L’univers de Michel Tremblay transposé sur la scène opératique

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
L’univers de Michel Tremblay transposé sur la scène opératique
Rangée du haut, de gauche à droite: Chantal Lambert, Chantal Dionne, Monique Pagé, Catherine Major, Florence Bourget, Marianne Lambert. Rangée du bas : Catherine St-Arnaud, Michel Tremblay, Nathalie Deschamps. (Photo : Véronique Duplain)

MUSIQUE. Il y a eu Starmania, Notre-Dame de Paris et plusieurs autres. Ces opéras rock ont connu beaucoup de succès un peu partout. Le 2 novembre, la Maison des arts de Drummondville résonnera au son du tout premier opéra en joual. Pas d’opéra rock ici, mais bien des chanteuses lyriques.

Albertine en cinq temps – L’opéra est inspiré de la célèbre pièce de Michel Tremblay. Une tournée québécoise vise à rendre l’art lyrique plus accessible au plus grand nombre.

L’histoire met en scène une femme de 70 ans qui, dans sa chambre d’un CHSLD, se rappelle des souvenirs à différentes étapes de sa vie. Déjà à 30 ans et prise dans un moule, Albertine voit son incapacité à se réaliser pleinement, mais aussi la lourdeur des responsabilités et du deuil qui l’accable; elle comprend que l’immensité du ciel n’arrivera jamais à contenir toute sa rage. Toujours actuelle, la pièce se veut une ode au courage des femmes.

Le livret de cette œuvre est signé par le Collectif de la Lune rouge, à partir de la pièce de Michel Tremblay. La mise en scène est de Nathalie Deschamps et la musique a été composée par Catherine Major.

Créer des frissons

Catherine Major. (Photo : John Londono)

Pour cette dernière, ce projet tombait du ciel. «C’est le genre de projet que je n’avais jamais fait, mais que je rêvais en secret d’entreprendre. La composition musicale, c’est quelque chose qui m’anime beaucoup», a-t-elle assuré. L’autrice-compositrice-interprète connue sur la scène pop était ravie de se replonger dans une écriture plus classique, ayant réalisé ses études en musique classique. «Je me suis lancée dans une écriture beaucoup plus éclatée que ce que je peux faire pour moi. En créant un opéra, j’avais une certaine liberté aux niveaux harmonique et mélodique qui était encore plus large que mon terrain de jeu habituel». Accoutumée à la chanson pop, où il faut rester concis pour avoir un format couplets-refrain de 3 ou 4 minutes, Catherine Major s’est délectée de cette liberté, tout en gardant un côté accessible, plus populaire. Tout comme l’univers de Michel Tremblay.

Si certains airs ont une forme plus similaire à la chanson, d’autres sont un peu moins structurés. «Le plus important dans cette aventure-là, c’était de servir l’émotion, qui est si forte dans le sujet et qui est tellement palpable dans ce sujet de vieillir. On voit Albertine à tous les âges. Toute la rage, la colère, la tristesse, la dépendance… C’est un thème qui est dur quand même, malgré les pointes d’humour dans le spectacle. C’est profond et intense en soi. Le but c’est de créer des frissons avec des mélodies. C’était ça, mon mot d’ordre», a-t-elle exprimé.

L’œuvre s’est écrite en collaboration constante entre les auteurs, la compositrice et les chanteuses. Par exemple, Catherine Major pouvait suggérer des modifications au texte pour que le tout soit harmonieux, ou encore, une chanteuse pouvait proposer un changement afin qu’une note brille mieux dans sa voix.  Ce travail de collaboration a permis d’arriver au meilleur résultat possible. «C’est si rare de pouvoir faire ça. Les chanteuses ont l’habitude de chanter des œuvres qui sont écrites depuis des siècles. Là, c’est composé pour elles, spécifiquement pour chacune», ajoute la compositrice.

Créer un opéra basé sur un texte livré en joual était un défi très plaisant. «Le joual, c’est une langue qui chante d’emblée», explique Catherine Major. Il est aussi appelé la langue de Tremblay. C’était d’ailleurs une condition de Michel Tremblay : il fallait que l’opéra soit fait en joual.

 

À lire également: Chanter de l’opéra dans la langue de Tremblay

 

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