FESTIVAL. Les Rendez-vous Québec cinéma ont débuté en force à Drummondville, alors que les comédiens et les artisans du film Noémie dit oui ont foulé le tapis bleu, jeudi soir, au cinéma Capitol.
L’ambiance était à la fête. Toute l’équipe était heureuse de se retrouver pour entamer la tournée régionale de Noémie dit oui. Ils arrêteront à plusieurs endroits au courant de la semaine, de Gatineau à Trois-Rivières. C’est Drummondville qui ouvre le bal.
Les comédiens étaient ravis d’aller à la rencontre du public. À leurs yeux, c’est une manière de faire rayonner le long métrage à l’extérieur de la métropole. «Noémie dit oui est un film qui lève le voile sur la prostitution juvénile. Il a été tourné à Montréal et dépeint la réalité de cet endroit. La prostitution, ça se passe partout. Chaque ville a sa propre histoire. C’est une occasion d’en parler», mentionne James-Edward Métayer.
Maxime Gibeault adopte la même position. «C’est magnifique d’avoir la chance de faire cette tournée. Je trouve ça beau. Ça nous permet de porter notre message. Le film doit être vu parce que le film est nécessaire», soutient-il.
Éveiller les consciences
Le long métrage raconte l’histoire de Noémie, une adolescente de 15 ans qui figure d’un centre jeunesse en quête de liberté. Elle rejoint son amie Léa, qui l’introduit au monde de la prostitution.
La scénariste et réalisatrice Geneviève Albert s’est lancée dans ce projet il y a sept ans. Au départ, c’est une statistique qui l’a interpellée. «L’âge d’entrée dans la prostitution se situe entre 14 et 15 ans au Canada. Ça m’a bouleversée. Je me suis dit que je devais aborder le sujet dans mon premier long métrage.»
Afin de se familiariser avec le milieu, elle est allée à la rencontre d’adolescentes et de femmes qui ont vécu de la prostitution. Elle a discuté avec des survivantes qui ont retrouvé leur liberté. Ces dernières ont partagé une partie de leur histoire, en se livrant à cœur ouvert. «Cette matière première a été fondamentale dans l’écriture de mon scénario», mentionne-t-elle. Question de connaître l’envers de la médaille, elle a aussi questionné un proxénète.
Geneviève Albert a tout de suite pensé à Kelly Depeault pour incarner le personnage de Noémie. «Je l’ai vu dans le film la Déesse des mouches à feu. Pour moi, c’était une révélation. C’est une actrice d’une grande justesse. Elle a une présence très forte à l’écran, qui n’appartient pas à son talent ni à son travail. C’est quelque chose qu’elle porte en elle.»
Kelly Depeault a été déstabilisée par le scénario. Au départ, elle comptait décliner l’offre de la réalisatrice. «J’ai accepté de prendre un café avec elle. Elle m’a parlé de sa vision. La pornographie est souvent faite pour les hommes. La femme est sexualisée et considérée comme un objet. Geneviève me proposait quelque chose de différent. Ça m’a mis en confiance», raconte celle qui a finalement accepté de prendre part à cette aventure.
En plus de montrer l’envers du décor de la prostitution juvénile, Noémie dit oui met un visage sur le phénomène en braquant la caméra sur les clients. «Pour moi, le problème numéro un dans la prostitution, c’est les clients. Sans eux, il n’y aurait pas de prostitution. Étrangement, les clients sont invisibles dans notre société, alors qu’on parle beaucoup des prostituées et des travailleuses du sexe. Dans les films, c’est la même chose. C’est rare qu’on tourne la caméra vers eux dans les scènes de prostitution. Je voulais leur donner un corps et une présence», amène la réalisatrice.
Dans tous les cas, Geneviève Albert souhaite que ce long métrage éveille les consciences. «J’espère que c’est un film qui va toucher les gens et les ébranler. C’est quand on est touché avec le cœur qu’on se met à y réfléchir et à passer à l’action», souligne-t-elle, avec conviction.
Une programmation variée
Le festival se poursuit dès vendredi. Pas moins de 17 films seront présentés au cinéma Capitol.
La journée débute à 13 h avec la projection de Prière pour une mitaine perdue de Jean-François Lesage et Bootlegger de Caroline Monnet. Les films La guerre nuptiale de Maxime Desruisseaux et l’Archipel de Félix Dufour-Laperrière sont à l’affiche à 15 h 30. Les représentations de 18 h 30 sont celles de Rêver ma vie de Guillaume Venne et Gabor de Joannie Lafrenière.
Mentionnons qu’un tapis rouge est organisé pour célébrer la première du film Rêver ma vie. Toute l’équipe du long métrage sera présente pour l’occasion. À la fin de la représentation, Guillaume Venne répondra aux questions du public.
À compter de 21 h 15, un premier bloc composé de six courts métrages sera présenté au public. Le film La contemplation du mystère de Albéric Aurtenèche sera également projeté à 21 h 15.
Les festivaliers peuvent consulter la programmation en ligne sur le site web des RVQC au https://rendez-vous.quebeccinema.ca/grille-horaire-drummondville/ et se procurer leurs billets.
Il est aussi possible de se procurer un accès virtuel afin de visionner les films du festival dans le confort de son foyer.