«Une coupe Stanley, ça ne se gagne pas tout seul» – Yvan Cournoyer

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Par Ghyslain Bergeron
«Une coupe Stanley, ça ne se gagne pas tout seul» – Yvan Cournoyer
Yvan Cournoyer a été capitaine des Canadiens de Montréal pendant quatre saisons. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SOUVENIRS. L’année 2022 en a été une marquante pour le hockeyeur Yvan Cournoyer. Il y a 50 ans, un aréna a été nommé en son nom à Drummondville puis il a participé et gagné la Série du siècle face aux Soviétiques. Retour sur les souvenirs de ce joueur d’exception. 

Celui qu’on surnomme le «roadrunner» n’a plus besoin de présentation. Il a arboré le «C» de capitaine pendant quatre ans, et avec dix conquêtes de la coupe Stanley avec les Canadiens de Montréal, Yvan Cournoyer estime que sa carrière a été bien remplie.

En mortaise, Yvan Cournoyer a fréquenté l’école Duvernay dans sa jeunesse. (Photo : Fonds Léo Bergeron)

«C’était mon seul rêve de jeunesse, jouer au hockey. Mon parrain m’avait offert des patins pour mon anniversaire. Mon père avait quant à lui fait une patinoire à côté de la maison et confectionné un aiguisoir à patins.»

«De plus, j’ai eu la chance de pouvoir travailler dans l’aréna qui se trouvait sur la rue Lindsay. Ça me permettait de pratiquer, car c’est ce qui te permet de t’améliorer, la pratique», a raconté l’homme qui a soufflé 79 bougies en novembre dernier.

Après avoir passé une partie de son enfance dans le quartier Saint-Simon et au centre-ville près de la basilique Saint-Frédéric, Cournoyer a déménagé à Montréal, vers l’âge de 13 ans, où il a perfectionné son art.

L’ascension du «roadrunner»

Dans les rangs mineurs, Yvan Cournoyer a toujours peaufiné son coup de patin et varié son entraînement. «Je jouais toujours avec des gars plus vieux, alors je devais être fort. J’avais une bonne musculation. Pour développer mes aptitudes, j’ai aussi pratiqué le baseball, le football», a ajouté l’ancien numéro 12 du Canadien.

Après trois saisons avec le Canadien junior de Montréal, où il a inscrit 206 points (115 buts et 91 passes), l’ailier droit a fait le saut dans la Ligue nationale de hockey (LNH) avec les Canadiens.

Yvan Cournoyer. (Photo d’archives, L’Express)

«C’est à Détroit que j’ai joué mon premier match professionnel, à 19 ans. J’étais une recrue et j’ai été blessé, alors je suis allé me refaire une santé dans les mineures. À mon retour avec le grand club, nous sommes allés gagner une coupe Stanley. C’est là que j’ai réalisé qu’une coupe Stanley, ça ne se gagne pas tout seul. Ça se fait en équipe», a ajouté Yvan Cournoyer.

Pendant les 16 années passées au sein de la LNH, le hockeyeur drummondvillois a remporté dix coupes Stanley, dont quatre comme capitaine, et participé à six matchs des étoiles. «Je ne me rappelle pas de toutes mes conquêtes (de la coupe), mais je me souviens de celle que nous avons perdue aux mains des Maple Leafs de Toronto en 1967… Je me console en réalisant qu’ils n’ont toujours pas remis la main sur le précieux trophée depuis ce temps!» a lancé, un sourire en coin, le récipiendaire du trophée Conn-Smythe, honneur remis au joueur le plus utile lors des séries éliminatoires, en 1973.

C’est avec le visage rempli de fierté que celui que l’on surnomme le «roadrunner» a revisité sa carrière. Justement, c’est à la suite d’un match joué contre les Rangers de New York vers 1970 que le sobriquet du «roadrunner» est né. «C’est un journaliste du Sports Illustrated qui m’a nommé ainsi. Il m’avait dit : you were like a roadrunner today. No one could touch you (tu étais comme un roadrunner aujourd’hui. Personne ne pouvait te toucher). Le surnom est resté. Mais, du même coup, ça venait de me coller à la peau, alors je n’avais pas le choix de toujours patiner vite!», a précisé M. Cournoyer.

Après avoir joué auprès des Jean Béliveau, Henri Richard, Guy Lafleur, Ken Dryden et Larry Robinson, Yvan Cournoyer a pris sa retraite lors de la saison 1978-1979 en raison de ses blessures.

