INSALUBRITÉ. À la suite de la publication de l’article Insalubrité morbide : un Drummondvillois est à bout de ressources, les voisins de la dame qui souffre d’un trouble d’accumulation compulsive lancent à leur tour un cri du cœur. Plongés dans un état d’inquiétude constant, ils demandent à la Ville de mettre en place des actions concrètes pour assurer la santé, la sécurité et le bien-être des résidents, dans un tel contexte.
L’Express a déjà rencontré ce couple en février 2019. Il a fait l’achat d’une maison en rangée en 1992. Ce n’est qu’en 2013 que ces Drummondvillois ont remarqué que leur voisine vivait dans un environnement nocif : sa maison est en désordre extrême. Ils ont dénoncé la situation, se disant grandement affectés par la situation.
Ce couple a notamment constaté à l’été 2018 une invasion de mouches vertes et une odeur désagréable dans sa propre demeure. «Le mur mitoyen n’est pas étanche. Ce n’est pas un mur de bloc comme les nouvelles constructions. De la façon dont il est construit, les mauvaises odeurs, la moisissure et les mouches peuvent passer à travers.» Ce dernier, à l’aide de ruban et de pellicules de plastique, a tenté de boucher tous les trous d’aération.
À l’époque, les Drummondvillois étaient préoccupés pour leur santé physique, tout comme pour l’état de leur maison. Près de cinq ans plus tard, les inquiétudes persistent.
Les propriétaires, qui ont tenu à nouveau à conserver l’anonymat lors d’une rencontre jeudi matin, ont mené plusieurs démarches afin de venir en aide à leur voisine. Rien n’a abouti. «On s’est rendu jusqu’à la Santé publique. Elle ne peut rien faire, soulignent-ils. Elle a des pouvoirs de recommandation. Elle n’a pas de pouvoir d’intervention directe. Elle doit passer par d’autres autorités comme le gouvernement du Québec, les municipalités et les villes.»
D’après eux, le règlement relatif à la salubrité, l’occupation, l’entretien des bâtiments et les nuisances que la Ville de Drummondville a instauré en 2019 n’est pas suffisant. «Ce ne sont pas des amendes qui vont régler le problème. Cette personne a besoin d’aide. Elle a besoin de soutien. Elle a besoin de quelqu’un qui s’occupe de sa santé, sa sécurité et de son bien-être personnel», plaide l’homme.
«La Ville doit se doter d’un règlement qui lui donne un pouvoir d’intervention. Ce n’est pas nécessairement de retirer ces personnes de leur milieu, mais de les aider», ajoute-t-il, en précisant que le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec devrait aussi faire partie de la solution.
Les propriétaires ont interpellé le conseiller municipal de l’époque, sans obtenir de résultats concluants.
En attendant une véritable solution, ils ont décidé de donner un coup de main à leur voisine avec les moyens dont ils disposent.
Selon l’Institut national de santé publique du Québec, les cas d’insalubrité résidentielle majeure concernent le plus souvent des individus atteints de ce qui est communément appelé le syndrome de Diogène. Ces personnes manifestent un besoin maladif d’accumuler et de mettre en réserve des objets ou des déchets.
Une situation «connue»
Questionnée sur cette situation touchant son district, la conseillère municipale Sarah Saint-Cyr Lanoie, se dit bien au fait du dossier. «J’ai rencontré le fils en question et j’ai pris le temps de lui parler pendant plus d’une heure», mentionne-t-elle.
«J’ai transféré les informations à la Ville. En tant que conseillère municipale, je n’ai pas tant de leviers. On a fait parvenir notre règlement sur les nuisances. La Ville a vraiment été proactive. Aussitôt que je les ai contactés, ils devaient faire des inspections et ils l’ont ajouté à leur liste. Très rapidement, ils se sont déplacés pour visiter la maison et faire des constats. (…) En ce moment, l’état d’insalubrité est modéré par rapport à la situation de 2015 et 2020», informe-t-elle.
D’après le règlement actuel, la Ville n’est donc pas en mesure d’agir parce que l’insalubrité de la propriété n’est pas classée extrême.
Mme Saint-Cyr Lanoie se montre toutefois compréhensive. «C’est navrant de voir que certains de nos citoyens vivent dans ces conditions, mais c’est lié à des problématiques de santé mentale.»
«Ce que je souhaite, c’est que tous les partenaires comme les organismes, le CIUSSS et la Ville travaillent en concertation, plutôt qu’en silo. En ce moment, tout ce qui concerne la santé mentale, c’est la délégation du CIUSSS. D’après ma compréhension, la dame ne désire pas être aidée. C’est complexe», conclut-elle.
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