior canadien.

À l’automne 1975, c’est avec ses favoris locaux, les Draveurs de Trois-Rivières, que tout a commencé dans le hockey junior, alors qu’il a été engagé comme statisticien par l’entraîneur Michel Bergeron. Deux ans plus tard, il devient statisticien en chef de la ligue et ce, pour trois saisons. Le président du circuit, Paul Dumont, deviendra son mentor en administration sportive.

Gilles Courteau (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Il est engagé par les Remparts de Québec en 1980-1981, devenant, à 21 ans, le plus jeune directeur général de l’histoire de la ligue. Courteau passe aussi un certain moment chez les Nordiques de Québec avant de prendre place dans les bureaux de la LHJMQ.

Le 13 février 1986, à 28 ans, il passe de directeur administratif au rôle de président. En 2001, ses fonctions demeurent inchangées, malgré le changement de titre à celui de commissaire, un poste qu’il occupera jusqu’en mars 2023. Bon nombre de dossiers chauds se sont retrouvés sur son bureau au fil des ans.

Octrois et déménagements de franchises ont fait partie de son quotidien, surtout dans les années 90. Il fera passer la LHJMQ de 10 à 18 équipes, étalant le circuit sur l’ensemble des régions du Québec. Son coup de maître a été d’établir des équipes dans les provinces maritimes, en commençant par Halifax en 1994.

Dans les années 2000, il a été le premier commissaire de la Ligue canadienne de hockey à vouloir réduire et pénaliser plus sévèrement les batailles; allant jusqu’à l’élimination quasi complète desdites batailles lors de sa dernière année comme commissaire. Il martelait constamment que sa priorité était d’offrir le meilleur encadrement et l’environnement le plus sécuritaire possible aux joueurs sur et hors glace.

La scolarisation des joueurs lui tenait tout aussi à cœur que le développement hockey. Les études devaient prendre une place toute aussi importante chez les joueurs que le hockey pour en faire des citoyens responsables et éduqués. À cet effet, il a été un pionnier et membre fondateur de l’Alliance sport-études. La mise en place du programme de bourses d’études, en 1986, a permis à la Ligue d’octroyer 17 255 500 $ en bourses d’études à 3655 joueurs qui ont poursuivi des études post-carrière au niveau collégial, universitaire ou professionnel pendant son règne.

Il a été l’auteur de plusieurs importantes politiques et programmes, dont le programme antidopage, la politique scolaire, la politique antidiscriminatoire, la politique contre le harcèlement et la violence et le programme d’aide aux joueurs.

Sous sa gouverne, pas moins de 7677 joueurs ont évolué au sein de la LHJMQ, dont 866 ont été repêchés par des franchises de la Ligue nationale de hockey. Ce sont aussi 19 entraîneurs et 24 arbitres et juges de lignes qui ont atteint la LNH. Dix conquêtes de la coupe Memorial ont été réalisées lors des années du circuit Courteau.

En décembre 2022, la coupe du Président, qui est remise aux champions des séries éliminatoires, a été rebaptisée le trophée Gilles-Courteau.

Patrice Bergeron

Au cours de sa carrière, Patrice Bergeron a fait preuve d’un leadership extraordinaire et était doué d’un sens du hockey bien au-delà de la moyenne. Un joueur de centre dédié, courageux; un gagnant.

En moins de 18 mois, il est passé des rangs midget à la LNH, entrecoupé d’un stage d’une seule saison complète dans la LHJMQ avec le Titan d’Acadie-Bathurst. Avec cette équipe, en 2002-2003, il dispute chacune des 70 parties de la saison régulière, enregistrant deux records d’équipe qui tiennent toujours aujourd’hui pour un joueur recrue : 73 points et 50 passes.

Le 22 mars 2003, dans un gain de 8-0 sur Chicoutimi, il égale le record de la LHJMQ pour une recrue, avec 6 points dans un match des séries, un exploit rare qu’avaient réalisé Mike Bossy et Jean-François Sauvé pratiquement 25 ans auparavant. On se souviendra également de sa présence couronnée d’or avec l’équipe canadienne au Mondial Junior de 2005, jumelant son talent à celui de Sidney Crosby principalement.

Après avoir été repêché en 2e ronde, 45e au total, en 2003, il est devenu l’un des rares joueurs de l’histoire des Bruins de Boston à percer leur formation à 18 ans. En regroupant saisons et séries, il a pris part à un impressionnant total de 1464 matchs, tous avec les Bruins; une brillante carrière de 19 saisons qui s’est conclue à l’âge de 37 ans au terme de la saison 2022-2023.

À ses 1040 points en saison régulière s’ajoute une forte contribution de 128 points en éliminatoires; il a marqué 454 buts, dont 25 en désavantage numérique.

En 2011, les Bruins remportent la finale de la coupe Stanley, dans une longue et inoubliable finale de sept matchs face à Vancouver. En trois occasions, ses coéquipiers et lui ont terminé au 1er rang de la saison régulière, se méritant le trophée des Présidents en 2013-2014 et 2019-2020, puis en 2022-2023 lors d’une mémorable saison de 135 points, un record de la LNH.

