Des ratios critiques dans les trois CHSLD de Drummond, selon la FIQ

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Par Cynthia Martel
Des ratios critiques dans les trois CHSLD de Drummond, selon la FIQ
L’Accueil Bon-Conseil est jugé «dangereux» selon la FIQ. (Photo : L'Express, archives)

CHSLD. Les ratios soignants-patients des trois CHSLD de la MRC de Drummond sont à un niveau de dangerosité critique, selon des données colligées par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

Dans son palmarès des pires ratios en CHSLD du Québec, la FIQ démontre que la situation n’est pas rose au Québec, car pour de nombreuses régions, les ratios ne sont pas du tout sécuritaires en CHSLD. Et Drummond n’y fait pas exception.

Il s’agit d’un portrait qui a été effectué à partir de données recueillies par les syndicats affiliés entre le 1er et le 18 septembre, puis transmises à la FIQ. Pour chacun des 306 CHSLD du Québec, une moyenne des ratios a été faite sur les trois quarts de travail (jour, soir, nuit). Cela a ensuite permis d’établir la position de chacun des établissements, soit par code de couleurs, lesquels illustrent le niveau de danger des conditions de travail, allant de «moins problématiques» à «très dangereux». Les données exposées dans le tableau indiquent toutefois le pire quart de travail rapporté durant la période visée.

Dans la MRC de Drummond, le Centre d’hébergement Marguerite-d’Youville remporte la palme en se voyant attribuer la mention «très dangereux». De façon précise, d’après la FIQ, il y aurait eu une infirmière et une infirmière auxiliaire durant un quart de nuit pour 68 patients.

Pour leur part, l’Accueil Bon-Conseil et le Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot (FGH) sont jugés «dangereux».

Le pire quart de travail rapporté par la FIQ pour le CHSLD de Notre-Dame-du-Bon-Conseil était de nuit, où le ratio était de 52 usagers pour une infirmière et une infirmière auxiliaire.

Finalement, on aurait fourni de nuit six infirmières auxiliaires et trois infirmières pour 268 résidents à FGH.

Incompréhensions

Ce palmarès suscite certaines incompréhensions de la part du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

«Nos incompréhensions sont notamment par rapport à la façon que la FIQ a accordé le niveau de dangerosité, car certains CHSLD ont un ratio similaire, mais ne sont pas classés dans la même catégorie», laisse entendre Guillaume Cliche, agent d’information.

S’il n’existe pas de ratio fixe, différents facteurs (nombre de résidents, conditions des patients, aménagement des unités, etc.) devant être tenus en compte, le réseau de la santé peut néanmoins se baser sur le ratio Voyer.

«Il s’agit d’une balise. Ça dit que de jour, il faut une infirmière pour 25 à 32 résidents, de soir de 50 à 64 résidents alors que de nuit c’est une infirmière pour 75 à 96 résidents», indique M. Cliche.

Le CIUSSS a également soulevé certaines incongruités dans les chiffres.

«Par exemple, au sujet du centre d’hébergement Saint-Maurice qui se retrouve dans le top 3 du palmarès, on dit qu’il y a 180 patients pour une infirmière et deux infirmières auxiliaires de nuit. C’est impossible, car on a seulement 165 places disponibles», précise-t-il.

Malgré tout, le CIUSSS ne minimise pas le fait que le défi de main-d’œuvre persiste.

«On est tout à fait conscients de ça. Par contre, on met tout en œuvre pour assurer la sécurité des résidents. Par exemple, on déploie des plans de contingence lorsque le ratio est proche d’être limite en plus d’augmenter le ratio de PAB (préposées aux bénéficiaires) et d’aides de service. Ça permet aux infirmières de leur déléguer certaines tâches au niveau des soins de base», explique l’agent d’information.

Pertinence des ratios

Au cours des dernières années, la FIQ a fait la démonstration de la pertinence des ratios.

«En mars 2018, les professionnelles en soins se sont investies dans 16 projets pilotes dans les établissements de santé, dont plusieurs en CHSLD. Nos membres ont pu constater les effets positifs des ratios sécuritaires sur leurs conditions d’exercices», fait savoir Nancy Bédard, présidente de la Fédération.

Lors de ces projets, les travailleuses ont observé, entre autres, une diminution des risques de chute chez les patients, un meilleur contrôle de la douleur, une diminution de certains médicaments ainsi que de l’anxiété des patients et de leur famille, une augmentation significative de la capacité de marche des usagers de même qu’une meilleure prise en charge à tout moment et particulièrement lors de complications ou d’imprévus.

Devant la résistance du gouvernement à mettre en place des ratios sécuritaires, notamment dans les CHSLD, la FIQ interpelle le premier ministre et le ministre de la Santé.

«L’hécatombe vécue ce printemps en CHSLD à cause de la COVID-19 ne doit jamais se reproduire. Le gouvernement doit accélérer les discussions pour diminuer la surcharge de travail, ce qui permettra de garantir la qualité et la sécurité des soins à la population», soutient Mme Bédard.

Rappelons en terminant que lors d’un point de presse mardi, le premier ministre du Québec François Legault s’est dit prêt à fournir des «efforts financiers» pour réduire la surcharge de travail des infirmières, mais «en respectant la capacité de payer des Québécois».

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