PANDÉMIE. Après avoir mûri la question, le Gymnase Drummond n’ouvrira pas ses portes jeudi, comme ont souhaité le faire des propriétaires de centres de conditionnement physique faisant partie de la zone rouge à travers le Québec.
Mais ce n’est pas l’envie qui manque, puisque la fidèle clientèle de l’établissement du boulevard Lemire a hâte de renouer avec ses bonnes habitudes sportives.
«On a choisi de ne pas nous associer aux idées de la coalition, de ne pas poser de gestes de désobéissance civile ou d’inviter la clientèle à une contestation. On partage plusieurs idées, mais on n’embarquera pas là-dedans», indique François Deshaies, qui a acheté cette entreprise il y a un an à peine.
Quand le gouvernement du Québec a décrété que la MRC de Drummond allait basculer dans le palier d’alerte maximale, en septembre, M. Deshaies a eu un choc et s’est inquiété de la pérennité de son entreprise qui fait partie du décor drummondvillois depuis trois décennies.
«On est à risque comme bien d’autres gymnases. On a perdu beaucoup d’abonnés. Quand le gymnase a rouvert en juin, il a fallu qu’on s’organise, qu’on imprime des affiches et qu’on reconfigure l’aire d’entraînement. On n’était pas rentable. Il y avait beaucoup de restrictions. Environ 40 personnes à l’heure entraient pour s’entraîner alors qu’habituellement, nous en accueillons le double», précise M. Deshaies.
Considérant que l’activité physique est essentielle pour la santé physique et mentale de la population, ce dernier observe avec un pincement au cœur que les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour tous les entrepreneurs. Il fait référence notamment à certains magasins, dont l’achalandage peut générer davantage de cas de COVID-19 qu’une séance d’entraînement en salle.
«Tant qu’à ça, le gouvernement devrait fermer encore plus d’affaires, car là, ce sont encore les restos et les gymnases qui écopent», dit-il.
François Deshaies évalue cependant que la situation est, d’une certaine façon, plus facile à gérer dans un contexte de zone rouge que de zone orange, à cause de toutes les restrictions mises de l’avant par la Santé publique. Entre autres, il ne pouvait pas accueillir plus de 25 personnes à la fois au sein de son établissement.
«Avec ce nombre, on n’était pas rentable du tout. Dans un sens, c’est mieux qu’on soit en zone rouge, car au moins, on peut recevoir de l’aide, même si ça ne règle pas tout», précise M. Deshaies, qui consacre beaucoup d’heures à remplir des formulaires. «Ce sont de longs processus. Je passe beaucoup de temps à courir des papiers», ajoute celui qui espère que le gouvernement «fera confiance» aux propriétaires de gymnases lorsque le temps sera venu de rouvrir les établissements de mise en forme.
«J’espère qu’il n’y aura pas trop de restrictions, d’autant plus que nous avons quand même la chance d’avoir un grand bâtiment. Ce que je crains, c’est qu’on ouvre, ferme, ouvre, ferme. Ça, ça ne sera pas drôle. J’aimerais qu’on nous fasse confiance pour le respect des règles sanitaires».
En attendant que les affaires reprennent, François Deshaies use de créativité pour «réinventer» son entreprise. Au cours des dernières semaines, son équipe et lui sont demeurés actifs sur les réseaux sociaux puis ont proposé des entraînements sur Zoom à réaliser à la maison. Ils ont aussi lancé l’idée de louer du matériel.
Une dernière chance
Tout comme le Gymnase Drummond, le centre de conditionnement physique Pro Actif, situé sur le boulevard René-Lévesque à Drummondville, n’entend pas défier le gouvernement le 29 octobre en ouvrant ses portes.
Il n’a pas été possible de joindre le propriétaire, mais sur sa page Facebook, l’entreprise a indiqué qu’elle «laisse une dernière chance au gouvernement d’entendre raison».
«Nous faisons partie d’une association qui agit à titre de porte-parole pour négocier avec le gouvernement. Sachez que nous sommes en total désaccord avec la décision de notre gouvernement à l’effet que les centres d’entrainement représentent un risque pour la santé des Québécois. Nous avons tout de même décidé d’attendre un peu et de tenter une négociation plutôt que d’entrer dans la confrontation à ce moment-ci», peut-on lire.
Rappelons que la Coalition des centres d’activités physiques du Québec a annoncé lundi dernier que 200 entreprises allaient ouvrir leurs portes le 29 octobre, pour protester contre la décision du gouvernement de maintenir fermer les gymnases. Mercredi matin, la coalition a plutôt invité la clientèle à prendre part à une contestation devant leurs installations, ce jeudi, à compter de 8 h 30.