«Je prenais une caisse de 24 tous les jours pour survivre» – Mickaella

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Par Emmanuelle LeBlond
«Je prenais une caisse de 24 tous les jours pour survivre» – Mickaella
Le confinement a affecté la consommation de Mickaella. (Photo : Unsplash)

TÉMOIGNAGE. Pendant le confinement, Mickaella habitait dans un appartement à Drummondville avec sa fille. Du matin au soir, elle avait une bouteille de bière à la main pour s’enivrer. L’alcool a coulé à flots dans ses veines, jusqu’à ce qu’elle décide de se prendre en main. Cinq mois plus tard.

Âgée de 24 ans, Mickaella a trois enfants. Il y a deux ans, sa première fille est née. Six mois plus tard, la jeune femme est tombée enceinte de jumeaux. Un choix déchirant s’est présenté à elle. «J’ai fait adopter mes jumeaux parce que j’étais séparée du père qui était alcoolique et toxicomane. Je ne pouvais pas être seule avec les trois enfants. Les jumeaux ont été adoptés par une bonne famille. On se parle souvent et ils m’envoient des photos. On a une belle relation», explique-t-elle, avec franchise.

Lorsque Mickaella s’est séparée de ses deux enfants, un vide l’a habité. La jeune mère a sombré dans la consommation d’alcool pour oublier ses soucis. Dès la nuit tombée, une gardienne s’occupait de sa fille pendant qu’elle faisait la tournée des bars. Plusieurs mois se sont déroulés ainsi, jusqu’à l’arrivée de la pandémie.

«Quand le confinement a commencé au mois de mars, j’ai arrêté de sortir. Je me suis mise à boire à la maison. J’ai découvert que l’alcool faisait disparaître mon anxiété», prononce celle qui était sans emploi.

Mickaella se sentait dépassée par les événements. «J’étais seule à la maison avec mon enfant. Elle est hyperactive. Il faut toujours faire quelque chose avec elle. Je n’avais plus l’énergie et je ne savais pas comment m’y prendre. En buvant de l’alcool, ça me donnait l’énergie nécessaire pour être présente pour ma fille.»

La Drummondvilloise ressentait le besoin d’augmenter sa consommation d’alcool. «Vers le mois de juillet, je prenais une caisse de 24 par jour pour survivre. Mon taux d’alcool était assez haut dans mon corps. Dès que j’arrêtais ou je réduisais ma quantité, je tombais en sevrage. Je n’étais plus capable de faire mes journées», prononce-t-elle, en un souffle.

L’élément déclencheur

La jeune femme a atteint un point de non-retour, à la fin de l’été. «À la mi-août, j’ai fait une crise de panique pour la première fois de ma vie. Je me suis rendue à l’hôpital. Une de mes amies est venue chez moi pour garder ma fille. C’était tellement sévère que je n’avais plus d’oxygène dans mes bras et dans mes jambes. Je ne sentais plus mon visage», se remémore-t-elle, en frissonnant.

À ce moment précis, un déclic s’est produit chez Mickaella. La jeune femme a réalisé que sa consommation d’alcool était problématique. Elle devait reprendre le contrôle de sa vie. «C’est là que j’ai commencé à aller chercher de l’aide.»

Cette dernière s’est rendue dans un centre thérapeutique pour traiter sa dépendance. Mickaella a aussi rejoint les Alcooliques anonymes (AA) pour la supporter dans son cheminement. «Je faisais au moins un meeting par jour. Je faisais mes rencontres même quand j’étais en thérapie.»

Pendant que la jeune femme soignait ses blessures, la Protection de la jeunesse (DPJ) est arrivée dans le décor. «Le 26 octobre, la police est venue chez moi. Ils ont retiré ma fille parce qu’ils pensaient que je continuais de consommer, raconte-t-elle. Pourtant, j’étais sobre depuis le 4 septembre. Je ne voulais pas que ma fille aille en famille d’accueil. C’est ma mère qui l’a prise en charge.»

Vers le rétablissement

Mickaella s’est sortie la tête de l’eau grâce à sa détermination. «Je fais des démarches pour ravoir ma fille à la maison. Je dois faire du dépistage. Je sais que si je consomme et que je me fais prendre, je ne retrouverai pas ma fille, appuie-t-elle. Je fais aussi tout ça pour moi-même. Je sais que je ne veux pas retourner à la personne que j’étais avant. Je ne veux pas tout perdre encore.»

Si autrefois les pensées de Mickaella étaient endormies par des boissons alcoolisées, l’esprit de la jeune femme est dorénavant lucide. Elle s’implique activement dans les AA afin d’éviter les rechutes. Une marraine l’accompagne au quotidien pour l’appuyer dans ses hauts comme dans ses bas.

La jeune mère certifie que les AA ont eu un impact positif dans sa vie. «Le premier appel est important. Il y a toujours une ligne téléphonique qui est ouverte chez les AA. Ça vaut la peine de téléphoner pour voir si l’alcool est un problème pour nous. On peut avoir l’information et on peut commencer à s’aider et à s’en sortir.»

Il y a quelques semaines, la jeune mère est retournée à l’emploi, à son grand bonheur. Pour le futur, Mickaella rêve de retourner aux études pour décrocher un diplôme en tant qu’intervenante en toxicomanie.  À son tour, elle souhaite aider son prochain.

Pour ceux qui en ressentent le besoin, vous pouvez appeler au (819) 478-7030.

 

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