Un sentiment d’urgence habite le milieu de l’itinérance à Drummondville

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Par Emmanuelle LeBlond
Un sentiment d’urgence habite le milieu de l’itinérance à Drummondville
Dans un contexte hivernal, les itinérants sont à la recherche d’endroits pour se réchauffer. (Photo : Unsplash)

ITINÉRANCE. L’Ensoleilvent est le seul organisme à offrir un service d’hébergement d’urgence pour les personnes en situation d’itinérance à Drummondville. Depuis les derniers mois, la ressource croule sous la demande, ce qui a pour effet d’augmenter la charge de travail de l’équipe.

L’Ensoleilvent vient en aide aux itinérants en proposant un hébergement de courte durée, tout en assurant un service d’accompagnement. Sur place, il y a des intervenants pour aider ces personnes en ce qui a trait au logement, à la santé, au revenu et à la famille.

La pandémie a produit une onde de choc dans le milieu.

Le refuge se trouve sur la rue Brock. (Photo Ghyslain Bergeron)

Pour respecter la distanciation sociale, la capacité d’accueil du refuge a été réduite. «La diminution du nombre de lits a eu un impact sur tout le territoire. Le gouvernement parle souvent des lits d’hôpitaux, mais il existe plusieurs autres lits dans le domaine de l’urgence sociale. Les lits en hébergement ont aussi été touchés», explique la directrice générale de l’Ensoleilvent, Jacinthe Dorr.

Autrefois, onze personnes pouvaient bénéficier d’un toit pour la nuit. Le chiffre a été réduit à six. Avec la collaboration du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, une unité de débordement a été créée, en juin dernier, pour répondre à la demande. Huit nouvelles places se sont libérées.

L’hiver et ses dangers

L’hiver est le pire ennemi des sans-abri. «En période de pandémie, tout est limité. Le plus gros enjeu, c’est de passer l’hiver dans ce contexte particulier. Ces gens allaient à des endroits pour se réchauffer et ils ne sont plus accessibles. Par exemple, ils allaient se réchauffer à la bibliothèque pendant la journée. Elle est maintenant fermée», soutient Mme Dorr.

Les personnes en situation d’itinérance doivent se diriger vers les ressources pour éviter l’hypothermie. «On s’est fait des protocoles. Pour l’hiver, on a installé un abri de fortune dans la cour de l’Ensoleilvent avec des réchauds. Pendant la semaine, la Tablée populaire est ouverte. La Piaule a aussi un milieu de vie pour se réchauffer.»

«Ça nous demande vraiment d’augmenter notre charge de travail. Il faut trouver des solutions», ajoute-t-elle. En ce sens, l’organisme communautaire a engagé des employés pour répondre aux différents besoins.

Selon la directrice générale, les prochains mois seront critiques. «On roule déjà au maximum de notre capacité. Les solutions de sortie sont limitées. Les hébergements sont pleins. Je m’attends à ce que le mois de février soit difficile.» Notons que l’imposition du couvre-feu complexifie la réalité des itinérants.

Les défis liés à l’hébergement

Au quotidien, les employés de l’organisme doivent composer avec plusieurs défis. «Il a fallu alléger nos règles et nos critères. En temps normal, on ne prendrait pas de gens intoxiqués. Maintenant, on y va au niveau du seuil de dangerosité», admet Mme Dorr.

Cette décision n’est pas sans inquiétudes. «J’espère qu’il n’arrivera pas de catastrophe. Dans un contexte où il faut diminuer nos critères pour répondre à la demande, nos employés sont plus en danger. Les gens sont intoxiqués et ils ne sont pas évalués à l’hôpital comme il le faut. J’espère qu’il ne va pas avoir une catastrophe qui va avoir un impact sur mon équipe. Ici, je fais référence à un décès.»

Rappelons qu’un client peut être expulsé de l’hébergement s’il menace un intervenant ou s’il est violent.

Dans tous les cas, la directrice générale demande à la population de faire preuve de solidarité. «On a fait des demandes et les citoyens répondent très bien. Au jour le jour, il est important d’être solidaire. Si une personne dort dans le portique d’un immeuble, il faut y aller en douceur. Ces gens-là ne sont pas dangereux. La plupart sont désorganisés», conclut-elle.

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