Il réussit à se sortir de la rue à 19 ans 

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Par Emmanuelle LeBlond
Il réussit à se sortir de la rue à 19 ans 
Le couple a surmonté les difficultés personnelles pour leur permettre d’avancer.  (Photo : Ghyslain Bergeron)

TÉMOIGNAGE. Vivre dans la rue en dormant sur des bancs de parcs et sous des ponts : voici la réalité dans laquelle se trouvait Lancelot Languérand lorsqu’il était âgé de 18 ans. C’est grâce à la Maison Habit-Action qu’il a développé des outils pour s’en sortir, en volant de ses propres ailes. 

Lancelot revenait du boulot lorsqu’il s’est rendu à la Maison Habit-Action pour s’entretenir avec L’Express. En débarquant de la voiture, il s’est dirigé vers le siège arrière pour aller à la rencontre de sa fille Charlie. Un large sourire s’est dessiné sur le visage du jeune homme lorsqu’il a remarqué que sa copine, Christine Marquis, le rejoignait à l’extérieur.

«Ça fait environ une semaine que j’ai mon permis de conduire. C’est toute une fierté», fait-il savoir à l’auteure de ces lignes.

Le jeune homme de 22 ans accumule les réussites depuis un certain temps. Il loge dans un appartement à Drummondville en compagnie de Christine et de Charlie. Il a un nouvel emploi qui le satisfait et il est sobre depuis six mois. «Depuis que la petite est là, je n’ai pas le goût de recommencer. C’est sûr que j’ai des obsessions de temps à autre. La drogue a fait partie de ma vie pendant longtemps. À l’âge de 12 ans, je consommais tous les jours.»

Le Drummondvillois a eu une jeunesse assez mouvementée. Ce n’était pas de tout repos à la maison, alors que son père était alcoolique et toxicomane. Lancelot a entre autres subi de la violence. Il a commencé à prendre de la marijuana dès son entrée à l’école secondaire. «Je manquais mes cours. Je n’allais pas à mes retenues. Je n’écoutais pas les règles», souligne-t-il.

De 12 à 18 ans, Lancelot a été dans six familles d’accueil et il a été placé à trois reprises en centre jeunesse. «Lorsque j’ai eu ma majorité, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a décidé que c’était fini. J’ai été ramené chez mes parents. Ça n’allait pas mieux qu’avant», se remémore-t-il.

Après un moment, le jeune homme s’est retrouvé à la rue à la suite de la vente de la maison familiale. Lancelot était sans emploi et sans logement. «J’ai décidé de me tourner vers la drogue. C’était un monde qui était à portée de main pour moi. La seule chose qui était dans ma tête, c’était de trouver de l’argent pour en faire», mentionne-t-il, en précisant que c’était son moyen de survie.

Pendant huit mois, Lancelot a dormi sur des bancs de parc et sous des ponts. Parfois, il était hébergé par des connaissances. Il a également logé chez une amie, pour finalement retourner à la case de départ.

Pour se sortir la tête de l’eau, le Drummondvillois s’est tourné vers l’Ensoleilvent. Après avoir étudié son dossier, l’organisme l’a référé à la Maison Habit-Action, question de mieux répondre à ses besoins.

Lancelot a déménagé à cet endroit, pour y habiter pendant environ un an. «J’ai réalisé qu’il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide. Les intervenants sont présents, peu importe la situation. Il ne faut pas rester seul là-dedans.»

Nouvelle ère

La Maison Habit-Action est un organisme d’hébergement communautaire et temporaire pour les jeunes de 18 à 30 ans en difficulté, et ce, depuis 35 ans à Drummondville. Des intervenants sont sur place pour soutenir et accompagner les locataires. Cette ressource vise la réinsertion sociale et économique des jeunes adultes.

Lancelot a fait plusieurs apprentissages au courant de son séjour. «Ils m’ont aidé au niveau de la recherche d’emploi et de la débrouillardise en appartement. À la maison, je contribuais aux tâches ménagères et à la préparation des repas.»

Le jeune homme a amorcé une transition en logeant dans un appartement supervisé, en lien avec l’organisme. Ensuite, il a fait le saut dans un appartement avec un colocataire.

Le couple file le parfait bonheur en compagnie de leur fille. (Photo Ghyslain Bergeron)

Sa rencontre avec Christine a été déterminante. «On s’était rencontré à l’hiver en activité de patin avec la Maison Habit-Action. Elle était en appartement supervisé à l’époque. L’été suivant, on s’est contacté sur les réseaux sociaux. Elle ne connaissait pas beaucoup de gens à Drummondville puisqu’elle venait de Saint-Hélène-de-Bagot. J’ai décidé d’aller chez elle. Il était trop tard pour le retour à la maison parce qu’il y avait le couvre-feu. Depuis ce temps-là, je ne suis jamais reparti», se remémore-t-il, les yeux brillants.

Christine a également utilisé les services de l’organisme. Elle a quitté le nid familial à l’âge de 18 ans. Grâce à son passage à la Maison Habit-Action, la jeune femme a amélioré sa confiance en soi, tout comme son autonomie. Celle-ci doit entre autres jongler avec un trouble d’anxiété généralisé et un trouble de personnalité limite.

Vie commune

Lancelot et Christine ont trouvé un appartement, après trois mois de recherche. Le couple se supporte à travers les hauts et les bas du quotidien. Leur fille représente un rayon de soleil dans leurs vies. «Charlie nous apporte un lot de défis. On apprend chaque jour. C’est aussi une belle motivation dans nos difficultés personnelles. Ça a vraiment changé nos vies pour le mieux. Ça nous amène à nous dépasser et à persévérer», amène la mère de 21 ans.

À court terme, les amoureux se souhaitent de la stabilité. «On veut offrir tout ce qui a de mieux à la petite. On y va au jour le jour. Éventuellement, on aimerait avoir une maison et un deuxième enfant si ça se présente.»

À propos de la Maison Habit-Action

La Maison Habit-Action est composée de six chambres pouvant accueillir neuf jeunes à la fois. Du 1er avril 2021 au 31 mars 2022, l’organisme a hébergé 61 jeunes différents. L’âge moyen des résidents est de 23 ans. L’organisme offre également un soutien post-hébergement, tout comme six appartements supervisés.

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