Il entame une transition de genre à 13 ans

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Par Emmanuelle LeBlond
Il entame une transition de genre à 13 ans
Jess est né dans le corps associé au genre féminin. Il a entamé une transition pour devenir un garçon. Il est maintenant âgé de 17 ans. (Photo : Gracieuseté)

TÉMOIGNAGE. Jess Leblanc Lemay a gagné en maturité en traversant une série d’épreuves pendant son adolescence. À 13 ans, ce dernier s’est lancé avec courage dans une transition de genre afin d’être ce qu’il a toujours voulu : un garçon. Rencontre avec un jeune homme inspirant qui a réussi à renouer avec son bien-être, après avoir touché le fond du baril.

Jess est une personne souriante qui dégage une énergie positive. Il y a quelques années, l’adolescent était plutôt l’ombre de lui-même. Celui qui revêtait une enveloppe corporelle féminine ne se sentait pas bien dans sa peau. Il vivait une souffrance qu’il n’était pas capable d’expliquer.

«Quand j’étais jeune, je ne savais pas que j’étais une personne trans. C’était assez compliqué de savoir ce que c’était. C’était difficile à vivre. Je suis allé sur Internet. Je lisais beaucoup pour me renseigner», exprime-t-il.

De son côté, la mère de Jess, Caroline Leblanc, se doutait de quelque chose. «Il y avait plusieurs signes. On allait dans les magasins. Il était toujours porté à aller voir le côté des garçons. Je le ramenais vers le côté des filles. Ça persistait.»

L’arrivée au secondaire a été un déclic pour le jeune homme. «Je m’habillais tout le temps en gars. Pour moi, c’était normal de faire ça. J’ai réalisé que j’étais le seul de même. Un jour, j’ai commencé à être en couple avec une fille. Le monde me traitait de lesbienne. Je trouvais que ça n’allait pas pour moi. Ce n’était pas l’étiquette que je voulais», raconte-t-il.

Tourmenté par ses questionnements, Jess a sombré dans une profonde dépression, à l’âge de 13 ans. «Je suis allé à l’hôpital. Je ne me sentais vraiment pas bien. On a passé une nuit à cet endroit.» Sa mère était à son chevet. «Il n’avait plus de joie de vivre. C’était inquiétant», souffle-t-elle.

Le jeune homme a rapidement été pris en charge par des spécialistes afin de l’épauler. «Sur le coup, je ne me sentais pas mieux, mais au moins, je savais que je me dirigeais vers quelque chose de meilleur.»

Transition

Peu de temps après, Jess a rencontré une pédopsychiatre pour diagnostiquer la dysphorie de genre. «Je l’ai vu trois mois après mon séjour à l’hôpital. Normalement, on est sur une liste d’attente et ça peut prendre des années. Ça a été vraiment vite parce que ça pressait.»

Ce dernier a eu un total de six rencontres avec la spécialiste. «J’ai eu autant de rencontres parce que j’étais jeune. Ceux qui sont plus vieux ont le temps de réfléchir, soutient-il. La pédopsychiatre devait déterminer si c’était la dépression qui m’amenait à me poser des questions sur mon genre ou si c’était les questionnements qui m’amenaient à la dépression.» Tout bien réfléchi, le feu vert a été donné.

Dans le cadre de sa transition, Jess a débuté avec un traitement de testostérone, ayant un impact sur sa voix et sa pilosité. Le changement de prénom a également été une étape importante. «J’ai décidé de le choisir avec ma mère. De toute façon, si j’avais été un garçon à ma naissance, c’est elle qui l’aurait choisi. Je lui ai laissé le droit. Il y avait beaucoup de papiers à remplir, mais ça vaut la peine quand c’est vraiment ça que tu veux», insiste-t-il.

L’adolescent a été assailli de plusieurs émotions en constatant l’aboutissement de ses démarches. «Quand j’ai reçu mes nouvelles cartes, c’était une délivrance. À l’école, les professeurs étaient avertis de mon changement de prénom, mais souvent, il y avait des remplaçants qui se trompaient. Ça faisait des malaises», se remémore-t-il.

Caroline Leblanc a toujours accepté son fils comme il est. (Photo: gracieuseté)

Un grand pas vers l’avant

Il y a quelques mois, Jess a subi une mastectomie afin de retirer sa poitrine. «Ça m’a enlevé un gros poids. Enfin, je me sentais moi-même. Je suis fier de ma transition depuis que j’ai eu cette chirurgie. J’ai porté un binder (bandage à la poitrine) pendant plusieurs années. Ça créait un énorme poids mental. Parfois, ça ne me tentait pas de me lever le matin. J’avais quasiment de la misère à respirer à la fin», prononce-t-il.

Le jeune homme a grandi à travers tout ce processus. Enfin, il n’est plus prisonnier de son corps. Maintenant âgé de 17 ans, il espère que son témoignage pourra aider son prochain. «En première secondaire, j’aurais tellement aimé ça que quelqu’un de proche de moi m’explique tout ça. J’ai tellement de connaissances là-dedans que c’est facile pour moi de les transmettre. Il a fallu que je tombe en dépression pour avoir des références et savoir quoi faire.»

Soulignons que le 31 mars est la Journée internationale de la visibilité trans, dédiée à la célébration des personnes trans et à la sensibilisation à la discrimination à l’encontre des personnes transgenres à travers le monde.

Dans la région, l’organisme TRANS Mauricie et Centre-du-Québec est présent pour les gens de la communauté en offrant entre autres un service de soutien et d’ateliers. Le siège social est basé à Drummondville.

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