La MRC de Drummond s’attaque aux matières résiduelles

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Par Emmanuelle LeBlond
La MRC de Drummond s’attaque aux matières résiduelles
Environ 80 mesures ont été établies dans le Plan de gestion des matières résiduelles 2023-2030. (Photo : gracieuseté)

ENVIRONNEMENT. La MRC de Drummond s’est fixé des objectifs ambitieux afin de réduire l’enfouissement des matières résiduelles, dans le cadre du Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) 2023-2030. Éducation et sensibilisation auprès de la population, investissement dans une étude sur l’offre de service, poursuite de la symbiose industrielle : plusieurs actions seront entreprises pour y arriver.

La MRC de Drummond a adopté en 2004 et en 2015 ses premier et deuxième PGMR. Le comité chargé du dossier des matières résiduelles a planché sur une nouvelle mouture, soutenue par une équipe de professionnels. Le projet a été adopté par les membres du conseil le 23 novembre.

Rappelons que le PGMR s’applique aux 18 municipalités de la MRC et qu’il couvre l’ensemble des générateurs de matières résiduelles, soit le secteur résidentiel, le secteur des industries, des commerces et des institutions (ICI) et le secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition (CRD).

Dans le cadre du troisième PGMR, la MRC a établi un plan d’action en fonction des nouvelles orientations gouvernementales et des objectifs issus du Plan d’action 2019-2024 de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles et de la Stratégie de valorisation de la matière organique (SVMO). Pas moins de 80 mesures s’y trouvent.

Christine Labelle est la directrice générale de la MRC de Drummond. (Photo: gracieuseté)

La mission principale est de réduire l’enfouissement des matières résiduelles. «Le gouvernement veut réduire la quantité de matières résiduelles produites à 525 kilogrammes par habitant. La performance de la MRC est à 795 kilogrammes par habitant, incluant tous les secteurs. On a du chemin à faire», mentionne la directrice générale de la MRC de Drummond, Christine Labelle.

Le secteur ICI génère une grande quantité de matières résiduelles, soutient-elle. Règle générale, le taux de récupération pour le secteur ICI est de 56 %, ce qui est en deçà de la statistique enregistrée en 2013 qui était de 61 %. Ainsi, il y a eu peu d’évolution, peut-on lire dans le PGMR.

L’éducation et la sensibilisation auprès de la population sont au cœur des priorités de la MRC. «L’équipe a fait le constat suivant : le secteur ICI manque d’information et de temps pour gérer les matières résiduelles générées. Comme elles sont livrées à elles-mêmes, elles doivent tout faire du début à la fin», souligne Christine Labelle.

Mentionnons que dans les 17 municipalités rurales, «les déchets provenant des plus petits ICI sont pour la plupart intégrés à la collecte municipale, et pour certaines, les déchets des organisations plus importantes le sont également». À Drummondville, seuls les ICI utilisant un maximum de deux bacs et situés sur le parcours de la collecte résidentielle sont intégrés à la collecte municipale. Autrement, des ententes individuelles doivent être prises avec un collecteur privé et un lieu d’élimination.

Encore aujourd’hui, les ICI n’ont pas accès au service d’écocentre de la MRC. Selon Christine Labelle, il s’agit d’un «obstacle supplémentaire».

La MRC de Drummond réalisera une étude sur l’offre de service en 2023. Le but est de connaître les besoins du territoire en termes d’infrastructures. «Est-ce qu’on doit agrandir l’écocentre actuel pour accueillir les ICI? Est-ce qu’on doit construire un autre écocentre dans la MRC pour favoriser l’accessibilité aux résidents?», se questionne la directrice générale.

Rappelons que la MRC prévoyait embaucher un consultant externe en 2021 afin de réaliser une analyse des besoins en écocentre sur le territoire. Cette nécessité réside dans le fait que des citoyens doivent parcourir plus de 25 kilomètres pour se rendre aux installations de la rue Saint-Roch Sud. Les démarches n’ont finalement pas abouties.

Symbiose industrielle

Afin d’augmenter la performance des ICI, il est essentiel d’assurer la poursuite des activités de Symbiose industrielle Drummond, tout en faisant connaître davantage ses services, appuie la directrice générale. Une somme de 50 000 $ sera versée à la Société de développement économique de Drummondville (SDED) par année à cet effet, affirme-t-elle.

Le but principal de la symbiose industrielle est d’aider, de soutenir et d’accompagner les entreprises qui veulent faire un pas vers le développement durable ou une transition écologique via l’économie circulaire, explique Marc-André Patry, conseiller en développement durable et industriel à la SDED. Les rebuts des entreprises sont revalorisés pour en faire de nouvelles matières premières.

Depuis le début du projet en 2017, 213 entreprises s’y sont jointes pour créer un total de 56 symbioses. Grâce à ces initiatives, c’est un total de 9060 tonnes de déchets qui ont été déviées de l’enfouissement et qui ont été réutilisées. La SDED estime que cela représente des économies de près de 500 000 $ pour les entreprises qui y ont participé.

