NÉGOCIATIONS. Accusant un retard salarial persistant, les ouvriers de la fonction publique québécoise dénoncent l’inaction du gouvernement. Pour insuffler des changements significatifs, ces employés se promènent à travers le Québec tout l’été pour mener des actions de visibilité.
Lundi midi, une délégation d’une dizaine d’ouvriers en provenance de Montréal a marqué un arrêt à Drummondville, au centre de services du ministère des Transports, situé sur le boulevard Saint-Joseph Ouest.
«On est sous payé!» ont-ils clamé.
Leur objectif est clair : combler le fossé salarial qui sépare le personnel de la fonction publique du reste du Québec. Ces travailleurs accusent un retard persistant qui s’établit en moyenne à 8,75 $ de l’heure.
«Le salaire moyen s’établit à 23,42 $, ce qui représente de 26 % à 44 % de moins que ce que gagne un ouvrier du secteur privé, du fédéral et du municipal. On demande un rattrapage, car on a perdu avec les années et il y a l’inflation à tenir compte», indique Frédérick Dagenais, président régional du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).
Les membres réclament des hausses salariales substantielles de 3 $ de l’heure par année pour trois ans.
«Mme (Sonia ) LeBel s’est dite prête à négocier cet été, mais a spécifié qu’elle ne toucherait pas aux salaires. On resterait autour du 9 % sur 5 ans», s’indigne M. Dagenais, qui représente une trentaine de membres à Drummondville, à savoir des ouvriers de la voirie, chauffeurs et mécaniciens.
«Pour ajouter à l’insulte, M. (François) Legault et les élus se sont votés des 30 % d’augmentation et nous, il nous arrive avec un 9 % sur 5 ans. Il faut se battre», se désole Michel Girard, vice-président à l’exécutif national du syndicat, néanmoins déterminé.
Depuis que les demandes du syndicat et les offres de l’employeur ont été déposées l’automne dernier, rien n’a réellement bougé.
«C’est tout à fait inacceptable. Il faut que ça bouge. Et pour venir à bout de cet écart, il faut une volonté réelle du gouvernement de reconnaître que son personnel mérite d’être mieux valorisé et respecté pour le travail accompli, et cela passe par une rémunération comparable aux autres employeurs», insiste M. Dagenais, précisant que la convention collective est échue depuis le 31 mars dernier.
L’absence de conditions de travail concurrentielles a fait en sorte qu’au fil des ans, des ouvriers ont quitté massivement la fonction publique pour de meilleurs salaires offerts ailleurs, déplore le syndicat.
«Pour plusieurs, le ministère des Transports, c’est un tremplin. Ils ne restent pas, car ce n’est pas compétitif», fait savoir M. Girard.
«On s’entend que le choix n’est pas difficile à faire pour un chauffeur payé 24 $ de l’heure qui se fait offrir 35 $ ailleurs pour déneiger. Même avec les conditions et le régime de retraite, ça ne compense même pas; ce n’est pas concurrentiel», ajoute M. Dagenais.
Les ouvriers ne lâcheront pas le morceau. De nombreuses actions de visibilité sont prévues au calendrier cet été, partout au Québec.
«Nous allons faire des arrêts à chacune des haltes routières pour aller à la rencontre des citoyens. On va leur remettre un feuillet d’information pour les sensibiliser à notre situation», conclut le vice-président à l’exécutif national.