Menace de grève des professionnels de l’éducation

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Par Cynthia Martel
Menace de grève des professionnels de l’éducation
Une des plus récentes manifestations des membres du SPPECCQ. (Photo : Gracieuseté)

NÉGOCIATION. Alors que les discussions aux tables de négociation stagnent depuis plusieurs mois, les professionnels de l’éducation sont prêts à se battre pour défendre les services aux élèves et obtenir de meilleures conditions. Pour ce faire, ils ont choisi de se munir d’un mandat de grève.

Lundi soir, en assemblée générale, les membres du Syndicat du personnel professionnel de l’éducation du Coeur et du Centre-du-Québec (SPPECCQ-CSQ) se sont prononcés à hauteur de 90 % en faveur d’un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève illimitée.

Ceux-ci font face à un problème grandissant de rétention et d’attraction de personnel qui se répercute sur les services aux élèves. La Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ) CSQ estime que ce sont plus de 600 postes en services directs, pédagogiques et administratifs qui demeurent à combler à l’heure actuelle partout en province. Par exemple, dans la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec, une dizaine de postes de psychologues sont vacants; certains depuis trois ans.

«Ça entraîne évidemment des trous de service, a noté Alexandra Vallières, présidente du SPPECCQ-CSQ, en conférence de presse jeudi. Il s’agit d’une situation catastrophique dans la région. Mais ce n’est pas la seule problématique : les listes d’attente pour les différents services peuvent atteindre jusqu’à un an et demi, des écoles sont dépourvues de certains professionnels et les suivis sont de plus en plus courts pour être capable de voir plus d’enfants.»

Celle-ci a aussi soulevé la difficulté du personnel à faire de la prévention.

«Ils ont toujours l’impression d’éteindre des feux, de répondre dans l’urgence et ne pas pouvoir agir pour prévenir les difficultés. Plutôt que de pouvoir venir en aide aux élèves de façon préventive, ils doivent attendre que l’écart se creuse, que les élèves vivent des échecs avant de pouvoir les prioriser.»

Le syndicat et la fédération somment le gouvernement d’améliorer les conditions de travail, de trouver des solutions rapidement pour éviter l’exode des travailleurs, mais également pour favoriser l’attraction de main-d’œuvre.

«La difficulté des centres de services scolaires à attirer et à retenir des professionnels s’explique principalement par les conditions de travail qui sont peu attrayantes en éducation. La pénurie risque de s’empirer si le Conseil du trésor ne se décide pas à agir dans la négociation en cours», a dénoncé Alexandra Vallières.

Dans une enquête menée conjointement par la fédération et le syndicat auprès de leurs membres respectifs, on y révèle que près de 34 % des personnes qui ont répondu au sondage songent à quitter leur emploi pour une autre raison que la retraite. Parmi elles, 44 % sont à la recherche d’un meilleur salaire et 53 % d’une charge de travail moins lourde.

Les deux tiers (62 %) du personnel professionnel de la région déclarent être en surcharge de travail, principalement en raison d’un trop grand nombre de mandats à accomplir.

«Depuis le début de l’année, nous avons un nombre record de demandes de congé sans solde. Les gens quittent pour aller essayer un emploi ailleurs – parfois même à statut plus précaire – car ils sont à bout de souffle. Nous n’avons jamais vu ça», s’est désolée la présidente du syndicat.

Il y a des solutions

Les professionnels de l’éducation ne baissent pas les bras et fondent beaucoup d’espoir dans la négociation en cours pour le renouvellement de leur convention collective.

Près de 70 % d’entre eux pensent qu’instaurer des seuils obligatoires de services professionnels diversifiés et complets dans chaque école et centre permettrait au personnel de travailler davantage en prévention et d’arriver à répondre aux besoins des élèves.

Une proportion semblable estime que le fait de rehausser les salaires, d’améliorer les conditions de travail et la flexibilité des horaires et de consentir à davantage de congés pour faciliter la conciliation travail-famille-vie personnelle permettrait d’attirer et de retenir davantage de personnel auprès des élèves.

«Actuellement, les discussions aux tables de négociation stagnent. Le gouvernement ne propose rien de concret pour améliorer la situation actuelle qui ne cesse de se détériorer. Nous espérons qu’il profitera de la rentrée scolaire pour nous envoyer le message que les besoins des élèves du Québec font partie de ses priorités», a conclu le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry.

Le Syndicat du personnel professionnel de l’éducation du Coeur et du Centre-du-Québec représente près de 1000 professionnels des centres de services scolaires des Chênes, du Chemin-du-Roy, de la Riveraine, de l’Énergie et des Bois-Francs. Il peut s’agir d’ingénieurs, de conseillers pédagogiques, de bibliothécaires, de psychoéducateurs, d’orthophonistes et de conseillers d’orientation, entre autres.

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