Faire l’épicerie à juste prix : plus compliqué qu’il n’y paraît

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Par Claude-Hélène Desrosiers
Faire l’épicerie à juste prix : plus compliqué qu’il n’y paraît
Pas facile de faire son épicerie à juste prix. (Photo : Deposit)

CONSOMMATION. En plein contexte inflationniste, les coûts des aliments à l’épicerie continuent d’afficher une hausse de 9 %. Certains citoyens ont développé des trucs pour pallier l’augmentation et bien manger. Faire l’épicerie se révèle un art beaucoup plus complexe qu’on peut l’imaginer.

S’il faut croire des personnes questionnées sur le sujet, faire ses emplettes à juste prix requiert quelques habiletés. Qu’elles soient à la tête d’une famille nombreuse, à l’aube de la retraite ou encore avec des limitations physiques, elles ont dû apprendre à bien gérer ce poste de dépenses auquel personne n’échappe.

«On doit avoir des connaissances en alimentation, savoir ce qu’étaient les tarifs d’avant pour comparer, et pouvoir compter dans sa tête. Par exemple, si l’on annonce 5 boîtes pour 7,88 $, combien ça revient à l’unité? Est-ce vraiment avantageux?» explique Michel, un consommateur avisé, père d’une famille nombreuse.

Certains items sont pratiquement deux fois plus chers, alors qu’avec d’autres, on peut encore s’en tirer à bon compte. «Il y a toujours un ou deux produits par semaine qui sont vendus à très bon prix», continue ce père de famille âgé de 75 ans. On en profite alors pour se faire des réserves! «Ce que j’ai remarqué, c’est que les gens ne s’attardent pas aux ingrédients ou à l’information nutritionnelle; ils regardent si ça leur tente de manger ça. En faisant ça, l’épicerie coûte beaucoup plus cher qu’avant, encore plus que la moyenne de 9 %, si c’est basé sur le principe de : moi j’ai toujours acheté ça, je continue de l’acheter». Michel donne en exemple le café qu’il a toujours choisi depuis 40 ans. Son prix a tellement augmenté qu’il s’est tourné vers une autre marque qui est moins dispendieuse. «C’est sûr que si je ne veux pas changer mes habitudes, ça va me coûter plus cher».

Lire les ingrédients permet de savoir si on paye un juste prix. Par exemple, la farine d’une grande marque est à présent beaucoup plus onéreuse. Celle de la marque maison est restée au même prix. Lorsqu’on regarde l’étiquette, on remarque que le contenu est le même.

Attention aussi à certains pièges. Les boîtes de barres tendres, si elles contiennent six barres, sont détaxées. Quand il y en a cinq, ce qui est le cas pour certaines boîtes maintenant, la taxe est facturée. «Donc non seulement le paquet coûte plus cher, mais en plus tu payes la taxe dessus, c’est 15 % de plus, juste là», s’exclame-t-il.

Autre point à considérer : quand on est serrés dans son budget, il est difficile d’avoir les aliments de base chez soi, donc une simple recette peut coûter très cher… ou donner envie de se tourner vers les mets préparés.

De leur côté, les citoyennes Carole et Kir Mangold tentent d’éviter les pertes et ont un jardin à la maison. Limitées financièrement, elles font des pieds et des mains pour maximiser chaque dollar. «Je me suis renseignée sur la façon de stocker les fruits et légumes de manière à ce qu’ils restent frais le plus longtemps possible, pour limiter le gaspillage», partage Kir Mangold.

Cette dernière s’est aussi mise à la commande en ligne. «Je me fais livrer mon épicerie. Ça évite les achats impulsifs et ça m’aide à m’en tenir à ma liste. Étant à mobilité réduite, je trouve que les frais de livraison valent la peine. À mon avis, c’est une chose positive qui est ressortie de la pandémie». Elle affirme cependant que son épicerie coûte deux fois plus cher qu’avant. Kir Mangold et son mari coupent ailleurs dans leur budget, mais considèrent que bien s’alimenter est une priorité, étant deux survivants du cancer. «La vie est trop courte pour manger mal!», lance-t-elle.

Savoir planifier et cuisiner

Les cuisines collectives du Carrefour d’entraide Drummond. (Photo : Claude-Hélène Desrosiers)

À la base, ce qui aide, c’est la planification. «Plus on planifie, moins il y a de chances qu’on achète de petits trucs tous les jours, ou qu’on aille au restaurant ou au dépanneur», indique Rachel Nadeau, intervenante en consultation budgétaire au Carrefour d’entraide Drummond.

Au Carrefour d’entraide Drummond, parmi les services offerts, on retrouve des cuisines collectives. Les gens vont y cuisiner des plats ensemble pour réduire la facture d’épicerie. «Au-delà de l’aide alimentaire, ça aide aussi à briser l’isolement, ça permet d’apprendre des techniques de cuisson, à socialiser, à prendre sa place dans un groupe», explique l’intervenante.

Il faut savoir que la participation à un groupe demande de s’impliquer dans tout le processus. Les participants décident ensemble ce qu’ils vont cuisiner. Il faut ensuite choisir les ingrédients nécessaires. Après, les participants cuisinent et se séparent les portions.


En résumé :
  • Planifier ses repas de la semaine en vérifiant ce qu’on a à la maison
  • Regarder les spéciaux dans les circulaires
  • Éviter le gaspillage
  • Faire un jardin
  • Apprendre à lire les étiquettes de prix et les informations nutritionnelles
  • Se tourner vers les marques maison
  • Intégrer plus de sources végétales à son alimentation, quitte à mélanger moitié-moitié avec de la viande
  • Faire des réserves lors des spéciaux
  • Avant de passer à la caisse à l’épicerie, s’arrêter et observer ce qu’on a mis dans notre panier
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