La Piaule accentuera ses efforts contre l’exploitation sexuelle

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Par Louis-Philippe Samson
La Piaule accentuera ses efforts contre l’exploitation sexuelle
Refuge La Piaule. (Photo : Ghyslain Bergeron)

EXPLOITATION. La Piaule pourra consolider sa mission de lutte contre l’exploitation sexuelle en allant directement à la rencontre des jeunes de la région.

Pour réaliser cela, l’organisme bénéficie d’un soutien financier de 113 272 $ de la part du ministère de la Sécurité publique (MSP). Un financement gouvernemental était accordé à La Piaule depuis 2018 dans cet objectif.

Bianca Boudreau, coordonnatrice du Volet intervention, sensibilisation et prévention de l’exploitation sexuelle à La Piaule, se désole que le phénomène de l’exploitation sexuelle ait longtemps été banalisé et considéré comme étant tabou. Heureusement, le soutien financier du gouvernement prouve, à ses yeux, qu’une conscience se crée autour du sujet.

Elle entend, depuis quelque temps, plus de discussions à ce sujet. La coordonnatrice constate que les jeunes ont besoin de mieux comprendre ce qu’est l’exploitation sexuelle. Pour les informer sur cette problématique, La Piaule propose un atelier ludique abordant différents aspects de la sexualité, du consentement à l’exploitation sexuelle.

«Les jeunes qui connaissent l’exploitation sexuelle la banalise souvent en raison de l’hypersexualisation de la société. Lors des ateliers, on revient à la base de la sexualité avec les jeunes. On leur explique ce qu’est une relation saine et égalitaire. On constate des lacunes avec le retrait des cours de sexualité au secondaire. Il y a toute une génération qui n’en a pas eu», a-t-elle observé.

Sébastien Schneeberger, député de Drummond–Bois-Francs, Francis Lacharité, directeur général de La Piaule, Bianca Boudreau, coordonnatrice du Volet intervention, sensibilisation et prévention de l’exploitation sexuelle, et André Lamontagne, ministre responsable de la région du Centre-du-Québec et député de Johnson lors de l’annonce de l’octroi de l’aide financière. (Photo : gracieuseté)

Les fonds gouvernementaux permettent l’embauche d’une intervenante, qui sera chargée d’animer ces ateliers, et d’une agente de liaison. D’ailleurs, tous les travailleurs de rue de La Piaule ont suivi la formation sur l’exploitation sexuelle.

Le rôle de La Piaule est donc de prévenir l’exploitation à l’aide des ateliers, mais également de soutenir les intervenants lorsqu’ils décèlent des signes chez une personne et au moment de passer à l’action.

Des fonds importants

Auparavant, les sommes étaient versées de façon triennale selon les projets de La Piaule. L’argent octroyé par le Programme de financement à la mission en exploitation sexuelle (PMES) reconnait donc le travail des organismes et leur garantit un financement récurrent. De ce fait, La Piaule est admissible à un financement de trois ans, conditionnel au respect des exigences du MSP.

«On peut solidifier ce qu’on bâtit depuis 2018. On avait commencé par réaliser un portrait de l’exploitation sexuelle au Centre-du-Québec et un plan d’action. Maintenant, notre objectif est d’outiller les intervenants afin qu’ils aient une base pour pouvoir agir sur l’exploitation sexuelle chez les jeunes», a indiqué Mme Boudreau.

Ainsi, La Piaule aura bientôt formé près de 300 intervenants, des milieux scolaires, institutionnels, policiers et d’organismes, au Centre-du-Québec, en matière d’exploitation sexuelle. Celle-ci peut se manifester de plusieurs façons, qui sont la prostitution, la pornographie, l’hypersexualisation ou même l’extorsion.

Présent à Drummondville

Bien informée de l’état de la situation dans la région grâce à des rencontres ponctuelles de comités cliniques de la région, Bianca Boudreau a été témoin de la transformation du phénomène de l’exploitation sexuelle. Elle donne l’exemple de l’évolution du recrutement par les proxénètes qui passe maintenant principalement par les réseaux sociaux; un phénomène exacerbé par la pandémie.

«C’est aussi une réalité qui se déplace. Les recruteurs ne sont pas fous. Ils savent que s’ils restent toujours au même endroit, ils vont finir par se faire prendre. L’année dernière, il y en avait beaucoup à Victoriaville. Maintenant, on entend qu’il y a certains endroits à Drummondville où il y aurait du recrutement», a signalé Bianca Boudreau.

D’ailleurs, la coordonnatrice remarque que de plus en plus de garçons sont victimes d’exploitation sexuelle. L’âge moyen d’entrée dans un réseau de prostitution est de 14 ans. Elle souligne qu’il peut être très difficile de sortir de ce milieu et que d’importantes séquelles, comme le choc post-traumatique, la toxicomanie et des problèmes de santé mentale, peuvent être vécues.

Le gouvernement du Québec a octroyé un montant total de 2 038 900 $ à 18 organismes communautaires luttant contre l’exploitation sexuelle des mineurs pour l’année 2022-2023. Le PMES vise à soutenir les organismes ayant une mission spécifique et une expertise reconnue en la matière.

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