Trois écoles primaires victimes de vandalisme récurrent

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Par Lise Tremblay
Trois écoles primaires victimes de vandalisme récurrent
Nathalie Mélançon, directrice de l’école aux Quatre-Vents, Marylène Janelle, directrice de l’école du Sentier, et Patricia Eustache, directrice de l’école À l’Orée-des-Bois. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. Graffitis, feux, poubelles renversées, arbres cassés. Chaque matin, même constat. Même désolation surtout. Trois directrices d’écoles primaires de Drummondville réclament plus de respect et une modification de la règlementation municipale pour éviter que leur cour d’école ne devienne des lieux de rassemblement douteux et… inspirés de TikTok.

La directrice de l’école Aux Quatre-Vents, Nathalie Mélançon, a été la première à soulever la problématique. Au cours des derniers mois, elle a dû investir plusieurs dizaines de milliers de dollars pour ajouter des lumières et des caméras de surveillance à sa cour d’école. Le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) a même dû refaire la configuration des moulures de fenêtres pour éviter que des malfaiteurs ne s’y agrippent pour monter sur la toiture.

C’est que chaque soir, la cour de cette école primaire devient le repère de jeunes adultes insouciants. Ils arrivent à pied, à vélo ou en automobile et s’y installent durant quelques heures.

«Je travaille actuellement avec des partenaires pour avoir une belle cour d’école. J’ai fait des demandes au ministère. Par contre, il y a des jeunes qui font des fêtes le soir. Ils prennent de l’alcool et ils montent sur le toit par les côtés, indique-t-elle. Le CSSDC a fait un travail pour enlever les grip, mais ce sont des grimpeurs. Ils sont wises; ils portent des cagoules pour qu’on ne puisse pas les reconnaître sur les caméras. Ils ont déjà monté une bicyclette sur le toit. Un soir, ils ont même fait un petit feu avec des baguettes. Ils apprennent cela sur TikTok

Un arbre brisé à l’école à L’Orée-des-Bois. (Photo : Ghyslain Bergeron)

En 2021, un montant de 45 000 $ a été investi pour aménager une classe extérieure, mais les vandales ont essayé de la brûler. «Ils ont aussi fait des graffitis de pénis dessus alors que nous accueillons des tout-petits ici», déplore Mme Mélançon.

Se disant découragée qu’il «s’agisse d’un jeu pour ces jeunes», cette directrice d’école interpelle souvent la Sûreté du Québec et le CCSDC, soutenant ne plus savoir «comment sécuriser l’école le soir.»

«On dirait qu’ils ne pensent qu’à détruire les soirs et les fins de semaine. C’est désolant. Tout cela a un coût aussi. Un matin, il y avait des graffitis sur les fenêtres en hauteur. Nous avons dû recourir à une nacelle pour les effacer», dit-elle.

À son avis, il faudrait que la Ville de Drummondville modifie son règlement municipal, car actuellement, il est permis de se retrouver dans un parc ou dans une cour d’école et d’y rester jusqu’à 23 h.

«Il faudrait absolument baisser ça à 21 h. Les policiers pourraient mieux intervenir. Ça donnerait des outils à tout le monde», soulève-t-elle.

Sa consoeur Patricia Eustache, directrice de l’école à L’Orée-des-Bois, partage son avis.

«Je crois que c’est nécessaire. Ça nous donnerait un levier, mais je ne sais pas si ce sera suffisant. Ça prendrait peut-être des travailleurs de rue. La responsabilité doit être partagée. L’école peut faire quelque chose, mais je crois que les parents et la société aussi», souligne-t-elle.

En mai dernier, elle a craint le pire alors qu’un feu a été allumé dans les conteneurs à déchets.

«Le feu a monté aussi haut que l’école. Je pensais que ça y était. On n’a malheureusement jamais été capable d’identifier les personnes à la source de cet événement-là. Il y a toujours quelque chose. On appelle la Sûreté du Québec régulièrement. On a récemment réaménagé notre cour et 36 heures après, il a fallu faire réparer un banc car il a été brisé. Les toiles de nos jeux gaga ball ont été incendiées. De beaux arbres et des paniers de basket ont été cassés. On a souvent des moustiquaires brisées, comme s’ils voulaient entrer dans l’école. Il y a deux semaines, on a trouvé un carrosse pour bébé incendié. Il y avait un bidon d’essence dedans», communique Mme Eustache.

Cette photo a été prise le 23 mai dernier. Un feu avait été allumé par des vandales derrière l’école à l’Orée-des-Bois. (Photo Stéphane Bélanger)

Cette dernière ne cache pas que la situation vient freiner cet élan de vouloir investir et offrir une cour d’école impeccable aux enfants. «On essaie de minimiser les impacts, mais en fin de compte, ce sont les élèves qui sont pénalisés.»

Du côté de l’école du Sentier située dans le secteur Saint-Charles-de-Drummond, la directrice Marylène Janelle fait observer que son établissement est situé près d’un boisé. Si cela est apprécié des tout-petits, c’est également le cas des vandales, qui s’y regroupent à l’abri des regards.

«On a investi beaucoup de sous au cours des dernières années pour offrir une belle cour d’école, mais des gens ont cassé des fenêtres et ils ont essayé de mettre le feu à nos tables de pique-nique. On a aussi une petite maisonnette pour les petits, mais ils ont mis le feu aux poteaux. C’est vraiment dommage, car on reçoit des dons de la communauté», exprime Mme Janelle, en ajoutant que les graffitis sont choses courantes.

«Ils viennent en groupe parfois en scooter ou en voiture. Des fois, il y a des bagarres. On voudrait bien que les gens de la communauté profitent de la cour d’école et s’y amusent le soir. C’est fait pour ça, mais actuellement, ce n’est pas évident», ajoute-t-elle. Comme ses consœurs, elle demande aussi à la Ville de Drummondville de réviser sa règlementation.

L’école aux Quatre-Vents a récemment ajouté des caméras de surveillance et des lumières à sa cour d’école. (Photo Ghyslain Bergeron)

«De permettre aux gens d’accéder aux cours d’école jusqu’à 21 h au lieu de 23 h donnerait plus d’emprise aux policiers», plaide-t-elle.

Mme Janelle informe par ailleurs qu’elle vient d’acquérir une autre caméra de surveillance, et ce, afin de sécuriser la nouvelle surface de gazon synthétique qui vient d’être installée. Elle se croise les doigts pour la suite des choses.

Selon Normand Page, porte-parole du CSSDC, l’ensemble des méfaits commis au sein de ces trois écoles primaires ont engendré des coûts de l’ordre de 50 000 $ depuis un an. Cela exclut le temps de conciergerie et évidemment les coûts liés à l’achat de caméras de surveillance puis de systèmes d’éclairage supplémentaires.

 

Trois écoles récentes

  • 2009 : inauguration de l’école du Sentier (rue Victorin)
  • 2012 : inauguration de l’école aux Quatre-Vents (rue Saint-Laurent)
  • 2013 : inauguration de l’école à l’Orée-des-Bois (rue Georges)

 

 

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