Logements : la rareté se maintient; le loyer moyen explose

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Par Cynthia Martel
Logements : la rareté se maintient; le loyer moyen explose
La situation du logement ne s’est guère améliorée lors des dernières années, observe Véronique Laflamme. (Photo : Ghyslain Bergeron)

LOGEMENTS. La situation du logement est loin de s’améliorer à Drummondville. L’année qui s’amorce s’annonce «extrêmement difficile» et «inquiétante» avec un taux d’inoccupation toujours très bas et une augmentation de 10 % du loyer moyen.

À la lecture des données publiées aujourd’hui par la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), la porte-parole du Frapru, Véronique Laflamme, ne voit aucune pointe d’amélioration pour le territoire de Drummondville affichant un taux d’inoccupation de 0,4 % en 2022, contrairement à 0,2 % l’année précédente. Elle se  dit même déjà inquiète pour la période de déménagements qui s’annonce tout autant compliquée, voire plus, que celle de 2022.

«Ce ne sont pas de bonnes nouvelles pour Drummondville, surtout lorsqu’on considère que le loyer moyen a accéléré son escalade. Ces taux aussi faméliques compliqueront sérieusement la recherche de logements. Il n’y a pas d’amélioration à court terme pour les locataires drummondvillois qui sont encore aux prises avec une rareté et une cherté grandissante. Comme partout au Québec, l’année qui commence sera extrêmement difficile», se désole-t-elle.

Les taux de logements inoccupés se retrouvent maintenant sous le seuil d’équilibre de 3 % dans toutes les régions métropolitaines du Québec, avec un taux global de 1,7 %.

On se souviendra que 135 ménages s’étaient retrouvés sans logement le 2 juillet à Drummondville. Un mois plus tard, 80 cherchaient toujours.

«Cette situation a des conséquences sociales réelles sur ces gens-là. Ils vivent des situations dramatiques qui se répercutent sur la santé physique et mentale, le stress et sur le comportement des enfants. Il me semble que le gouvernement devrait être alerté par ça. On les abandonne carrément», laisse-t-elle tomber.

Quant au loyer moyen à Drummondville, il est passé de 696 $ (2021) à 768 $ (2022), une hausse de 10,3 %. Dans l’ensemble de la province, la hausse s’établit à 8,6 %.

«La construction de logements neufs a contribué à cette hausse rapide du loyer moyen», souligne Mme Laflamme.

Le FRAPRU craint que la situation ne soit encore pire en 2023. Les indices d’augmentation de loyer récemment publiés par le Tribunal administratif du logement laissent craindre que les hausses soient salées.

«Ça fait 30 ans que l’ex-Régie du logement n’a pas publié des estimations aussi élevées», laisse-t-elle entendre.

La porte-parole indique également que ce sont les logements à plus bas loyer qui se font les plus rares.

«L’offre générale de logements locatifs est déjà très faible, mais c’est encore pire pour les appartements à plus bas loyer qui sont les seuls que les ménages à faible et modeste revenus ont les moyens de payer.»

Construire encore plus de logements chers n’est pas la solution

Véronique Laflamme réfute l’hypothèse selon laquelle la solution à la pénurie actuelle passe par une simple intensification de la construction de logements locatifs, sans égard à leur accessibilité financière.

«Les logements neufs sont tout simplement hors de prix. Les dernières données du site Rentals.ca, datant de janvier, montrent que le loyer moyen des appartements de deux chambres à coucher présentement en location est de 2078 $ par mois à Montréal et de 1795 $ à Gatineau. Dans le cas des appartements familiaux de trois chambres à coucher, le loyer moyen y est respectivement de 2350 $ et de 1929 $. En quoi la disponibilité de logements de ce prix aide-t-elle les ménages à faible et modeste revenus?»

La porte-parole trouve farfelu l’argument selon lequel la plus grande disponibilité de logements dispendieux créerait un effet de percolation qui permettrait de libérer des appartements abordables pour les ménages ayant de moindres capacités financières. Elle affirme qu’au contraire «les logements chers tirent l’ensemble des loyers vers le haut».

Des demandes

Le FRAPRU demande aux gouvernements d’assumer leurs responsabilités à l’égard du droit au logement plutôt que de les abandonner entre les mains du marché privé. Cela passe, à son avis par le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux sous différentes formes (logements publics gérés par les offices municipaux d’habitation, coopératives et organismes à but non lucratif d’habitation), en cinq ans. Pour y parvenir, l’organisme réclame que, dès son prochain budget, le gouvernement Legault relance et finance adéquatement le programme AccèsLogis. Il demande également la mise sur pied de programmes permettant la réalisation de nouvelles habitations à loyer modique (HLM), ainsi que l’acquisition de logements locatifs existants.

Le FRAPRU presse aussi le gouvernement Legault d’instaurer un contrôle obligatoire de tous les loyers privés, y compris ceux de moins de cinq ans, et de mettre sur pied sans plus tarder un registre des loyers permettant aux locataires de suivre leurs évolutions.

Évolution du loyer moyen

Studio : 442 $ (2021) / 474 $ (2022)

Une chambre : 564 $ (2021) / 568 $ (2022)

Deux chambres : 689 $ (2021) / 752 $ (2022)

Trois chambres et plus : 836 $ (2021) / 913 $ (2022)

Loyer moyen : 696 $ (2021) / 768 $ (2022)

 

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