L’Atelier québécois résiste

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Par Cynthia Martel
L’Atelier québécois résiste
La surface du vrac est composée de huit étagères remplies principalement de produits destinés aux tâches ménagères et soins corporels. (Photo : Gracieuseté)

COMMERCE. Alors que la pandémie a eu raison de plusieurs magasins zéro déchet dans la province, l’Atelier québécois situé au centre-ville de Drummondville a réussi à garder la tête hors de l’eau. Mais la propriétaire y est parvenue non sans sacrifice.

Ouvert depuis bientôt cinq ans, l’Atelier québécois propose un coin boutique regorgeant d’articles confectionnés par des artisans d’ici et une surface de produits en vrac. La propriétaire, Émilie Bluteau, a commencé modestement avec une étagère et demie de produits en vrac, principalement destinés aux tâches ménagères et soins corporels. Actuellement, huit étagères sont remplies.

«J’offre des produits ménagers et pour le corps ainsi que divers ingrédients pour la fabrication de produits corporels. Durant la pandémie, les gens ont commencé à faire plus de choses par eux-mêmes, donc j’ai diversifié mon offre de ce côté», indique-t-elle.

L’Atelier québécois a également proposé pendant quelques années une variété d’aliments, mais pour diverses raisons, cette offre a été retirée.

«Au début de la pandémie, mon permis venait à échéance et je ne l’ai pas renouvelé ne sachant pas trop ce qui arriverait par la suite. Et même si ce sont des produits non périssables, ça prend quand même un certain roulement dont je ne parvenais pas à faire. La compétition était un autre enjeu. À court terme, je ne pense pas retourner vers ça», explique Mme Bluteau.

La propriétaire Émilie Bluteau. (Photo Cynthia Giguère-Martel)

L’Atelier québécois a pu demeurer ouvert tout au long des deux dernières années parce qu’il était considéré comme un commerce essentiel étant donné sa surface de vrac. Malgré quelques baisses d’achalandage, Mme Bluteau a observé un bon roulement.

«Au tout début, ç’a été la folie du Purell. En deux jours, tout était écoulé! Par la suite, les gens ont changé leurs habitudes, soit en faisant préparer leur commande à distance. Il y a eu de gros temps morts, c’est certain, mais les habitués et ceux qui ont adopté complètement le mode de vie zéro déchet continuaient de venir régulièrement. J’ai remarqué que les gens viennent moins souvent, mais passent de plus grosses commandes. Je n’ai pas eu beaucoup de nouveaux clients aussi», détaille-t-elle.

Selon la propriétaire, son offre en vrac a visiblement sauvé son commerce.

«Le vrac, c’est ce qui me fait vivre. Ça me permet d’aller chercher une plus grande marge de profit, alors que le coin boutique est un plus pour mon entreprise. Ça m’a aussi permis d’amener mes quelques clients que j’avais durant la pandémie», explique l’entrepreneure.

Avant l’arrivée de la COVID-19, le vrac représentait la moitié des ventes du commerce; maintenant, c’est davantage 65 %, même 70 %. Un client sur deux venait spécifiquement pour les produits zéro déchet alors qu’actuellement, le 3/4 de la clientèle arrive avec ses récipients vides.

Pour parvenir à laisser son commerce ouvert, Mme Bluteau a tout de même fait quelques sacrifices. En plus d’avoir retiré l’offre alimentaire, la propriétaire a réduit son nombre d’employés et la surface de plancher.

L’Atelier québécois propose aussi un coin boutique regorgeant d’articles confectionnés par des artisans d’ici. (Photo gracieuseté)

«Jusqu’à la pandémie, nous étions trois employés, maintenant il n’y a que moi à temps plein et une employée le week-end. De plus, pour couper les dépenses, j’ai réduit ma surface. Oui, ce ne sont pas tous des choix faciles, mais mieux vaut ça que tout arrêter», convient-elle.

Si certaines personnes ont réduit leurs efforts environnementaux au cours des deux dernières années, notamment en raison des mesures sanitaires et de la peur des microbes engendrée par la manipulation des produits, Émilie Bluteau a néanmoins constaté deux changements positifs. D’abord, elle a remarqué une effervescence des produits québécois possiblement grâce à la sensibilisation entourant l’achat local. Qui plus est, comme elle l’a mentionné plus haut, les gens ont développé un grand intérêt pour la fabrication de produits.

L’entrepreneure demeure optimiste quant à l’avenir et est convaincue que la population poursuivra ses efforts de réduction à la source et consommera de plus en plus de produits en vrac.

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