Logements : une situation qui se dégradera encore

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Par Louis-Philippe Samson
Logements : une situation qui se dégradera encore
Selon le FRAPRU et la CORPIQ, le gouvernement doit offrir plus de programmes afin de soutenir la construction de logements sociaux. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

LOGEMENTS. La pénurie persistante de logements pourrait s’aggraver. La solution à la précarité financière des ménages et à la hausse des loyers ne passera pas que par la construction d’immeubles.

Dans un contexte d’inflation et de pénurie de logements, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) observe que plus de locataires s’efforcent de payer leur logement dans les temps, et ce, parfois au détriment d’autres dépenses comme la nourriture.

«De plus en plus, les locataires disent qu’ils doivent prioriser le paiement de leur loyer sinon ils se feront évincer. Puis, ils savent qu’ils auront beaucoup de difficulté à retrouver un logement. On sent une plus grande sensibilité des locataires à régler leur loyer parce qu’ils savent que les conséquences peuvent être graves», a expliqué Marc-André Plante, directeur des affaires publiques à la CORPIQ.

Il signale que les propriétaires sont eux aussi aux prises avec des difficultés causées par l’augmentation des taux d’intérêt de leur hypothèque. Cela les oblige à être plus stricts n’ayant plus le même coussin pour absorber un les conséquences des mauvais payeurs.

Marc-André Plante, directeur des affaires publiques à la CORPIQ. (Photo : CORPIQ)

Par ailleurs, la CORPIQ a relevé comme conséquence du contexte actuel que les investisseurs sont moins enclins à construire de nouveaux logements depuis un an en raison des coûts et des risques élevés.

«La faible marge de manœuvre des propriétaires fait aussi en sorte qu’il n’y a pas de rénovations qui se font dans le parc locatif. On se contente du strict minimum. Le parc locatif est vieillissant, mais les coûts de gestion et de location continueront d’augmenter tandis que la qualité tendra à se détériorer», a exposé M. Plante.

La corporation demande ainsi au gouvernement de mettre en place une stratégie de remise en état du parc locatif à l’aide d’investissements, ce qui relancera les travaux qui ne sont pas faits actuellement. L’organisation milite aussi pour une plus grande accessibilité aux logements abordables et sociaux à l’aide de programmes gouvernementaux ainsi que l’aide aux locataires en situation particulière et vulnérable.

La CORPIQ souligne que le coût de construction d’un appartement de type quatre et demi est passé de 280 000 $ à 400 000 $ depuis trois ans. «Aujourd’hui, personne ne peut construire un logement neuf et le louer sous les 1 500 $ par mois sans subventions. C’est impossible mathématiquement», a fait valoir le directeur des affaires publiques.

Finalement, la CORPIQ s’inquiète du fait que le nombre de mises en chantier de logements, après les six premiers mois de l’année, a diminué de 50 % entre 2022 et 2023. Les besoins auraient plutôt nécessité que leur nombre double. «Il y a un écart qui est en train de se creuser. Si 2023 est vraiment difficile, 2024 sera catastrophique et 2025 sera la pire année si rien n’est fait aujourd’hui. Les projets qui seront construits en 2025 sont ceux qui sont planifiés en 2023 et, à l’heure actuelle, il ne se planifie rien», a évoqué Marc-André Plante.

Détérioration rapide

Du côté du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la pénurie entraîne directement une détérioration rapide de la situation pour les ménages à plus faibles revenus. Les nouveaux logements contribuant aussi à l’inflation, on croit que la solution ne passera pas seulement par l’offre.

Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

«L’une des conséquences de cette pénurie de logements est l’augmentation extrêmement rapide des prix des loyers. En l’espace d’un an, l’augmentation du loyer moyen a été environ de 10 % à Drummondville. Ça démontre que la solution ne passe pas seulement par l’offre. Les logements neufs privés contribuent à la logique inflationniste, ce qui rend les projets sociaux nécessaires. S’il ne se construit que des logements privés trop chers, les loyers continueront à augmenter de façon fulgurante», a exposé Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

Dans le contexte actuel, Mme Laflamme déplore que les options pour les gens à faibles revenus se font de plus en plus minces. Ainsi, ils doivent restreindre le budget alloué à d’autres besoins essentiels.

«Lorsque les loyers augmentent de 10 %, les ménages moins nantis et les personnes retraitées ne voient pas leur revenu être majoré de la même façon. Quand ces gens ont besoin d’un logement social, s’il n’y en a pas de disponibles, ils n’ont pas le choix de réduire les dépenses pour d’autres besoins essentiels. S’il n’y a pas d’alternatives aux logements privés trop chers, ça crée une situation de plus en plus insoutenable pour les locataires», a expliqué Mme Laflamme

Le FRAPRU maintient qu’il faut s’attaquer à la rareté des logements en accroissant la portion à but non lucratif disponible pour répondre aux besoins actuels. «On voit l’itinérance cachée augmenter avec des gens qui habitent pendant des semaines chez des proches parce qu’ils n’arrivent pas à trouver un appartement», a ajouté la porte-parole.

Pour l’organisme, la création d’un registre des loyers provincial peut représenter une piste de solution afin de mieux contrôler les hausses abusives lorsqu’il y a un changement de locataire. L’abolition de la clause F, qui ne soumet pas les immeubles récemment construits à un contrôle des loyers, est aussi défendue par le FRAPRU.

 

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