Autisme : savoir intervenir autrement

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Par Claude-Hélène Desrosiers
Autisme : savoir intervenir autrement
Roxanne, mère de Louis, et Audrey Bélisle. (Photo : Claude-Hélène Desrosiers)

AUTISME. Au Québec, il y aurait 1,5 % de la population avec un TSA. Ce pourcentage tend à augmenter avec le temps. Cela s’explique par une meilleure compréhension du profil féminin, par des critères diagnostics plus précis et par davantage de connaissances scientifiques. Pour aider les personnes autistes, heureusement, il y a des ressources.

Audrey Bélisle est technicienne en éducation spécialisée à l’école Marie-Rivier. Elle travaille avec des jeunes de 12 à 16 ans avec plusieurs diagnostics, donc Louis (nom fictif). Dans cette classe, l’approche est différente. «Au lieu de vouloir faire cesser un comportement indésirable, on prend le temps de voir ce qui se cache dessous», explique Mme Bélisle.

Selon elle, ce qui est le plus déterminant, c’est la constance. Elle est avec Louis depuis 3 ans, et ses consignes sont toujours les mêmes. «Il faut être ouvert à la différence aussi. C’est de les laisser être qui ils sont et d’accepter que moi aussi, j’ai à apprendre d’eux. Une équipe forte, ça fait la différence aussi. La structure de notre programme est faite pour pouvoir offrir un temps. Il faut être ouvert à intervenir différemment», reprend-elle.

Maintenant, quand Louis arrive en classe et qu’il voit le pictogramme associé aux mathématiques, il sort de lui-même ses choses et est prêt à travailler.

Un autre facteur de réussite est la communication entre la maison et l’école. Dans le cas de Louis, les deux milieux sont similaires, avec les mêmes conséquences. «Cette communication-là permet de comprendre bien des choses. Par exemple, s’il arrive à la maison en crise, j’ai besoin d’informations pour comprendre ce qui s’est réellement passé. Même chose de mon côté, s’il s’est passé quelque chose à la maison, je peux les appeler et leur dire ce qui en est vraiment», ajoute Roxanne, la mère de Louis.

Les jeunes savent exactement à quoi s’attendre. S’il se passe quelque chose de particulier, l’intervenante est transparente avec le jeune et lui indique qu’elle va en discuter avec ses parents. «S’il me dit : “je ne veux pas que tu le dises à maman”, je lui réponds : “ben oui on va lui dire, mais je vais aussi lui dire comment tu as pris ton moyen, pis que tu as réussi à finir tes maths! Hey, ça vaut de l’or, il faut que je lui dise à maman!”

Pour Louis, cette complicité école-maison est réellement une recette gagnante qui lui permet de progresser.

 

L’APEHD

Danny Lauzière, directeur général de l’APEHD. (Photo: Claude-Hélène Desrosiers)

L’Association des parents d’enfants handicapés de Drummondville (APEHD) existe depuis 1981. Son directeur, Danny Lauzière, constate que ces parents n’ont pas les mêmes questions aujourd’hui qu’au moment de la fondation de l’organisme. «Les parents veulent une information précise, souvent».

Par contre, la réalité est fort différente pour les personnes handicapées. En 1981, il n’y avait pratiquement aucune intégration sociale, que ce soit au niveau scolaire, en garderie ou dans les loisirs. «Avant ils étaient marginalisés à l’école Saint-Frédéric. Maintenant ils sont répartis un peu partout sur le territoire, certains à leur école de quartier. Les gens apprennent à les côtoyer, voient que ce sont des humains comme les autres malgré leurs besoins», explique M. Lauzière.

La mission de l’APEHD reste cependant la même : regrouper les parents d’enfants handicapés. L’entraide y est encore aussi importante, car le fait de pouvoir parler entre parents qui comprennent sa réalité est précieux.

Deux employés très impliqués s’activent à donner une foule de services à ces parents, que ce soit en termes d’activités, d’outils d’information ou d’accompagnement. Une travailleuse sociale s’ajoute ponctuellement à l’équipe. Cela s’avère précieux en temps de crise, lorsqu’un parent a besoin de rencontrer rapidement. C’est ce que confirme Nathalie, mère de la petite Rose. «Quand je suis allée cogner à l’APEHD, j’étais complètement dépassée. J’ai été accueillie par Monique qui a pu me pister sur des trucs pratiques. J’ai aussi pu rencontrer une travailleuse sociale. L’APEH est tellement bien tombée. J’étais complètement découragée. J’avais besoin d’aide sur le champ», partage-t-elle.

C’est une dizaine de familles qui ont un enfant vivant avec l’autisme qui sont membres de l’APEHD.

«J’aime beaucoup l’APEHD. Il n’y a pas de jugements. En société, c’est très difficile avec Louis. Il peut par exemple se mettre très proche des gens. J’ai déjà vu des parents prendre la main de leur enfant et dire je ne veux pas que tu attrapes ça, touche-le pas’. À l’association c’est différent. On est au party de Noël, il y a une madame en avant qui fait un discours. Il y a une personne vivant avec la trisomie qui s’approche et lui demande le micro. Elle s’interrompt, lui donne le micro. Il fait sa petite chanson et lui redonne le micro, on l’applaudit et on passe à autre chose! On est acceptés comme on est à l’Association. On peut juste être”, apprécie Roxanne.

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