Le début d’une relation entre Drummondville et la Bolivie

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Par Cynthia Martel
Le début d’une relation entre Drummondville et la Bolivie
Stéphanie Lacoste a communiqué en espagnol lors de la rencontre. (Photo : Gracieuseté Dominic Martin)

MUNICIPAL. Dominic Martin n’aurait jamais cru qu’un voyage personnel permette à la Ville de Drummondville d’élargir ses horizons politiques. L’ancien directeur de cabinet de la mairesse de Drummondville a ouvert la voie à des discussions sur la place des femmes en politique avec la Bolivie.

C’est ainsi qu’en décembre, la première magistrate, Stéphanie Lacoste, a échangé avec des leaders féminines de la Bolivie à la tête de la politique intégrale municipale des femmes d’El Alto, et ce, avec la collaboration de son ancien directeur.

«Cette rencontre résulte d’un concours de circonstances, car ce n’était pas prévu, indique Dominic Martin. Au fil de mes échanges, le nom de la mairesse d’El Alto, Eva Copa, est revenu deux fois par deux personnes différentes qui la citaient comme un modèle féminin influent. Je me suis dit que ce serait intéressant d’échanger avec elle ou son équipe. En quelques heures, je suis parvenu à joindre sa cheffe de cabinet, grâce à des contacts, et obtenir une rencontre avec les femmes qui ont travaillé sur la politique. C’est à ce moment que j’ai pensé à la pertinence de faire participer Stéphanie. Elle n’a pas hésité et a même appris un petit discours en espagnol.»

Dominic Martin et Stéphanie Lacoste tenant dans leurs mains la reconnaissance que la mairesse a reçue des citoyennes engagées. (Photo tirée de Facebook)

«Nous avons pu discuter, entre autres, de la place des femmes en politique et des meilleures pratiques pour soutenir leur participation citoyenne. Ce fut un échange très enrichissant et motivant. Et j’étais très étonnée qu’une Ville de 1,4 million d’habitants, la deuxième en importance en Bolivie, accepte de me parler!», partage Stéphanie Lacoste, qui a reçu un souvenir à l’effigie de la Ville d’El Alto en guise de reconnaissance.

Celle qui siège sur le comité Femmes et gouvernance à l’Union des municipalités du Québec (UMQ), affirme que cette rencontre tombait juste à point.

«Il y a quelques mois, on a d’ailleurs abordé le sujet des femmes inspirantes. Des noms tels que Michelle Obama sont sortis, mais nous souhaitions en trouver d’autres qu’on connait moins pour d’éventuels échanges», précise Mme Lacoste.

Elle poursuit : «Eva Copa, c’est une femme tellement inspirante. Elle a un parcours qui n’est pas banal. C’est d’autant plus intéressant, car on sort des États-Unis et de l’Europe. C’est rare que nous ayons l’occasion de tisser des liens avec l’Amérique latine.»

Ceci dit, la mairesse de Drummondville entend renforcer ses liens politiques avec la Ville d’El Alto.

«Nous pouvons collectivement bénéficier de nos expériences pour consolider la place des femmes en politique, notamment au niveau municipal. Le combat féministe qu’elles mènent n’est pas trop loin du nôtre. On a des avancées chacun de notre côté, parfois différents parfois semblables, mais la volonté de changer les choses est universelle. En février, le comité Femmes et gouvernance tiendra une rencontre, donc on va assurément discuter des suites à donner à cet échange», précise Mme Lacoste en voyant très bien Drummondville et El Alto devenir villes jumelles.

À se fier à Dominic Martin, il sera facile de convaincre le groupe de femmes et les élus d’entretenir les liens.

«Tous ont été interpellés par la vague de nouvelles mairesses élues au Québec et se sont rapidement intéressés à Stéphanie. Ils m’ont d’ailleurs questionné sur la façon d’arriver à avoir plus de modèles féminins positifs. Je pense que la lutte actuelle égalitariste doit s’ouvrir et que tous les peuples doivent travailler ensemble de manière solidaire», estime-t-il.

D’ailleurs, pour la mairesse, il importe que la population se trouve devant des personnes au profil diversifié, que ce soit en politique, en affaires ou en éducation, pour ne nommer que ces domaines.

«Si on crée des exemples inspirants, je suis certaine qu’il y a des femmes qui vont oser plus. Et la variété de profils fait en sorte qu’on va rejoindre le plus de monde possible», se dit d’avis la politicienne qui s’est lancé le défi d’apprendre l’espagnol.

Dominic Martin en compagnie des leaders féminines. (Photo gracieuseté Dominic Martin)

Un projet inusité

Dominic Martin rêvait de ce projet depuis longtemps. C’est en décembre qu’il s’est envolé vers la Bolivie pour sensibiliser le peuple sur l’importance de la place des femmes en politique et sur les défis qu’elles doivent surmonter dans ce milieu.

«C’est assez inusité comme projet : je suis un homme blanc dans la quarantaine qui va parler de la place des femmes en Bolivie! lance-t-il. Pourquoi ce pays? J’y ai vécu pendant quelques années et c’est à cet endroit que j’ai commencé à m’impliquer en politique, à m’y intéresser davantage et à travailler auprès de politiciennes.»

Son séjour lui a permis de discuter autant avec les citoyens qu’avec des leaders féminins.

Dominic Martin aux côtés de femmes rencontrées lors de son séjour. (Photo gracieuseté Dominic Martin)

«Plusieurs personnes ont soulevé le manque de modèles féminins connus. C’était ça le dénominateur commun de mes conversations. En Bolivie, et même, partout en Amérique latine, les femmes ont pris leur place dans les commerces de proximité. De plus en plus, elles se lancent en politique, mais un grand nombre cède sous la pression sociale», indique-t-il.

La fierté, la solidarité et la détermination caractérisent bien les Boliviennes.

«Je sens une grande solidarité entre les femmes. Elles sont fières et se tiennent debout. J’ai été impressionné par la stature des femmes que j’ai rencontrées avec Stéphanie Lacoste. Elles sont des révolutionnaires modernes», témoigne celui qui est papa d’une jeune fille.

Fort satisfait de son voyage et extrêmement emballé, Dominic Martin compte reproduire l’expérience dans d’autres pays latinos.

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