ENVIRONNEMENT. Il n’est pas rare de retrouver des masques de protection sur le sol, que ce soit sur l’asphalte ou sur le gazon. L’apparition de ces déchets dans notre écosystème peut avoir des conséquences sur la santé de la faune sauvage de la région, soutient le Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ).
Selon l’organisme de référence en environnement, il est important de sensibiliser et d’informer la population drummondvilloise quant aux conséquences reliées à la présence de ces déchets au sein de la faune et la flore.
«Le masque en tant que tel est fait d’un mélange synthétique et de cellulose. Il y a une partie qui est compostable. Tout ce qui est fibre synthétique, comme l’élastique et le bout de métal, ça va finir dans la nature comme un déchet», explique la directrice générale du CRECQ, Andréanne Blais.
«C’est sûr que le plus grand danger n’est pas l’accumulation de produits chimiques. C’est plutôt le danger pour la faune dans l’environnement», poursuit-elle, en précisant que plusieurs masques se retrouvent dans les cours d’eau par le système d’égout.
De prime abord, Mme Blais a une pensée pour les tortues qui sont en voie d’extinction dans la région. «À Drummondville, on en a une. Je ne suis pas en mesure de la nommer parce que ce n’est pas une information qu’on veut rendre publique. Bref, on a des espèces qui sont menacées. Lorsque les masques se trouvent dans l’eau, les élastiques pourraient s’attacher après leurs pattes ou leur bec. Une tortue n’est pas comme un humain, ça n’a pas des doigts pour enlever le masque», mentionne la biologiste.
D’autres espèces peuvent être aussi menacées. «Il peut avoir un impact sur les poissons. Si le masque se décompose et qu’il y a des petites particules dans l’eau, les poissons respirent dans l’eau. Ces particules pourraient être dans leurs branchies et leur système.»
Lorsqu’on voit un masque sur le sol, il est préférable de prendre des précautions avant de le collecter. «Quand on en voit par terre, on a le réflexe de ramasser le déchet. Il faut faire attention parce que ça peut être contaminé. J’encourage les citoyens à les ramasser, mais il faut utiliser des gants ou des pinces. On ne ramasse pas le masque de quelqu’un d’autre avec nos mains», informe Mme Blais.
Recycler les masques de protection
Aux yeux de la biologiste, il est favorable de privilégier le port de masques artisanaux qui sont faits en tissu. Toutefois, Mme Blais est consciente que dans certains cas, l’utilisation de masques médicaux est obligatoire.
«Il y a des situations où on n’a pas le choix d’utiliser des masques jetables, mentionne-t-elle. Il y a des services, notamment une entreprise à Magog qui récupère ces masques. L’entreprise envoie des boîtes à un restaurant ou à un hôpital et les gens peuvent déposer les masques jetables à l’intérieur de la boîte et la retourner pour la récupération à l’entrepôt.»
L’entreprise MedSup a développé un processus de recyclage unique pour les produits médicaux. Dans un premier temps, les matériaux sont désinfectés à haute puissance. Ensuite, ils sont mécaniquement séparés, pour ensuite être triés, déchiquetés et transformés en pastilles de polypropylène. Les pastilles seront utilisées par différentes entreprises de plasturgie afin de les reconvertir en nouveaux produits, recyclables à leur tour.
«On peut commander ces boîtes à Drummondville. Les entreprises qui font partie de la MRC de Drummond sont invitées à le faire», suggère Mme Blais. Entre autres, les milieux médicaux, industriels, commerciaux et institutionnels peuvent bénéficier de ce service.
Les objets à usage unique
Les objets à usage unique ne sont pas nouveaux dans notre quotidien, rappelle Mme Blais. «L’enjeu est là depuis plusieurs années. Le masque vient s’ajouter à la liste d’objets qu’on jette par terre et qui s’accumule dans l’environnement. Il existe des problématiques plus majeures actuellement comme les bouteilles de plastique qui se trouvent dans nos cours d’eau ou même les contenants à usage unique de café.»
Selon Mme Blais, l’État se préoccupe de plus en plus des enjeux environnementaux. «Le gouvernement du Canada a mis en place des programmes environnementaux. Il vise le zéro plastique d’ici quelques années. La problématique est connue et elle est prise en compte par nos gouvernements», indique-t-elle.
D’ailleurs, les masques médicaux ne représentent pas les seuls déchets qui sont utilisés massivement depuis la pandémie. Les restaurateurs emploient de plus en plus des contenants de prêt-à-manger jetables. Il existe une panoplie de contenants recyclables ou compostables qui sont de bonnes alternatives, suggère Mme Blais.