Marc-Antoine K. Phaneuf et la culture populaire

Photo de Claude-Hélène Desrosiers
Par Claude-Hélène Desrosiers
Marc-Antoine K. Phaneuf et la culture populaire
Marc-André K. Phaneuf. (Photo: Claude-Hélène Desrosiers)

ARTS VISUELS. Marc-Antoine K. Phaneuf propose une exposition qui exploite la rivalité entre Drummondville et Saint-Hyacinthe, ville où il est né. Bien que cette rivalité ne soit plus ce qu’elle était naguère, l’artiste creuse ce thème par une collection de blagues.

Il se sert en effet des blagues pour les transcender et offrir une expérience différente au visiteur qui ne s’y attendait pas, dans un renversement assez comique. Une minute, le visiteur se sent en terrain connu de blague de banane dans l’oreille, pour finir par y voir quelque chose d’autre.

Cette idée d’exposition a mûri environ 15 ans. «Je me demandais comment me servir des archétypes de bouc émissaire dans les blagues, qu’on pense aux newfies ou aux blondes», explique Marc-Antoine K. Phaneuf.

L’artiste et écrivain travaille l’humour pour offrir des expériences textuelles à des visiteurs qui lisent avec tout leur corps en se promenant dans l’espace pour lire. «Dans ce jeu de langage là, je suis aussi intéressé par les limites de l’humour. Quand est-ce que l’humour va trop loin ? Qu’est-ce qu’on peut se permettre de dire ?» Cette réflexion a été nourrie, entre autres, par les réseaux sociaux. M. Phaneuf affirme avoir été troublé par la quantité de messages haineux qu’il a lus sur Twitter. «Je n’en revenais pas. On se permet de faire ça à des personnalités publiques, à des politiciens, à n’importe qui qui n’est pas d’accord avec nous… Je voulais que l’exposition reflète un peu ça. On est dans l’humour, on est amusé, puis à un moment donné, ce n’est plus nécessairement drôle. Il y a une volonté qu’un moment donné, ce soit trop, en fait», précise-t-il. La dimension extrême du récit exposé, opposée à l’humour, apporte une réflexion sur le texte et sur comment il existe comme une réalité, comment il est consommé et comment on y croit comme une vérité que l’on veut accepter ou réfuter.

Pour lui, Saint-Hyacinthe, ce sont ses yeux d’enfant : la rue Cascades, le marché avec sa grand-mère, l’aréna où il jouait au hockey, les piscines publiques. «J’ai fait un projet à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, et j’y ai trouvé environ 80 cartes postales de Saint-Hyacinthe. Je n’avais jamais imaginé que Saint-Hyacinthe pouvait faire l’objet d’une carte postale ! Il y a des monuments que je ne connaissais pas», s’étonne-t-il.

L’artiste est fasciné par la culture populaire. «Pour moi, dans la culture populaire, il y a le vernaculaire qui n’est pas loin, et ce vernaculaire est important pour définir ce que nous sommes». Marc-Antoine K. Phaneuf se sert de la culture populaire comme d’une matière à développer dans son travail. « Immédiatement, je suis en friction avec l’idéal de l’art où l’on ne se permet pas d’aller dans la culture pop. Il y a un snobisme dans la haute culture. Je trouve ça intéressant de mélanger les deux».

L’exposition est conçue en rond. On doit faire le tour d’un édicule sept fois pour en lire le texte. On tourne en rond… comme un mulet.

Les meilleures jokes de Maskoutains, exposition solo de l’artiste Marc-Antoine K. Phaneuf

Du 15 avril au 28 mai 2023, à DRAC

Partager cet article