Fraudé de 180 000 $ par la mère de ses enfants

Photo de Lise Tremblay
Par Lise Tremblay
Fraudé de 180 000 $ par la mère de ses enfants
Sylvain Plante, propriétaire de l’entreprise Axin. (Photo : Ghyslain Bergeron)

JUSTICE. Quand il a découvert qu’il était victime d’une fraude, Sylvain Plante a vieilli d’un coup sec. S’il avait confiance en celle qui avait la tâche de veiller à l’administration de son entreprise, jamais il n’aurait pu imaginer que cette femme, qui est aussi la mère de ses enfants, puisse poser un tel geste.

«Je travaillais 80 heures par semaine. À la fin de chaque mois, je me disais que les chiffres allaient être bons. Chaque fois, j’étais déçu. Il ne restait rien. Je me sentais poche. Je me disais que je n’étais pas un bon entrepreneur. À quelque part, je pense que c’est ça qui est le pire. J’ai douté de moi durant de nombreuses années pour rien», laisse tomber M. Plante, propriétaire d’Axin, une petite entreprise spécialisée dans l’impression et la sérigraphie.

La fraude a été réalisée par Isabelle Lamontagne, 47 ans. La Drummondvilloise connaîtra sa sentence le 28 septembre prochain, au palais de justice. Représentée par l’avocate Catherine Levasseur, elle a plaidé coupable le 14 juin dernier aux deux chefs d’accusation portées contre elle, soit de fraude et de vol de plus 5000 $. Selon le Code criminel canadien, elle est passible d’une peine d’emprisonnement de 10 ans.

Madame avait développé une méthode bien à elle pour soutirer de l’argent. Elle créait de toutes pièces de fausses factures avec le nom de fournisseurs connus de l’entreprise. Elle les payait par chèques, mais ceux-ci étaient déposés directement dans son compte bancaire. Dans le système de l’entreprise, tout balançait. Total de la fraude connue : 178 000 $.

«Elle n’avait pas de diplôme en comptabilité. Elle a appris sur le tas. Faut croire qu’elle a bien appris et rapidement…», lance M. Plante, non sans ironie.

Durant cette période, estimant que son entreprise ne générait pas suffisamment d’argent, M. Plante a redoublé d’efforts et a choisi d’ajouter des services à sa compagnie. Il pensait qu’en diversifiant ses activités, les profits allaient être au rendez-vous. Plus il travaillait, plus il faisait de l’argent. Et plus Mme Lamontagne signait des chèques.

«J’étais toujours sur le plancher. Je ne pouvais pas me douter qu’en arrière, il se passait ça. C’était la mère de mes enfants», plaide-t-il.

Éprouvant des problèmes, le couple s’est séparé durant cette période, mais Mme Lamontagne a conservé son emploi au sein de l’entreprise. L’amour n’était plus au rendez-vous, mais la confiance demeurait.

«C’est ma nouvelle blonde qui a découvert, à la fin de 2020, qu’il y avait un problème. La comptabilité, c’est son métier. Quand j’ai su ça, j’étais en colère. Ça m’a fait vieillir. On a appelé la Sûreté du Québec. On a dû faire un travail de moine, car on a reculé jusqu’en 2017. On estime la fraude à 178 000 $, mais ça peut être plus. J’ai reçu une subvention de 60 000 $ durant la pandémie. Elle s’est fait des factures pour un total de 40 000 $ par après. Va bien falloir que je finisse par rembourser cet argent», communique Sylvain Plante, en prenant soin de préciser que madame recevait aussi un salaire.

Multiples impacts

Évidemment, cette situation a eu un impact important sur son entreprise de la rue Saint-Roch.

«J’estime les pertes à 300 000 $, lance-t-il. L’an dernier, j’ai vendu ma division Redfoxtess à l’entreprise Buropro Citation de Drummondville. J’ai dû la vendre à un coût moindre de sa valeur, car dans le livre comptable, elle ne faisait pas de profits à cause de la fraude. Ç’a baissé sa valeur. Si j’avais pu garder tous mes profits, j’aurais peut-être une plus belle bâtisse aujourd’hui et sûrement plus d’employés.»

L’homme de 49 ans a aussi frappé le mur du burn-out.

«Il y a ben des gens qui seraient à terre s’ils avaient été à ma place», ajoute-t-il.

Le processus judiciaire s’étant amorcé il y a plus de deux ans, M. Plante communique qu’il est «passé à autre chose».

«Je suis rendu ailleurs. Je suis tanné de traîner ce gros boulet et d’en souffrir. Je m’attends de toute façon à une sentence bonbon. Il y a une partie de moi qui a hâte de savoir si elle ira en prison. Mais d’un autre côté, si elle y va, ce ne sera pas facile. J’imagine que je devrai amener mes enfants à la prison pour qu’ils puissent voir leur mère. Disons que ce n’est pas évident», termine-t-il.

 

Simple et toujours gratuit

Meta (Facebook et Instagram) bloque désormais vos nouvelles de L’Express en réponse à la loi C-18.

Pour rester connecté à la source, L’Express vous invite à télécharger son application. Vous pourrez ainsi continuer de lire vos nouvelles gratuitement, et ce, en temps réel. N’oubliez pas d’activer les notifications!

Apple : https://apps.apple.com/ca/app/lexpress-de-drummondville/id1575799821?l=fr-CA

Androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=ca.journalexpress.app&hl=fr

Partager cet article