Marina Bonard : prison à perpétuité pour un meurtre «absurde»

CAROLINE LEPAGE
Marina Bonard : prison à perpétuité pour un meurtre «absurde»
Marina Bonard (Photo : Archives)

JUSTICE. Marina Bonard a écopé d’une peine d’emprisonnement à perpétuité après avoir plaidé coupable à des accusations de meurtre au deuxième degré de son père Jean Bonard, mort à 76 ans dans des circonstances «absurdes».

«Marina, nous ne savons pas si tu as un certain repentir, mais le mal est fait. Tu as enlevé la vie et ton père nous manquera pour toujours. Aujourd’hui, nous demandons que justice soit faite afin que tu ne reproduises pas un geste pareil et que nous puissions enfin tourner la page et faire notre deuil», a exprimé la nièce de la victime, Magali Perrier, avant que la sentence soit prononcée le 19 avril dernier.

L’annonce de la mort de Jean Bonard, survenue le 19 juillet 2019 à sa résidence de la rue Maisonneuve à Drummondville, a été foudroyante pour sa famille. L’avocate de la Couronne, Vicky Smith, a rapporté le sentiment d’incompréhension que partagent les proches blessés de vivre la perte de Jean Bonard, qui était comme un ami. Personne ne comprend pourquoi ce meurtre est arrivé.

«Le caractère absurde dans lequel s’est déroulé ce drame nous a plongés dans un état de colère et d’injustice insupportable. Il est difficile d’accepter une telle tragédie, surtout qu’elle implique un autre membre de la famille. (…) Jean était un bon mari, un bon père, un frère et un homme très apprécié», a ajouté la nièce.

Du banc des accusés, Marina Bonard a lu à la juge Lyne Décarie un mot qui était difficilement compréhensible pour les membres de l’audience. Celle-ci a parlé de sa relation antérieure avec son père et de cette triste histoire qui l’a poussée à poser ces gestes irréparables. «Je ne suis pas une criminelle… pas autant que vous le pensez», a-t-elle marmonné.

La détenue se disait tout de même d’accord avec l’exposé des faits déposé à la Cour en même temps que son plaidoyer de culpabilité.

«Le mobile du meurtre est nébuleux et demeure inexpliqué», a confirmé la juge Lyne Décarie.

Autiste, mais criminellement responsable

À l’automne 2021, Mme Bonard a subi une évaluation psychiatrique pour déterminer sa responsabilité criminelle ou non. «On a cherché longtemps à comprendre sa situation», a expliqué l’avocate de Mme Bonard, Catherine-Valérie Levasseur.

D’après les informations partagées au palais de justice de Drummondville, la psychiatre de l’Institut Philippe-Pinel a conclu «qu’il n’y a aucune indication d’appliquer l’article 16 du Code criminel et qu’il n’y a pas d’évidence de psychose chez l’accusée».

Mme Bonard souffre du spectre de l’autisme et a un potentiel intellectuel dans les limites de la norme.

Cette femme, aujourd’hui âgée de 38 ans, n’a aucun antécédent judiciaire ni problème de consommation quelconque. Originaire de France, elle a immigré au Canada en 1996. Sa mère s’est suicidée en 2014.

Mme Bonard entretiendrait encore de l’animosité à l’égard de son défunt père et ne démontrerait pas vraiment de remords à la suite de son meurtre, ce qui serait notamment un trait des personnes ayant un diagnostic du spectre de l’autisme.

Confrontée à des difficultés de fonctionnement apparues à un très jeune âge, elle a réussi une sixième année de niveau primaire et a suivi un parcours spécialisé en raison de distractions importantes.

Étant déclarée inapte à l’emploi, cette célibataire, qui avait 35 ans au moment du meurtre, n’avait pas d’enfant et recevait des prestations d’aide sociale. Elle habitait seule dans un logement à Trois-Rivières.

Aucune libération avant 10 ans

La juge Décarie a accepté la suggestion commune faite par les deux avocates, voulant que l’accusée purge au moins 10 ans avant de pouvoir faire une demande de libération conditionnelle.

«Mme Bonard sera libérée après 10 ans de détention; ça veut simplement dire qu’elle sera admissible pour une libération conditionnelle à partir de ce temps. Une libération conditionnelle n’est pas automatique», a précisé la juge.

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