Milieux de garde : les listes d’attente demeurent sans fin

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Par Cynthia Martel
Milieux de garde : les listes d’attente demeurent sans fin
La Place 0-5 recensait 557 enfants en attente en octobre dernier. (Photo : Deposit)

PETITE ENFANCE. La situation des places en service de garde éducatif à l’enfance (SGEE) sur le territoire de la MRC de Drummond demeure un défi majeur. Les responsables sont confrontés au quotidien à des listes d’attente cumulant des centaines de noms.

Les données du ministère de la famille mettent en lumière la forte demande et la pression exercée sur les services disponibles. Au 31 octobre 2023, l’offre s’élevait à 3578 places dans Drummond pour 3886 demandes (écart de – 308). Cela inclut tous les SGEE reconnus, c’est-à-dire les milieux familiaux, les centres de la petite enfance (CPE, qui correspondent à 42 % de la capacité d’accueil), les garderies subventionnées et non subventionnées. Un an auparavant, cette statistique s’établissait à 3252 offres tandis que les besoins s’élevaient à 3575 places (écart de – 323).

Lorsqu’on s’attarde à la Place 0-5, le guichet unique d’accès aux places en service de garde au Québec, on observe qu’à l’automne dernier, 557 enfants n’avaient pas accès à un de ces milieux essentiels. Cette donnée est toutefois un approximatif.

«Il s’agit d’enfants déjà nés, qui n’occupent pas déjà une place en service de garde reconnu et qui sont âgés de 4 ans et moins, précise Wendy Whittom, coordonnatrice aux affaires publiques et relationniste de presse à la direction des communications au ministère de la Famille. Chaque enfant est comptabilisé une seule fois, peu importe le nombre de SGEE sélectionnés par le parent.»

Et comment se fait-il que de nombreux CPE se trouvent à composer avec des listes d’attente sans fin frôlant souvent les 1000 noms?

«Ce qui arrive, c’est qu’il y a des parents qui inscrivent leur enfant dans un CPE, même s’ils ont une place en milieu familial ou dans un milieu non subventionné», informe Sylvie Tardif, directrice adjointe du bureau coordonnateur Les Petits lutins de Drummondville, lequel est désigné pour surveiller l’application des normes établies au sein des services de garde en milieu familial.

«Le parent peut inscrire son enfant à autant de CPE qu’il le souhaite. Actuellement nous avons 940 noms sur notre liste d’attente de la place 0-5, par contre nous ne pouvons pas dire si ce nombre est réel, car si des parents omettent d’enlever leur nom de la liste d’attente, lorsqu’ils ont une place dans un CPE, cela fausse les données», met en contexte le CPE Les P’tites abeilles, dans un courriel.

À titre de comparaison, le CPE Les Petits lutins doit gérer une liste atteignant 1100 noms pour chacune de ses deux installations. Chez Pirouette et Ribambelle située à Saint-Cyrille-de-Wendover, 154 enfants attendent, puis chez Grand-mère Douceur, la liste n’a pas baissé sous la barre des 850 tout-petits depuis des années.

«Nous sommes une garderie privée pour l’instant, ce qui fait en sorte que les parents ne sélectionnent pas toujours notre établissement. De plus, nous sommes ouverts que depuis deux ans», fait valoir la directrice de Pirouette et Ribambelle Amélie Gamelin.

Ces responsables sont fréquemment témoins de la détresse des parents sans solution, les suppliant d’accueillir leur bambin. Ils doivent décliner quotidiennement à contrecoeur ces demandes.

Jo-Anne Charest, directrice générale du CPE Les Petits lutins, et Sylvie Tardif, directrice adjointe du bureau coordonnateur Les Petits lutins de Drummondville. (Photo Ghyslain Bergeron)

«C’est notre quotidien, affirme Jo-Anne Charest, directrice générale du CPE Les petits lutins. Malheureusement, le réseau ne s’est pas développé pendant plusieurs années, alors que les familles devenaient de plus en plus nombreuses. L’offre n’a pas suivi la demande, ce qui explique ce retard important à rattraper.»

«Pendant la pandémie, plusieurs milieux familiaux ont fermé, ça n’a pas aidé. Toutefois, en 2022, nous avons procédé à 43 reconnaissances puis à 30 en 2023. C’est une bonne nouvelle. Le ministère a mis en place un incitatif financier, ce qui a aidé plusieurs démarrages», expose Mme Tardif, indiquant qu’on compte actuellement 221 responsables offrant 1208 places subventionnées au sein de leur résidence.

En plus, la directrice adjointe du bureau coordonnateur fait savoir que dès 2026, toutes les responsables en milieu familial devront être reconnues, ce qui favorisera sans aucun doute la gestion de la demande, tout comme la refonte complète de la Place 0-5.

«Le développement du nouveau guichet unique permettra au ministère, à terme, d’obtenir davantage de renseignements relatifs aux enfants en attente par installation», souligne la représentante des communications.

Reconnaissant les défis persistants, les intervenants travaillent ensemble activement pour répondre à la demande croissante et améliorer l’accès dans la région.

«Si on pouvait, on accueillerait tous les enfants. Mais on ne peut pas aller plus vite que les autorisations du gouvernement. Mais une chose est certaine, c’est que toutes les directions des CPE, entre autres, sont mobilisées, car après tout, ce qu’on souhaite, c’est le bien-être des enfants. C’est pour cette raison que plusieurs installations, dont la mienne, ont répondu à l’appel du ministère pour la création de nouvelles places.»

D’ailleurs, d’ici 2026, d’après le tableau du gouvernement, 350 nouvelles places sont projetées, soit 250 en CPE et 100 en garderie non subventionnée.

«Il faut maintenant que la création de places se poursuive. Veut veut pas, la ville grandie, donc si on veut que le monde à l’extérieur vienne s’établir ici, il faut des places! Notre souhait le plus cher, c’est qu’un jour, les parents puissent choisir une place de qualité, selon leurs valeurs et besoins, et non par dépit, en dernier recours», soutient Jo-Anne Charest, spécifiant que la nouvelle construction prévue offrira 80 places, dont 20 pour les poupons.

«Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n’investit pas pour que chaque enfant ait une place en service de garde? Les études démontrent qu’un dollar investi en petite enfance rapporte six dollars en avantages sociétaux. Il me semble que ça serait aidant pour les services sociaux», estime en conclusion la directrice générale du CPE Grand-mère Douceur, indiquant que deux des trois installations seront prochainement agrandies pour créer 44 places.

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