La prévention du suicide : un enjeu collectif

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Par Claude-Hélène Desrosiers
La prévention du suicide : un enjeu collectif
Sandrine Vanhoutte, directrice générale du CEPS. (Photo: Ghyslain Bergeron) (Photo : Ghyslain Bergeron)

COMMUNAUTÉ- Le Centre d’écoute et de prévention suicide (CEPS) Drummond offre un programme de formation de sentinelles. Ces personnes, réparties un peu partout dans la communauté, jouent un rôle important : détecter les personnes en détresse et les diriger aux bonnes ressources.

Sandrine Vanhoutte, directrice générale du CEPS Drummond en est fière : «Dans la MRC de Drummond, nous avons une sentinelle pour 56 habitants, ce qui en fait une des régions du Québec où il y en a le plus. Ce sont un peu comme des secouristes, mais des secouristes du cœur!» exprime-t-elle.

Les sentinelles proviennent de tous les horizons. Elles s’engagent de façon volontaire à repérer dans leur milieu, quel qu’il soit, les gens à risque. Ils ont la particularité d’être entourés d’individus dans leur quotidien (bars, salons de coiffure, entreprises, écoles…) et qui ont une certaine capacité d’empathie. Elles sont capables de détecter les signaux de détresse et vont aller voir la personne pour voir ce qui se passe, et lui demander si elle a besoin d’aide, si elle a des idées suicidaires. Elles vont ensuite proposer des ressources appropriées.

Jérôme Gaudreault, président-directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) les voit comme une «armée de l’ombre, qui sont les yeux et les oreilles sur le terrain. Les sentinelles peuvent aller vers les personnes en détresse, mais l’inverse est aussi vrai. Par exemple, une sentinelle peut être identifiée comme tel dans son milieu de travail, et les personnes savent qu’en tout temps, elles peuvent aller la voir pour parler.

Les sentinelles sont proactives en situation de crise, car elles ont été formées pour savoir comment réagir. Mme Vanhoutte affirme que cela «donne un filet de sécurité sociale extrêmement grand». «Plus il y a de sentinelles dans une population, plus elle est sensibilisée au fait que c’est une action collective qu’on doit porter pour la prévention du suicide», ajoute-t-elle.

La directrice du CEPS Drummond est persuadée que le suicide n’est pas le problème d’une personne, qu’il s’agit en fait d’un enjeu de collectivité. Elle conclut en disant que plus de gens en seront convaincus, mieux la collectivité se portera.

 

Tout le monde peut faire une différence

Puisque les actions de prévention ont un réel impact, tout le monde est encouragé à parler du suicide. C’est normal de se sentir mal à l’aise d’aborder le sujet parfois, car on se sent peu outillé et qu’on veut dire les bonnes choses. M. Gaudreault de l’AQPS indique : « On recommande aux gens de mettre des mots sur ce qu’on perçoit, sur ce qu’on ressent par rapport à ça et de valider auprès de la personne. Puis rapidement, il faut oser poser la question : est-ce que tu penses à t’enlever la vie? C’est un mythe qui est encore présent de penser que cette question pourrait donner l’idée à la personne de se suicider. Le processus suicidaire ne se passe pas comme ça, du jour au lendemain. C’est pour ça qu’on a mis sur pied le site Oseparlerdusuicide.com», dit-il. On peut y trouver des mises en situation, des conseils pour aborder la question.

Frédéric Gaudreault ajoute que le modèle traditionnel masculin peut être un obstacle supplémentaire : «Un homme, c’est fort., un homme ça ne pleure pas, un homme ça règle ses problèmes tout seul… Quand ces hommes font le pas de demander de l’aide, c’est important d’être capable de les écouter et de les aider maintenant, car souvent ils sont à l’extrême limite. »

 

Semaine de prévention du suicide

La 33e édition de la Semaine de prévention du suicide se tiendra du 5 au 11 février, partout au Québec. C’est sous le thème Mieux vaut prévenir que mourir qu’elle se déroulera. « Personne ne veut mourir, indique Frédéric Gaudreault. La réalité, c’est qu’on s’enlève la vie par absence de choix, parce qu’on ne sait pas vers qui se tourner. On peut aussi penser que la situation ne changera jamais.» Or, M. Gaudreault affirme qu’il est très difficile d’avoir une vision d’ensemble lorsqu’on souffre. C’est pour cela, dit-il, que les proches doivent agir. «En cas de doute, on ne s’abstient pas quand il est question du suicide», conclut-il.

 

Quelques statistiques
  • Chaque jour, au Québec, il y a 3 décès par suicide; 75-80 personnes tentent de s’enlever la vie.
  • En considérant les personnes endeuillées avec chaque mort par suicide, ce sont plusieurs centaines de milliers de Québécois qui sont touchés de près.

 

Programmation de la Semaine de prévention du suicide à Drummondville
  • 4 février : Spectacle «Promouvoir la vie l’Expérience», événement interactif et immersif à la salle Georges-d’Or. Plusieurs artistes de la région performeront sur scène. Pour se procurer des billets : https://bit.ly/PLVE-CEPSD 
  • Plusieurs activités de sensibilisation et des formations seront offertes dans diverses organisations et un kiosque sera tenu au Cégep de Drummondville afin de conscientiser les étudiants et le personnel
  • Le CEPS sera également présent sur les réseaux sociaux.
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