Un bulletin scolaire sans pourcentage ni moyenne

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Par Claude-Hélène Desrosiers
Un bulletin scolaire sans pourcentage ni moyenne
Collège Saint-Bernard. (Photo: Gracieuseté)

ÉDUCATION. Le Collège Saint-Bernard innove avec une nouvelle façon d’évaluer les élèves du primaire. Sans évaluations formelles telles qu’on les connaît, sans pourcentage ni moyenne de groupe, l’élève ne se compare plus à ses camarades de classe. C’est un projet unique au Québec parmi les écoles privées membres de la Fédération des établissements d’enseignement privés.

Afin de favoriser la motivation scolaire et pour diminuer l’anxiété de performance, l’établissement d’enseignement a en effet mis en place en septembre 2022 son nouveau modèle d’évaluation pour tous les écoliers du primaire. Tout au long de l’année, le professeur explique en mots à l’étudiant ce qu’il a à améliorer. L’élève voit la progression de ses apprentissages et sait où il est rendu par des rétroactions de son enseignant.

L’an prochain, cette nouvelle façon de faire s’étendra aux élèves de secondaire 1, puis, en 2024-2025, à ceux de secondaire 2. Le secondaire 3 servira d’année pivot afin de préparer les étudiants vers les épreuves ministérielles et pour le Cégep. Le projet attire un vif intérêt de la part de plusieurs autres établissements d’enseignement privé.

Déjà, depuis plusieurs années, tant au primaire qu’au secondaire, il n’y a plus de notes en pourcentage au Collège Saint-Bernard. «Cependant, pour les élèves du secondaire, il y a une conversion du jugement professionnel de l’enseignant en notes. Pour nous, tout part de l’intention pédagogique. Au début, avant toute situation d’apprentissage, le professeur précise ce qui est demandé et les échelons pour s’y rendre», explique François Yvon, directeur des services pédagogiques.

Dans le cadre du Gala Prix de l’innovation de la Fédération des établissements d’enseignement privés qui a eu lieu le 3 mai dernier, ce projet était parmi les finalistes de la catégorie «Innovation pédagogique — projet-école — préscolaire-primaire». Il a été développé sur plusieurs années. «Le primaire a été créé en 2001 au Collège Saint-Bernard, en pleine réforme du système de l’éducation. On parlait alors d’acquisition de compétences ; on s’en est inspiré», mentionne M. Yvon. Dix ans plus tard, le ministère de l’Éducation demande un bulletin unique pour toutes les écoles, avec des pourcentages et des moyennes de groupe. À ce point, les professeurs doivent évaluer en pourcentage chaque compétence à développer dans toutes les matières. «C’est à partir de là que nous avons bâti des grilles de conversion pour traduire les cotes en pourcentages afin de répondre aux exigences du ministère», dit François Yvon. «En 2017, nous avons créé un comité de pédagogie pour réfléchir sur notre vision et pour établir nos meilleures stratégies d’enseignement et d’évaluation. En 2019, nous étions prêts à définir notre culture d’apprentissage».

Les enseignants remarquent déjà un plus grand engagement de la part des élèves dans leurs apprentissages. Ils notent également une diminution des questions liées aux examens, car les écoliers ne demandent plus : «Est-ce que ça compte ?». Quant aux commentaires reçus des parents, ils font surtout mention du fait que cette forme d’évaluation permet d’ouvrir les conversations avec leur enfant.

La direction se dotera d’indicateurs pour analyser ces nouveautés. «Les élèves sont-ils plus motivés ? Est-ce que cela diminue l’anxiété de performance ? Est-ce qu’ils réussissent mieux ? », sont toutes des questions qui seront suivies de près.

 

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