L’économiste Pierre Cléroux s’attend à une croissance zéro pour 2024

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
L’économiste Pierre Cléroux s’attend à une croissance zéro pour 2024
Pierre Cléroux, économiste en chef et vice-président recherche à la BDC, a présenté ses prévisions économiques pour la prochaine année. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DRUMMONDVILLE. L’économiste en chef et vice-président recherche à la Banque de développement du Canada (BDC), Pierre Cléroux, s’attend à ce que l’économie canadienne ralentisse et retourne lentement vers l’équilibre au cours de la prochaine année.

C’est ce qu’il a communiqué mercredi midi devant un parterre de gens d’affaires qui étaient réunis pour l’occasion au Centrexpo Cogeco. À l’invitation de la Société de développement économique de Drummondville (SDED), M. Cléroux a affirmé qu’il ne s’attend pas à une récession pour les prochains mois, mais à une croissance zéro tant pour le Canada que le Québec.

«L’élément déterminant pour la prochaine année sera les taux d’intérêt. Actuellement, ils sont à 5 %. On pense que les taux sont suffisamment élevés pour ramener l’inflation à 2 %. Je ne crois pas que la Banque du Canada continue de les augmenter. Je pense qu’on a atteint le sommet», a-t-il fait savoir.

Il se base sur deux éléments pour émettre sa prédiction : le ralentissement de l’économie et le fait qu’on a fait «un grand bout de chemin» pour ramener l’inflation à 2 %.

Près de 250 personnes se sont regroupés pour entendre les prévisions économiques de M. Cléroux. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Il faut réaliser que l’impact de l’augmentation des taux d’intérêt n’a pas encore été totalement vécu. Le tiers des Canadiens et des Québécois ont des hypothèques à taux variables, mais les deux tiers ont des taux fixes et ces gens-là subiront tôt ou tard les contrecoups. Ça va prendre environ 18 mois pour voir l’impact totalement», a-t-il expliqué.

Considérant ce fait, Pierre Cléroux s’attend donc à ce que la population consomme moins de biens, ce qui va ralentir l’économie, le souhait de la Banque du Canada.

Pour les entreprises, l’économiste en chef s’attend à une baisse des exportations.

«Notre prévision pour la prochaine année est une croissance beaucoup plus faible que celle qu’on a connue au cours des deux dernières années. On s’attend aussi à ce que les taux d’intérêt commencent à baisser vers le printemps 2024», a révélé l’expert.

Au chapitre des «bonnes nouvelles», M. Cléroux a indiqué que les entrepreneurs continueront de générer des profits.

«De façon globale, au Canada, les entreprises sont dans une bonne situation financière et sont toujours profitables, bien que la hausse des taux d’intérêt leur a fait mal», a-t-il concédé.

Il estime par ailleurs que l’immigration devra les soulager puisqu’ils sont aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre qui entraîne nécessairement un ralentissement des opérations.

«Le Canada devrait accueillir un million de nouveaux Canadiens en 2024. Ç’a aura un impact positif et ça viendra soutenir l’économie», a-t-il ajouté.

Précisément pour le Québec, M. Cléroux s’attend à un ralentissement dans certains secteurs bien ciblés.

«Des secteurs, comme la construction résidentielle, la foresterie (bois d’oeuvre) et le commerce de détail, seront sensibles au taux d’intérêt et ralentiront, mais je ne crois pas qu’il y aura récession, et ce, parce que d’autres secteurs connaîtront une hausse. Dans l’ensemble, ça donnera une croissance zéro», envisage-t-il.

Soulignons qu’à l’échelle du pays, le Québec présente le plus bas taux de chômage. Le fait que les gens travaillent en grand nombre contribuera à ce qu’ils évitent de vivre de sombres mois, économiquement parlant.

Quelques citations de Pierre Cléroux

  • «La stratégie de la Banque du Canada fonctionne : l’inflation se rapproche de l’objectif de 2 %».
  • «La lutte contre l’inflation n’est pas encore terminée : cela ne signifie pas nécessairement que la Banque augmentera ses taux, mais plutôt qu’elle les maintiendra à leur niveau actuel plus longtemps».
  • «Les conditions financières se resserreront naturellement. Néanmoins, les ménages et les entreprises sont en bonne santé financière, ce qui permettra à l’économie canadienne d’atterrir en douceur».

Les défis qui persistent :

  • Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 6,8 %
  • Les prix du logement ont augmenté de 6 %
  • Les coûts des intérêts hypothécaires ont augmenté de 30,9 %

 

Simple et toujours gratuit

Meta (Facebook et Instagram) bloque désormais vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18.

Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel.

Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA

Androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr

 

Partager cet article