La planète Durham-Sud

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Par Cynthia Martel
La planète Durham-Sud
La mairesse de Durham-Sud, Sylvie Laval, montrant les composteurs communautaires sur le terrain de l’hôtel de ville. (Photo : Ghyslain Bergeron)

DURHAM-SUD. En matière de protection de l’environnement, Durham-Sud ne fait pas les choses à moitié, si bien qu’elle se démarque parmi les autres municipalités de la MRC de Drummond. Depuis 2017, les quelque 1121 citoyens changent petit à petit – et à leur rythme – leur mode de vie pour le bien de la planète.

La Municipalité a pris le taureau par les cornes en 2017 après avoir constaté que 35 % des matières jetées dans le bac noir étaient compostables et 25 % du contenu pouvait être recyclé.

«Cette année-là, la MRC de Drummond a procédé à la caractérisation des déchets. C’est à ce moment que nous avons pris connaissance de ces données. Ça tombait à point car on venait de mettre sur pied un comité environnement formé de bénévoles. Celui-ci est accompagné par les membres du conseil municipal, lesquels approuvent ou non les projets», se rappelle Sylvie Laval, mairesse de Durham-Sud.

Déjà, il était convenu de composter autrement que par le bac brun, notamment en installant deux composteurs communautaires sur le terrain de l’hôtel de ville.

«Pour nous, le compostage avec le bac brun n’est pas approprié, principalement parce qu’avec 450 résidences sur notre territoire, ça génère peu de volume. Et au point de vue environnemental, transporter une petite quantité sur 100 kilomètres, ça n’a aucun sens», précise Mme Laval.

En 2020, la Municipalité a reçu une subvention pour fournir un composteur domestique à chaque foyer.

À la suite de ce premier projet, les élus et membres du comité se sont mis en action pour retirer du bac noir le maximum de matières non destinées à l’enfouissement. Une dizaine d’idées ont émergé puis mises en place.

«Par exemple, deux fois par année, on loue un gros conteneur et les citoyens peuvent y déposer tout ce qui est fait en bois, comme des matériaux, meubles et palettes. Pour les branches d’arbres, nous avons acheté une déchiqueteuse. Les copeaux servent ensuite dans les plates-bandes du village. Nous en distribuons aussi aux citoyens qui en demandent. Dans bien d’autres municipalités, les branches représentent encore un problème et se retrouvent souvent dans le bac noir. Pour ce qui est des feuilles mortes, on les déchiquette également depuis 2017. Je peux dire que les maraîchers sont très heureux de les utiliser pour leur compost», explique la première magistrate, passionnée de l’environnement.

Depuis 2019, 24 tonnes de résidus de bois ont été détournées de l’enfouissement; 1490 sacs de feuilles mortes ont été récupérés.

Les citoyens sont également appelés à ne pas jeter aux ordures appareils électroniques, piles et peinture.

«Ceci n’est par contre pas unique à notre municipalité. Pour les piles et la peinture, les gens doivent aller les déposer à la quincaillerie du village; pour les électroniques, à partir de cette année, il y aura deux collectes plutôt qu’une.»

Une autre problématique dans les sites d’enfouissement : les matelas. Durham-Sud a trouvé une solution pour en détourner une grande quantité.

«Un matelas, c’est 100 % recyclable! Or, deux fois par année, au moment des gros rebuts, nos employés les ramassent avec un gros camion et vont les porter à l’écocentre. Ils font le nombre de voyages qu’il faut. En 2022, 62 matelas ont été détournés de l’enfouissement. Par cette action, je pense que tout le monde ici est rendu avec un nouveau matelas!» lance en riant Sylvie Laval.

La Municipalité a également une entente avec la Ressourcerie transition qui consiste à collecter des meubles, vêtements et autres articles lors des gros rebuts.

Cette quantité de plastiques agricoles a été récupérée en l’espace de six mois environ. (photo Ghyslain Bergeron)

Ce n’est pas tout. La pellicule de plastique servant à envelopper le foin est récupérée puis réutilisée à 100 %.

«Il y a un temps où ce plastique agricole était ramassé, mais plus maintenant. Nous avons donc trouvé une entreprise d’ici, située à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, du nom de Replast, qui les récupère pour les transformer en mobilier urbain et planches de patio. Il s’agit d’une belle collaboration et on a tout intérêt à travailler avec eux et de telles entreprises!» estime la mairesse.