«Je venais de signer un contrat de deux ans, mais le médecin m’a fait comprendre que pour ne pas hypothéquer le reste de ma vie, je devais me retirer.»

Yvan Cournoyer porte fièrement l’une de ses bagues de la conquête de la coupe Stanley. (Photo : Ghyslain Bergeron)

«Ce ne fut pas facile de tout arrêter du jour au lendemain, mais je n’étais plus capable. Mon style de jeu était d’aller dans le trafic, alors c’est normal d’être blessé. Je recommencerais la même chose si c’était à refaire. Porter le chandail du CH, c’est une fierté et les gens qui m’entouraient savaient que moi, tant qu’à jouer, je voulais gagner», a-t-il confié.

Le Blainvillois d’adoption a aussi laissé sa marque en tant qu’entraîneur-chef des Roadrunners de Montréal en 1994-1995 (roller-hockey) et avec les Canadiens, en 1996-1997, comme entraîneur adjoint.

À ce jour, Yvan Cournoyer agit comme ambassadeur du Club de hockey Les Canadiens de Montréal et assiste régulièrement aux matchs au Centre Bell.

La série du siècle

En 1972, le Canada et l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) se sont affrontés à huit reprises afin de déterminer laquelle des deux nations présentait la meilleure équipe de hockey sur glace au monde.

«Ç’a été toute une série! Les Russes ont joué physique et ils étaient pas mal meilleurs que nous pouvions le penser. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont remporté deux matchs ici et qu’ils nous ont soutiré un match nul. On savait que ce serait difficile une fois rendu là-bas», a raconté M. Cournoyer.

Yvan Cournoyer exhibe son chandail du Canada de la Série du siècle de 1972. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Malgré une autre défaite dans le cinquième match en URSS, l’équipe canadienne a su se rallier et imposer un style de jeu encore plus physique. Ils ont ainsi pu remporter les trois dernières parties en sol soviétique.

«J’ai inscrit le but égalisateur dans le match ultime. Mais le tournant de la série s’est joué sur un jeu inusité lors du but gagnant. Je devais rentrer au banc, mais j’étais fatigué et comme la patinoire était vraiment large, je suis resté le long de la bande. La rondelle est apparue sur mon bâton et j’ai renvoyé la rondelle dans la zone des Russes. Un joueur soviétique a tenté une sortie de zone et le disque est revenu vers moi, un peu à l’intérieur de la ligne bleue, dans la zone. J’ai lancé vers le filet et c’est à ce moment que mon coéquipier Paul Anderson a récupéré une rondelle dans l’enclave avant de déjouer Vladislav Tretiak avec un lancer bas, ce qui allait nous procurer la victoire par la suite», a exprimé le Drummondvillois.

La Série du siècle allait changer à tout jamais le visage du hockey.

Yvan Cournoyer apparaît sur une affiche promotionnelle en lien avec la Série du siècle de 1972. (Photo : Ghyslain Bergeron)

Dès ce moment, les décideurs du sport national canadien ont jugé que les joueurs européens devaient faire partie du hockey nord-américain. «À l’époque, on a réalisé seulement au retour en sol canadien de toute l’ampleur de cette série. Tout le monde avait regardé ça au pays. C’était complètement fou. On ne pourrait pas reproduire ça aujourd’hui, car le hockey s’est ouvert au monde. Après 50 ans, on peut encore admirer ce que ça apporté de bon au sport.»

Cette série aura marqué l’histoire, mais aussi servi à tisser des liens entre les joueurs des deux pays. «Dans le cadre d’un événement promotionnel à Toronto sur le duel entre le Canada et la Russie, je suis allé chercher Vladislav Tretiak à l’aéroport de Mirabel. Comme l’autre vol pour Toronto était plus tard en journée, je l’ai invité à la maison. Je lui ai prêté un maillot de bain et il en a profité pour se baigner. Je me disais que ça ne se pouvait pas… Tretiak était dans ma piscine!»

Statistiques dans la LNH

  • 840 matchs
  • 311 buts
  • 343 passes
  • 654 points
  • 10 coupes Stanley
  • 6 participations au match des étoiles
  • 1 trophée Conn-Smythe

Les honneurs

  • L’aréna Olympia Yvan-Cournoyer nommé en son honneur en 1972 à Drummondville
  • Admis au Temple de la renommée du hockey en 1982
  • Son chandail numéro 12 a été retiré en 2005 par les Canadiens de Montréal
  • En 2017, nommé dans le palmarès des 100 meilleurs joueurs de la LNH
  • Récipiendaire du meilleur whisky lors du J.P. Wiser’s Alumni Whisky series
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