L’accident de motoneige qui a tout changé

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Par Lise Tremblay
L’accident de motoneige qui a tout changé
Yannick St-Sauveur et son chien Chappie avec qui il aime courir dans la forêt. (Photo : Gracieuseté)

COURSE. Yannick St-Sauveur est un coureur expérimenté et talentueux. Mythique marathon de Boston et Ironman de Mont-Tremblant faisant partie de sa longue feuille de route, il a été de toutes les lignes de départ, le couteau entre les dents, ce désir de performer dans le coeur. Le 11 février 2021, un grave accident de motoneige a tout changé et est étonnamment venu ajouter le mot «plaisir» à ses costauds entraînements.

Au cours de la dernière année, Yannick St-Sauveur, 48 ans, a fait preuve d’une résilience et d’un courage hors du commun pour se relever de ce terrible accident de motoneige survenu à Warwick et qui l’a blessé grièvement.

«Je vis tout à fond, que ce soit ma vie professionnelle, familiale ou sportive. Pour donner une idée, en douze ans, j’ai couru 15 marathons un peu partout en Amérique du Nord, un ironman et des demi-ironman. Ce jour-là, j’étais en congé et je suis allé à motoneige avec des amis. J’étais très fébrile, peut-être trop. Juste avant l’accident, il y a eu deux ou trois moments où j’ai eu des hésitations, des petits signes. Le sentier était mal signalé et il y a eu cette courbe prononcée. J’ai perdu le contrôle et j’ai frappé un arbre», a raconté M. St-Sauveur, qui occupe le poste de directeur des ventes au sein de l’entreprise Soucy.

Après avoir chuté dans un fossé, il a reçu l’aide d’une infirmière qui circulait aussi en motoneige. «Elle m’a demandé de ne pas bouger et elle s’est assuré de me faire transporter à l’hôpital d’Arthabaska», a-t-il ajouté. Le verdict a été sans appel, troublant : fracture du bassin, luxation de la hanche, fracture de trois vertèbres, de six côtes, du sternum et d’un pouce. Compte tenu de l’importance de ses blessures, il est transféré au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec où il a été pris en charge et opéré par un orthopédiste spécialisé dans l’entourage du Rouge et Or. Vis et plaques de métal ont été installées dans son corps brisé.

«Ils m’ont demandé quelles étaient mes attentes par rapport au sport. Je leur ai répondu qu’il y avait plein d’affaires dans ma bucket list et que j’étais content de les avoir réalisées. Je voulais juste être capable de courir à nouveau avec mes amis et mon chien Chappie. Le médecin m’a répondu : “Certainement, mais laisse-toi une porte ouverte, la santé n’est pas une science précise”», a raconté le Drummondvillois, attablé devant un café glacé au Morgane.

M. St-Sauveur a subi douze fractures à la suite d’un violent accident de motoneige. (Photo Gracieuseté)

Après l’opération, Yannick St-Sauveur a été transféré à l’hôpital Sainte-Croix. Il a aussi entrepris un programme de réadaptation au centre l’Interval où il soutient avoir reçu de précieux conseils.

«À travers mon parcours, j’ai eu la chance de rencontrer que de bonnes personnes dans les hôpitaux (…) Ce n’était pas toujours évident. Je me suis déplacé trois mois avec une marchette. Je n’étais pas rendu au bout de mes peines, car un peu plus tard, j’ai commencé à avoir très mal à une jambe. Je suis allé à l’hôpital et on découvert que j’avais un caillot de sang près d’un genou qui a causé une thrombose et une embolie pulmonaire», a communiqué M. St-Sauveur, qui doit constamment porter des bas de contention pour faciliter sa circulation sanguine.

«C’était à en pleurer»

Pour aider son corps à retrouver force et agilité, l’athlète a dû puiser au fond de sa détermination. Cinq mois après l’accident, il a recommencé à faire un peu de vélo suivi, peu de temps après, de l’aquajogging à la piscine intérieure.

«Quand j’ai recommencé à bouger, c’était à en pleurer. C’est là que j’ai réalisé à quel point le sport est important dans ma vie. Mon corps retrouvait ses mouvements et ses réflexes peu à peu. Pour ma femme Nancy, qui est passée à travers ses propres enjeux de santé comme une vraie guerrière, j’ai décidé que j’allais m’en sortir et me remettre sur pied. J’ai pris cette décision alors que j’étais encore dans le fossé», a partagé le Drummondvillois, avec émotion.

Le 22 mai prochain, il sera à la ligne de départ du demi-marathon de la course des Chênes-toi, un exploit considérant son passage à l’unité des grands traumatisés. Sa grande forme physique, et la présence de sa famille et de ses amis tout au long de son parcours du combattant, auront certainement contribué à sa réadaptation.

«Je progresse bien et j’ai déjà hâte de franchir la ligne d’arrivée! La course des Chênes-toi a toujours fait partie de ma vie. Je n’ai jamais manqué une édition. Tu sais, mon parcours de coureur en est un de souffrance. Ce n’est pas toujours le fun de s’entraîner pour le marathon de Boston et pour le Ironman de Tremblant. C’est très difficile, d’autant plus que moi, je n’ai pas ça naturellement. Tout a changé depuis l’accident. Les objectifs, c’est fini pour moi. Quand je cours maintenant, je fais juste apprécier le moment. Le plaisir est en tête de liste et je n’aborderai plus les événements de la même façon», a exprimé Yannick St-Sauveur, le regard vif.

La Course des Chênes-toi aura lieu le 22 mai. Le départ du demi-marathon est prévu pour 7h.

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