«Au début, il y a eu des ajustements, car certains sacs étaient rejetés parce qu’ils étaient contaminés par le foin. Replast a été proactif en achetant de la machinerie pour pouvoir les laver. Deux fois par année, ils viennent les récupérer. En six mois, on peut se retrouver avec plus de 800 sacs», poursuit-elle.

Il y a un certain temps, un conseiller municipal également agriculteur a approché les producteurs durhamois qui jetaient encore à la poubelle leurs sacs pour les sensibiliser. Il semble y avoir un emballement.

«Nous ne sommes pas encore rendus à passer un règlement à ce sujet, mais on y pense, car ça représente un gros tonnage. Toutefois, on est en train de mettre sur pied d’autres partenariats pour en ramasser d’autres sortes», fait savoir Mme Laval, en mentionnant que l’initiative a suscité l’intérêt de deux municipalités.

De surcroît, la Municipalité organise des événements aux pratiques écoresponsables. L’école a également reçu cette année la certification Ici on recycle.

«Le compost y a été intégré, on y a diminué la quantité de papier utilisé, tous les élèves ont une bouteille d’eau réutilisable et les parents sont invités à utiliser des contenants et sacs réutilisables dans la boîte à lunch», énumère-t-elle.

Bannissement des sacs de plastique à l’épicerie, collecte de métal et récupération de verre en collaboration avec la municipalité de Richmond représentent d’autres initiatives.

Vignette

D’autre part, dès cette année, les citoyens auront à apposer une vignette sur le bac noir, sans quoi il ne sera pas vidé.

«Cette vignette ne coûte rien. Par contre, si des citoyens réclament un deuxième bac noir, il devra payer la vignette pour celui-ci et donc, une deuxième taxe. On s’attend à quelques réactions, mais tant mieux, car c’est le temps qu’on se réveille. Les taux d’enfouissement augmentent. Moi, ça me tanne de payer pour des poubelles tandis qu’on pourrait faire tellement autre chose avec cet argent», soutient la mairesse qui en est à son premier mandat.

Signe que tous ces efforts portent fruit, depuis 2018 le tonnage d’enfouissement à Durham-Sud a diminué de 18 %.

«Cela inclut les ICI (industries, commerces et institutions). Éventuellement, j’aimerais avoir un portrait plus détaillé, c’est-à-dire, séparer le tonnage des citoyens et des ICI. Il faudra par contre attendre la prochaine caractérisation des déchets prévue en 2024», laisse savoir Mme Laval.

Objectifs et éducation constante

Consciente et fière des efforts et des résultats obtenus jusqu’à maintenant, Sylvie Laval affirme néanmoins qu’il y a encore du chemin à faire.

«Notre objectif est de miser davantage sur le recyclage au cours des prochaines années. Le comité et les élus ont toutes sortes d’idées folles quand il est question d’environnement, mais il faut y aller petit pas par petit pas et, surtout, il faut maintenir ce que nous avons mis en place. Ça demande aussi de l’éducation constante auprès des citoyens. D’ailleurs, pour les inciter davantage, nous divulguons chaque année les résultats de nos efforts et devant l’épicerie, il y a un tableau à bandes illustrant le tonnage détourné de l’enfouissement.»

Durham-Sud est citée en exemple par les autres municipalités de la MRC de Drummond. Certaines, même, s’approprient des initiatives. Sylvie Laval souhaite travailler davantage avec ses homologues du conseil des maires pour «mieux avancer et protéger la planète».


Le dynamisme et le travail du comité salués

Les citoyennes Lise Lallier et Nicole Bellavance ont adopté des habitudes de vie pour réduire leur empreinte environnementale bien avant le comité environnement. Aujourd’hui, elle se réjouissent de toutes les initiatives mises en place et surtout, des résultats obtenus collectivement jusqu’à maintenant.

«Je trouve les membres du comité très dynamiques et ils investissent beaucoup d’efforts, car le genre d’initiatives mises en place doit être répétées et répétées. Et l’accompagnement offert est très bien, nous recevons beaucoup d’informations pour savoir comment bien faire les choses», affirme Lise Lallier, dont le compostage est une habitude parmi tant d’autres depuis 20 ans.

«L’énergie déployée des bénévoles est palpable, ils travaillent très très fort. Et en tant que citoyen, on peut être fier de ce qu’on a fait, car ça coûte très cher de mettre des déchets à la poubelle! J’espère que les initiatives en intrigueront d’autres. J’appelle à la participation, car chaque petit geste compte, car petit ne veut pas dire inutile», expose Nicole Bellavance qui est très sensible à la cause environnementale et a un mode de vie plus écologique depuis dix ans.

 

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