Défi pour le secteur de la construction

Des améliorations doivent être apportées dans le secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition. Entre 43 856 et 48 374 tonnes de matières résiduelles ont été générées en 2019 et 33 % ont été récupérées. «Ce n’est pas très élevé quand on regarde les orientations du gouvernement», commente Christine Labelle, en reconnaissant qu’il y a du travail à faire. Dans le PGMR 2023-2030, l’objectif est fixé à 70 %.

Le secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition a généré en 2019 entre 43 856 et 48 374 tonnes de matières résiduelles.(Photo Ghyslain Bergeron)

Pour le secteur CRD, le territoire est maintenant desservi par deux centres de tri. La MRC de Drummond n’est pas en mesure de connaître les quantités ainsi que le type de matières collectées, comme c’est le cas avec les ICI. Par exemple, un sondage sur les modes de gestion des résidus de CRD a été acheminé à une soixantaine d’entrepreneurs et seulement 12 ont répondu en 2020, informe Christine Labelle.

En ce sens, la MRC souhaite dresser un meilleur portrait de la production des matières des secteurs ICI et CRD, en collaborant avec les municipalités.

Dans tous les cas, Christine Labelle qualifie le troisième PGMR «d’ambitieux». Plusieurs acteurs sont impliqués. «C’est la MRC qui a élaboré le PGMR, mais ce n’est pas nous qui le mettons en œuvre. Ce sont les municipalités. Aussi, on n’a pas le contrôle sur les ICI et les CRD. C’est essentiel d’avoir un bon esprit de collaboration.»

Volonté de changement

Depuis l’entrée en vigueur du premier PGMR, le territoire de la MRC de Drummond a connu des avancées. La quantité de résidus résidentiels enfouis annuellement est passée de 383 kilogrammes à 308 kilogrammes par habitant en 2013, puis à 230 kilogrammes par habitant en 2019. Des efforts ont été déployés au courant des dernières années pour arriver à cette baisse, soutient Christine Labelle. Pour la période couverte par le deuxième PGMR, cinq municipalités ont mis en place la collecte à trois voies, ce qui a eu pour effet de réduire la quantité de déchets enfouis. Toutes les municipalités du territoire sont desservies par la collecte porte-à-porte.

Les collectes ont également été optimisées en modifiant les fréquences, en tarifiant l’utilisation de bac à déchet additionnel, ainsi qu’en mettant en place des collectes ou des points de dépôts pour certaines matières comme les technologies de l’information et des communications (TIC), les feuilles mortes et sapins.

Un total de 52 actions ont été établies dans le deuxième PGMR. En date du 31 décembre 2021, 62 % d’entre elles ont été réalisées par les municipalités, la MRC et d’autres organisations. Quatre ont été complétées à la fin de l’année 2022, faisant augmenter le pourcentage à 70 %.

La gestion des matières résiduelles est un enjeu pris au sérieux par le milieu municipal et politique, fait savoir Christine Labelle. «Par exemple, les élus n’ont pas hésité à donner un coup de main à la Ressourcerie Transition. L’organisme, qui contribue à la revalorisation des matières résiduelles, avait fermé pour des problèmes financiers. Le conseil s’est mobilisé pour permettre à la Ressourcerie d’ouvrir ses portes», indique-t-elle, en précisant que le Pôle d’économie sociale du Centre-du-Québec a aussi collaboré à la reprise des activités de l’organisme.

Une assemblée de consultation publique sur le projet de PGMR de la MRC de Drummond se déroulera le 19 janvier à 19 h au Centrexpo Cogeco. Les citoyens, les groupes et les organismes sont invités à y prendre part. Ce sera l’occasion pour eux de se faire entendre. Le comité de gestion des matières résiduelles prendra connaissance des commentaires, analysant la première version du document. «Il s’agit de notre avenir. La réduction de la pollution passe par une meilleure gestion de nos déchets. Nous espérons que les gens se déplacent en grand nombre», termine Christine Labelle.

Statistiques en rafale

En 2019, les matières les plus récupérées sont le papier et le carton avec un taux de 75 % et le verre à 68 %. La matière ayant le moins bon taux de récupération est le plastique avec 34 %.

La performance de récupération s’est améliorée depuis 2013. Le taux de récupération pour l’ensemble des matières recyclables est passé de 56 % à 61 %.

En 2013, le taux de génération de matières recyclables par habitant pour l’ensemble de la MRC était de 143 kilogrammes par habitant. En 2019, ce dernier est passé à 121 kilogrammes par habitant.

Depuis l’entrée en vigueur du premier PGMR, les quantités des matières organiques récupérées ont augmenté. La quantité des matières organiques récupérées est passée de 65,5 kilogrammes par habitant en 2013 à 106 kilogrammes par habitant en 2019, soit une hausse de près de 62 %.

Selon l’outil de calcul de Recyc-Québec, 2776 tonnes de déchets encombrants ont été produites sur le territoire de la MRC. De ce nombre, 2332 tonnes ont été récupérées, soit 92 %, ce qui est une amélioration comparativement à 2013 où le pourcentage était de 60 %.

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