Une demi-journée de grève pour les professionnels de l’éducation à Drummondville

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Par Emmanuelle LeBlond
Une demi-journée de grève pour les professionnels de l’éducation à Drummondville
À Drummondville, les professionnels de l’éducation se sont rassemblés devant les bureaux d’André Lamontagne, jeudi. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

ÉDUCATION. Les professionnels de l’éducation du Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) ont sorti drapeaux et pancartes, jeudi matin, dans l’objectif de faire bouger les discussions à la table de négociation concernant le renouvellement de leur convention collective.

«On négocie depuis un an avec le gouvernement. Les négociations piétinent. On est ici pour souligner nos demandes, remettre une lettre au ministre André Lamontagne et mettre de la pression sur la table de négociation. Il n’y a pas beaucoup de choses qui bougent. On a vu des choses au niveau des enseignants. Des ententes seront proposées aux enseignants dans les prochains jours. Au niveau des professionnels, il n’y a rien qui a avancé», exprime Olivier Patoine, délégué de l’unité des Chênes du Syndicat du personnel professionnel du Cœur et du Centre-du-Québec (SPPECCQ-CSQ).

À Drummondville, les professionnels de l’éducation se sont rassemblés devant les bureaux d’André Lamontagne, jeudi. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Dans le cadre de la grève, plusieurs manifestations se sont déroulées à travers la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec. À Drummondville, les professionnels de l’éducation se sont rassemblés à compter de 8h devant les bureaux d’André Lamontagne, ministre responsable de la région du Centre-du-Québec. «Il y a environ 70 personnes. C’est une bonne participation, surtout en prenant en compte qu’on est autour de 125 professionnels de l’éducation au CSSDC», soutient Olivier Patoine.

Un travail essentiel

Carolyne Labonté est conseillère pédagogique au service des ressources éducatives au CSSDC depuis plusieurs années. Celle qui est habituellement en télétravail a fait le choix de sortir de son domicile pour appuyer le mouvement. «Ça fait du bien de se rassembler. On a beau avoir un masque et être à deux mètres de distance, pour une fois, on sent qu’on est ensemble là-dedans. À chaque négociation, je vois des collègues qui sont conseillers pédagogiques, mais je vois aussi des orthophonistes, des orthopédagogues, des psychologues et des bibliothécaires. Je vois des gens de pleins de corps d’emploi et je me rappelle qu’ensemble, on participe à la réussite des élèves», soutient-elle, avec conviction.

Carolyne Labonté, conseillère pédagogique au service des ressources éducatives. (Photo: Emmanuelle LeBlond)

Si la majorité de ses semblables travaillent dans l’ombre, cette dernière soutient que leur apport est tout aussi essentiel. «En tant que conseillère pédagogique, j’aide nos nouveaux enseignants pour leur insertion professionnelle. Il y a beaucoup d’enseignants qui quittent la profession dans les premières années. Je suis appelée à les accompagner et les aider à entrer dans la profession», explique-t-elle.

«J’accompagne aussi les enseignants qui sont non légalement qualifiés. Avec la pénurie d’enseignants actuellement, il y a beaucoup d’enseignants qui ne sont pas qualifiés pour enseigner. La première chose qu’on veut, c’est de les aider à faire leur travail comme il le faut», ajoute-t-elle.

Le manque de ressources est un enjeu important, à ses yeux. «Le gros combat, c’est qu’il y ait suffisamment de ressources et de services à nos élèves et aussi à nos enseignants qui ont besoin de support pour bien faire leur travail.»

La lourdeur de la tâche

Les professionnels de l’éducation revendiquent des mesures concrètes pour alléger leur tâche. De son côté, l’équipe des psychologues scolaires croule sous la demande. «On a juste le temps de répondre aux urgences et d’éteindre des feux. On répond à ceux qui souffrent le plus et à ceux qui dérangent le plus. Nos listes d’attente s’allongent. Il y a beaucoup de jeunes qu’on n’aura jamais la chance de voir», soutiennent ceux qui désirent se ranger vers l’anonymat, par peur de conséquences.

Un total de onze psychologues scolaires couvre le territoire du CSSDC, selon leurs dires. Règle générale, ces derniers se déplacent dans plusieurs écoles, ce qui affecte leurs disponibilités.

«On rencontre les parents lors de la remise de résultats et on les accompagne dans les étapes qui vont suivre. On est plus cantonné à l’évaluation. On ne parvient pas à faire de suivi. On ne fournit même pas avec les évaluations.»

Tous les jours, les psychologues scolaires sont témoins de l’impact positif de leurs actions. «J’ai des suivis avec des jeunes qui ont de grands besoins. Grâce à nos rencontres, ces jeunes-là vont bien aujourd’hui et ils réussissent au niveau scolaire. Ce sont des jeunes qui avaient des 40% et qui avaient complètement décroché. Si je n’avais pas fait ces interventions, ils seraient encore dans le système», témoigne un membre du groupe.

Rappelons que la grève de jeudi durait une demi-journée. Les professionnels de l’éducation étaient de retour au poste dès l’après-midi.

Dans tous les cas, le SPPECCQ-CSQ espère que l’événement aura un certain écho. Les syndiqués sont prêts à aller jusqu’au bout. «On verra éventuellement si on met d’autres moyens en place s’il n’y a rien qui bouge», termine Olivier Patoine.

 

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