L’Îlot de solidarité, du rêve à la réalité

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Par Cynthia Martel
L’Îlot de solidarité, du rêve à la réalité
L'Îlot de solidarité est situé sur la rue Victorin, dans le secteur Saint-Charles. (Photo : Ghyslain Bergeron))

LOGEMENT SOCIAL. C’était un rêve. C’est maintenant une réalité. L’Îlot de solidarité accueille depuis quelques mois une vingtaine de personnes vulnérables ou confrontées à des problèmes de santé mentale, dans un environnement centré sur l’entraide.

L’initiative a pris naissance en 2015, portée par le souhait de Daniel Dorr, fondateur de L’Ensoleilvent, et de plusieurs acteurs du milieu de fournir un logement décent et abordable à ce type de clientèle. Leur objectif était de créer un milieu de vie participatif afin de permettre à ces personnes de demeurer le plus longtemps possible sous le même toit.

«Déjà, ils voyaient que les besoins en matière de logement pour ces gens-là seraient criants dans quelques années. Ils étaient préoccupés par les personnes vieillissantes qui ont acquis une certaine stabilité dans leur vie, mais qui vivent malgré tout sous le seuil de la pauvreté. Il faut comprendre que ce type de clientèle ne veut pas demander de l’aide, car elle refuse d’aller en CHSLD, le seul endroit qu’il leur reste compte tenu de leur faible revenu. Ce projet est justement pour éviter à ces personnes d’aller dans un tel établissement. C’était important donc trouver une solution pour créer des logements permanents plutôt que transitoires», explique Jacinthe Dorr, directrice adjointe de l’organisme Ensoleilvent et chargée de projet.

Huit ans plus tard, l’Îlot de solidarité, sis sur la rue Victorin, dans le secteur Saint-Charles, confirme les préoccupations de l’époque. Les 23 logements (21 de type 3 ½ et 2 de type 4 ½) ont trouvé preneurs immédiatement. La moyenne d’âge des locataires est de 55 ans. Autant d’hommes que de femmes y vivent.

«Le projet cible cette clientèle, mais une jeune famille ou un couple dans la quarantaine, par exemple, peuvent y rester. En fait, les critères d’admissibilité reposent notamment sur le revenu et sur l’urgence de se trouver un logis. On priorise aussi les personnes ayant un profil de santé mentale, mais qui sont en rétablissement ou stables», indique Mme Dorr, précisant que la liste d’attente est relativement courte.

Entraide

Une des particularités de cet immeuble est sa conception en forme de «U». Elle a été pensée afin d’éviter la stigmatisation des résidents tout en favorisant le soutien mutuel entre les locataires.

«Ça permet d’avoir une cour commune, mais aussi ça évite qu’on entende des commentaires désobligeants des voisins. On le voit ailleurs où il y a des HLM, les gens chialent parce qu’il y a un divan laissé sur le balcon, par exemple, ou des vélos qui traînent un peu partout. Ça crée souvent un phénomène désagréable pour le quartier. Aussi, la forme en «U» permet une meilleure solidarité entre les locataires. Les gens ne peuvent pas rester sur eux-mêmes. Quand ils se promènent, ils peuvent se saluer, s’aider. C’était vraiment l’objectif : créer un milieu de vie solidaire pour contrer l’isolement», détaille la directrice adjointe.

On peut dire que cet objectif est rencontré. Lors de la visite de L’Express, une septuagénaire est arrivée les mains remplies de sacs d’épicerie. Il n’a fallu que quelques secondes pour qu’un de ses voisins vienne lui donner un coup de main en courant.

Par ailleurs, notons que l’immeuble est à un jet de pierre de plusieurs services, tels qu’une épicerie, une pharmacie, des restaurants et le transport en commun.

Les unités de logement sont complets avec une cuisine, un salon, une salle de lavage, une chambre (ou deux pour les 4 ½) et une salle de bain. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Les logements sont adaptés pour les personnes à mobilité réduite. Le bâtiment de deux étages est également muni d’ascenseurs, d’une buanderie, d’un stationnement intérieur pour triporteurs de même qu’une salle commune équipée d’une cuisine complète.

«Une équipe de proximité, composée entre autres d’intervenants sociaux et d’infirmières, est disponible au gré des besoins des résidents. Mais on n’est pas comme un CHSLD ou une résidence pour personnes âgées, c’est-à-dire que ces professionnels ne sont pas là en permanence. On est davantage là en vigile pour permettre un filet de sécurité et amener ces gens à cheminer. Sinon, notre rôle est d’organiser des activités et régler des chicanes de cour», explique celle qui travaille à L’Ensoleilvent depuis 17 ans.

Quelques mois après l’ouverture de l’Îlot de solidarité, Mme Dorr est à même de confirmer la nécessité de ce type d’habitation.

«Ce qui est incroyable, c’est que je croise des personnes qu’on a aidées pendant dix ans de façon ponctuelle ou un peu plus en continu – je les ai vues cheminer dans différentes sphères – puis aujourd’hui, elles me disent à quel point elles sont tellement fières de vivre ici, dans un logement qui n’est pas insalubre, qui convient à leurs besoins et correspond à leur revenu. Il y a une belle reconnaissance.»

Inauguration officielle
Jacinthe Dorr est la directrice adjointe de L’Ensoleilvent et la chargée de projet de l’Îlot de solidarité. (Photo : Ghyslain Bergeron)

L’Îlot de solidarité, qui représente des investissements totalisant près de 8 M$, a été officiellement inauguré le 18 décembre.

Sur le budget global, Québec a versé près de 3,4 M$. Le gouvernement du Canada a offert la même somme tandis que la Société d’habitation du Québec (SHQ) garantit le prêt hypothécaire contracté par l’organisme. Enfin, la Ville de Drummondville y a contribué avec une aide financière de plus de 1,1 M$, dont près de 400 000 $ proviennent du gouvernement du Québec en vertu des ententes tripartites que la Ville a signées avec la SHQ et le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Cela permet à tous les locataires de l’immeuble de ne débourser que 25 % de leur revenu pour se loger.

«Les personnes qui sont confrontées à des problèmes de santé mentale pour eux-mêmes ou par l’intermédiaire d’un proche ont besoin de soutien. Et parfois, ce soutien passe par un milieu de vie aidant et propice à la guérison. En bénéficiant d’un endroit abordable pour se loger et d’un accompagnement adéquat, ces personnes pourront à nouveau réaliser leur plein potentiel et contribuer au dynamisme de leur communauté», a soutenu France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l’Habitation.

«Avec ces 23 logements, nous adressons deux enjeux très importants : offrir un toit à toutes et à tous, et réunir des conditions de logement décentes et abordables pour les personnes vivant une problématique de santé mentale. C’est donc un sentiment de très grande satisfaction de participer à l’inauguration de l’Îlot de solidarité. Ce projet est un succès, et je tiens à souligner sa parfaite intégration dans le secteur résidentiel de Saint-Charles. Un bel exemple d’accueil et de mixité où toutes et tous sont gagnants», a exprimé Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville.

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