JUSTICE. Épinglé avec 344 vidéos de pornographie juvénile, Benjamin Bujold a pris la direction de la prison lundi après avoir reçu une sentence de trois ans d’emprisonnement et dix ans d’interdiction d’accès à Internet et aux réseaux sociaux.
Si Benjamin Bujold s’est retrouvé à nouveau devant la justice, c’est à la suite d’une dénonciation de Facebook, le 24 octobre 2018, qui avait identifié des téléchargements liés à de la pornographie juvénile. Plusieurs autres signalements, provenant notamment de Snapchat, ont permis d’identifier que l’adresse IP derrière ces activités suspectes correspondait à Benjamin Bujold.
«Il y a eu une enquête. Il y a une perquisition», a exposé la procureure à la Couronne, Vicky Smith.
Quatre fichiers d’image et 344 vidéos ont alors été saisis en lien avec de la pornographie juvénile.
Risque de récidive élevé
Selon Me Smith, les rapports présententiel et sexologique qui ont été produits durant la dernière année allèguent la présence de certaines déviances chez l’accusé et indiquent la présence d’un risque de récidive élevé. «C’est préoccupant!», a-t-elle laissé tomber, lors du prononcé de la sentence au palais de justice de Drummondville.
À la lumière des rapports, l’homme de 24 ans se déresponsabilise en prétextant avoir téléchargé de la pornographie juvénile pour son conjoint, alors qu’il a des antécédents criminels en semblable matière.
Il ne s’agit pas d’une erreur de jugement ni d’une erreur de parcours, évalue la juge Marie-Josée Ménard, qui dit respecter la sexualité entre adultes consentants.
«Mais vous, votre sexualité implique plus des enfants mineurs. Avec la pornographie juvénile, chaque fois que vous téléchargez ou accédez à une page, une image où un enfant est exposé, c’est une victime. Il n’y a aucun enfant qui choisit de se faire molester, de se faire abuser sexuellement et d’être vu à travers l’univers», a-t-elle tenté de lui faire comprendre.
344 petites victimes
«Avec ces 344 vidéos, j’ai 344 petites victimes. Comprenez-vous? Si c’était votre petit frère, votre petite sœur, votre petit cousin ou petite cousine, vous espéreriez que la société, que la justice s’implique et dénonce ces comportements?», a-t-elle questionné.
En guise de sensibilisation, la juge a rappelé que ces petites victimes, un jour, deviendront des adultes. Malheureusement, ces personnes seront blessées émotivement, physiquement et ne feront pas confiance aux adultes.
Dans le box des accusés, Benjamin Bujold semblait mal à l’aise. «C’est clair que je ne recommencerai plus», a balbutié le jeune adulte, qui s’était présenté à l’audience avec ses effets personnels pour son séjour en prison.
La juge l’a averti qu’il n’avait pas intérêt à commettre à nouveau des crimes sexuels après sa sortie du pénitencier. «Vous n’avez plus le droit à l’erreur», a prévenu celle qui lui aurait imposé une peine plus sévère, considérant le nombre de vidéos et la durée des infractions commises.
Les trois ans de pénitencier découlent d’une suggestion commune venant des deux procureurs au dossier, après maintes discussions.
La juge Ménard a finalement insisté pour que M. Bujold trouve de l’aide durant son séjour en milieu carcéral afin qu’il apprenne «à gérer sa sexualité pour qu’elle soit adéquate et qu’elle ne fasse plus de victimes».
Délinquant sexuel à vie
En plus de sa peine de trois ans d’emprisonnement, concurrents sur chacun des chefs, M. Bujold sera inscrit au registre des délinquants sexuels à perpétuité. Il est soumis à un prélèvement d’ADN par prise sanguine sans délai.
Pour encadrer sa sortie du pénitencier, l’accusé devra respecter plusieurs autres conditions impliquant entre autres des mineurs de 16 ans et moins. Il lui sera interdit d’utiliser Internet ou tout réseau social suivant sa libération pendant dix ans. «On va vous avoir à l’œil, Monsieur», a déclaré la juge Ménard, avant de lui souhaiter bonne chance.