Bergeron a personnellement reçu le trophée Frank-J.-Selke à 6 reprises de 2011-2012 à 2022-2023, battant le record de Bob Gainey, qui avait été récompensé quatre fois comme le meilleur attaquant défensif du circuit. Son rendement plus-moins dit tout de ses grandes responsabilités défensives; il a maintenu un différentiel positif dans 18 de ses 19 saisons dans la LNH. Son bilan au total : +289 en saison et +42 en séries. Il a aussi excellé sur les mises en jeu avec 58 % d’efficacité en carrière (8e rang de l’histoire).

Depuis septembre 2011, son numéro 37 qu’il a porté avec le Titan est retiré dans les hauteurs du Centre K.C. Irving à Bathurst.

Alexandre Daigle

Au début des années 90, Alexandre Daigle est rapidement devenu l’une des grandes superstars de l’histoire de la LHJMQ. Très charismatique, on se souviendra de lui comme le joueur le plus médiatisé depuis Guy Lafleur et Mario Lemieux.

Dans le midget AAA à 15 ans, le Lavallois réussit à compter 50 buts, un record d’équipe à l’époque chez les Régents de Laval-Laurentides-Lanaudière. Ses performances retenaient l’attention des recruteurs de la LHJMQ, principalement ceux de sa future équipe, les Tigres de Victoriaville.

Sans surprise, le patineur extrêmement rapide aux mains agiles est choisi au premier rang de la séance de sélection 1991 de la LHJMQ. À 16 ans, il est électrisant à Victoriaville et mène plusieurs catégories offensives avec 110 points, dont 42 en avantage numérique. Il est choisi la recrue de l’année dans la Ligue canadienne de hockey.

En 1992-1993, sa moyenne de 2,6 points par partie est la meilleure du circuit. Fort d’une récolte de 137 points en 53 parties en saison régulière, il a alimenté Claude Savoie comme pas un et ce coéquipier a compté 70 buts, un record chez les Tigres. Le titre de «meilleur espoir professionnel» attaché au trophée Michael-Bossy est octroyé à Alexandre Daigle au terme de la campagne.

En 1993, il est sélectionné par les Sénateurs d’Ottawa au tout premier rang du repêchage de la Ligue nationale de hockey. À sa toute première saison, il réussit sa rentrée en participant au quart des 201 buts de la jeune franchise d’expansion, avec 51 points, dont 20 buts, terminant au deuxième rang des pointeurs de son club.

En 1994-1995, la LNH étant en lockout, il effectue un retour remarqué dans la LHJMQ et remplit les arénas à nouveau. Il gonflera ses impressionnantes statistiques davantage, complétant son stage junior avec 292 points en 143 matchs (séries incluses). De plus, il sera un actif important pour le Canada au championnat mondial junior de 1995. Il reviendra avec sa deuxième médaille d’or, à la suite des célébrations de celle de 1993. En deux tournois, il a amassé 16 points en 15 matchs.

De retour dans la LNH pour la deuxième moitié de saison en 1994-1995, il maintient une cadence frôlant un point par match (0,8). Après sa deuxième saison de 51 points en 1996-1997, les Sénateurs l’ont échangé aux Flyers de Philadelphie. Il a pris une pause de deux saisons avant de revenir en force avec le Minnesota en 2003-2004, avec qui il clôturera une troisième saison de plus de 50 points. La saison 2005-2006 sera sa dernière dans la LNH, après avoir amassé 327 points en 616 parties.

La dernière portion de sa carrière s’est déroulée dans la Ligue suisse, principalement avec Davos de 2006 à 2010. Là-bas, il a maintenu une moyenne de plus d’un point par match.

Son numéro 91 porté à Victoriaville a été retiré en février 2017 dans une émotive cérémonie tenue avec sa famille et ses proches. En 2019, la LHJMQ le classait parmi les 50 meilleurs joueurs de son histoire lors des célébrations entourant le 50e anniversaire du circuit.

Maxime Talbot

Maxime Talbot est reconnu comme un remarquable leader, un joueur acharné et déterminé. Partout où il est passé, il a su rassembler, inspirer, et rehausser son jeu lors des plus grands moments; championnats et honneurs divers s’ensuivirent.

Natif de Saint-Bruno-de-Montarville, Maxime Talbot démontre ses talents dans plusieurs disciplines sportives dès son jeune âge. Par contre, c’est le hockey qui gagne rapidement son cœur. À 15 ans, il maintient une moyenne d’un point par match au niveau midget AAA avec le Collège Antoine-Girouard. Les Huskies de Rouyn-Noranda le sélectionnent huitième au total lors du repêchage de 2000.

Il sera impliqué dans une importante transaction entre Rouyn-Noranda et Hull à la mi-saison 2000-2001. Le joueur de centre inscrira 381 points en 301 matchs lors de ses quatre saisons dans la LHJMQ. Ce total inclut 82 points en séries, le deuxième plus haut total chez les Olympiques.

