«Je ne pense pas qu’on soit la bonne cible» -François Deshaies

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Par Louis-Philippe Samson
«Je ne pense pas qu’on soit la bonne cible» -François Deshaies
Pour une troisième fois en près de deux ans, le gouvernement oblige la fermeture des salles d’entraînement. (Photo : Gracieuseté)

GYMNASES. L’annonce redoutée s’est produite à 13 h lundi. Les salles d’entraînement devaient fermer leurs portes dès 17 h le jour même. À Drummondville, cette troisième fermeture en près de deux ans est difficile à avaler.

Propriétaire du Gymnase Drummond, François Deshaies dit comprendre la décision, mais il ne croit pas que les gyms soient la bonne cible. «Je comprends que le gouvernement doit prendre des décisions; les cas n’arrêtent pas de monter. La seule chose que je trouve difficile, c’est encore les gyms qui écopent. Il y a certains secteurs qui peuvent continuer et on reste toujours la ligne de mire. Depuis un moment, on reçoit moins de gens et c’est plus tranquille; les gens sont vaccinés. Je ne pense pas qu’on soit la bonne cible présentement», a commenté M. Deshaies.

Nouvellement propriétaire du Gym Proactif, Mylène Arseneau partage l’opinion de son confrère. Elle trouve dommage de voir des commerces où la vaccination n’est pas requise demeurer ouverts alors que les salles d’entraînement ferment malgré toutes les mesures en place.

«Il y a des commerces qui peuvent rester ouverts où des gens, parfois non vaccinés, peuvent toucher à des objets à répétition sans qu’ils soient désinfectés. Pendant ce temps, les gyms ferment. Nos clients doivent être doublement vaccinés pour entrer; ils portent le masque et doivent désinfecter leur appareil avant et après chaque utilisation. Je ne comprends pas pourquoi nous écopons», a-t-elle mentionné.

Mme Arseneau se demande aussi pourquoi des activités sportives peuvent se tenir, avec un maximum de 25 personnes, alors que son gymnase, où les appareils sont distancés de deux mètres, ne peut pas demeurer ouvert.

François Deshaies affirme qu’aucune éclosion n’a eu lieu dans son établissement. «Ça n’a jamais été problématique chez nous. Les gens font attention aux règles et on a mis des systèmes en place pour suivre les directives», a-t-il ajouté.

De plus, la présente fermeture laisse les propriétaires de salle d’entraînement quelque peu dans l’inconnu. François Deshaies constatait, comme tout le monde, l’augmentation quotidienne des cas, mais ne croyait pas devoir fermer à quelques heures d’avis. Le ministre de la Santé Christian Dubé a annoncé une fermeture jusqu’au 10 janvier, une date potentiellement irréaliste, selon ce propriétaire.

«Honnêtement, j’y crois peu à une réouverture le 10 janvier. J’ai l’impression qu’on sera fermé plus longtemps. J’espère que non. On est très dépendant de ce qui va se passer. L’avantage, c’est qu’on est rendu bon à la troisième fermeture. On sait quoi faire et quoi mettre en place rapidement. Reste que ça ne pourra pas demeurer comme ça sans arrêt», a-t-il indiqué.

Enjeux financiers

Les fermetures à répétition entraînent également des enjeux financiers pour les propriétaires de salles d’entraînement. Traditionnellement, le mois de janvier représente un moment très occupé pour ces établissements.

«On fonctionne déjà de façon très limitée. Ça vient nous donner un autre coup alors que nous avions nos promotions des Fêtes. Ça ne pourra pas fonctionner comme ça éternellement. Il faut qu’il y ait de l’aide», a affirmé François Deshaies.

Mylène Arseneau a fait l’acquisition de Gym Proactif alors que l’ancien propriétaire a déclaré faillite. Dans ces circonstances, elle affirme ne pas avoir accès à des programmes d’aide gouvernementaux et doit ainsi assumer l’entièreté des frais de l’entreprise.

«Le premier réflexe de certains a été de se ruer ici pour demander l’annulation de leur abonnement. Ça crée une situation de risques. Si on n’a pas d’aide gouvernementale, si on n’a pas d’appui financier, honnêtement, je ne vois pas comment les propriétaires de gymnases pourront passer à travers cette crise-là une fois de plus», a indiqué Mme Arseneau qui garde tout de même l’espoir malgré les craintes.

Des programmes d’aide auxquels les gymnases peuvent s’inscrire existent. Cependant, M. Deshaies dénonce la lourdeur administrative des démarches, qui doivent être réalisées.

«C’est de la longue paperasse à remplir. Tous ces prêts-là, il faudra les rembourser éventuellement. Il faudrait que le principe soit un peu plus facile. Parfois, on se demande pourquoi ils ont besoin de certaines choses. À force de toujours être la cible, on ne pourra pas toujours conserver cette cadence», a-t-il prévenu.

Ce dernier mentionne également que ces fermetures forcées nécessitent beaucoup de temps pour ajuster les abonnements, planifier l’éventuelle réouverture et la gestion des employés. Il croit qu’une solution à plus long terme doit être trouvée.

«Plus tard, il y aura d’autres variants si on suit la logique. Il faut que les solutions aillent plus loin que ce qu’on a présentement. Je ne suis pas convaincu qu’on ait un milieu qui favorise les éclosions», a conclu François Deshaies.

Pour compenser la fermeture, Gymnase Drummond reprendra la formule adoptée lors des précédentes pauses en offrant certains services en ligne. Chez Gym Proactif, des démarches sont en cours pour déterminer la faisabilité de tenir des activités en ligne.

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