À titre de capitaine des Olympiques en 2003 et 2004, ses coéquipiers et lui ont joué au-delà des espérances, remportant la coupe du Président à deux reprises. Les deux fois, il a mérité le trophée Guy-Lafleur à titre de joueur le plus utile des séries de la LHJMQ.

Parmi ses grands exploits, une performance de six points dans un match éliminatoire, un record chez les Olympiques, qu’il détient avec huit autres joueurs. Après avoir tout donné, les deux échecs des Olympiques en finale de la coupe Memorial de 2003 et 2004 demeurent toujours difficiles à accepter pour ce guerrier.

Nommé adjoint au capitaine, il a aussi été un rouage important avec Équipe Canada Junior, entouré des Sidney Crosby et Marc-André Fleury entre autres. Maxime Talbot aide les siens a remporté la médaille d’argent en 2004, à la suite d’une défaite de 4-3 en finale contre les États-Unis.

Choix de huitième ronde des Penguins de Pittsburgh au repêchage de la LNH en 2002, c’est en 2009, lors du septième et décisif match de la finale, qu’il connaîtra son heure de gloire à l’échelle planétaire. Son but vainqueur contre Detroit a permis aux Penguins de remporter leur troisième Coupe Stanley, vengeant ainsi la défaite de la saison précédente en finale contre ces mêmes Red Wings. Durant le tournoi printanier, il a compté 8 buts et cumulé 13 points en 24 matchs.

Comme joueur d’utilité avec l’attitude du coéquipier exemplaire, on ne faisait pas mieux que Maxime Talbot. Ses 204 points en 704 matchs en saison régulière dans la LNH ne traduisent vraiment pas toute l’utilité de ce joueur énergique. Talbot a souvent été envoyé sur la patinoire pour les missions défensives que lui ont confiées les Penguins, mais aussi les Flyers, l’Avalanche et les Bruins. Après un passage de trois saisons dans la KHL, il a mis un terme à sa carrière après la campagne 2018-2019.

Lors des célébrations entourant le 50e anniversaire de la LHJMQ, Maxime Talbot a été nommé parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire du circuit.

Réginald Savage

Réginald Savage a toujours su répondre à l’adversité pendant ses années comme hockeyeur. Joueur de centre très athlétique, il a fait preuve de caractère et d’un désir de compter des buts.

À sa deuxième saison dans la Ligue midget AAA du Québec avec les Riverains du Richelieu, il connaît une saison 1986-1987 du tonnerre avec 139 points en 42 parties.

À 17 ans, dès son arrivée dans la LHJMQ avec les Tigres de Victoriaville, il se fait apprécier de tous avec son sourire contagieux et son éthique de travail. Son entraîneur, Guy Chouinard, compte sur plusieurs recrues en 1987-1988, mais la détermination et le leadership de Réginald Savage le propulsent au premier rang des compteurs du club, 28 points devant son plus proche poursuivant. Bien protégé par ses vétérans coéquipiers et en confiance, il établit deux records pour un joueur recrue chez les Tigres: 68 buts et 122 points, et ce, en 69 parties.

À l’hiver 1989, il ajoute neuf points à sa fiche avec le Canada au championnat mondial junior, l’équipe terminant au quatrième rang du tournoi. Lors de cette saison 1988-1989, il inscrit une autre marque d’équipe chez les Tigres avec une séquence extraordinaire de 40 parties d’affilée avec au moins un point, le plaçant de surcroît à égalité avec Guy Lafleur au septième rang de l’histoire du circuit.

En 1989-1990, il aide les Tigres à remporter le championnat de la saison régulière, le premier et seul de l’histoire du club. Lors de deux années consécutives, en 1989 et 1990, avec des coéquipiers exceptionnels, dont Stéphane Fiset, Yves Racine et Daniel Gauthier, ils mèneront les Tigres à la grande finale de la LHJMQ, s’inclinant à chaque occasion face au Titan de Laval.

En trois saisons, il a récolté un total de 385 points. Tout aussi impressionnant, il a pratiquement maintenu une moyenne d’un but par rencontre, marquant 207 fois en 223 parties. D’ailleurs, son record de franchise de 18 tours du chapeau tient toujours dans le livre des records des Tigres.

Sa carrière professionnelle s’est étirée pendant 15 saisons, dont trois dans les circuits européens; sa performance offensive oscillant tout près d’un point par match lors de plusieurs saisons dans la Ligue américaine et la Ligue internationale.

Choix de première ronde des Capitals en 1988, il n’a eu la chance de disputer que 34 parties dans la Ligue nationale de hockey, inscrivant 12 points, avec Washington et les Nordiques de Québec. L’un de ses exploits, fait rare, demeurera celui d’avoir compté son premier but dans la LNH sur un tir de pénalité.

Son numéro 77 a été immortalisé par les Tigres, le 4 novembre 2011.

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