Les réclamations des producteurs agricoles ont doublé

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
Les réclamations des producteurs agricoles ont doublé
Les cultures de foin ont été les plus affectées par la sécheresse des mois de mai et juin. (Photo : Unsplash)

RÉCOLTES. Signe que bon nombre de cultures ont été affectées par la sécheresse au Centre-du-Québec, le nombre d’avis de dommages enregistrés jusqu’à maintenant à la Financière agricole du Québec a doublé comparativement à 2019. Et l’année n’est pas terminée.

Depuis le début de l’année, dans le cadre du programme d’assurance récolte, 550 avis de dommages ont été reçus comparativement à 268 à pareille date l’an dernier.08

«La période de semis s’est faite relativement bien, car on a eu un beau printemps avec un peu de pluie. Les terres étaient en bonnes conditions jusqu’au moment où nous avons eu les trois ou quatre périodes de canicule, de mai à juin», rappelle Patrice Blais, directeur régional à la Financière agricole du Québec.

Les producteurs de foin ont été les moins épargnés.

«La première fauche a été désastreuse. On parle un peu avant la Saint-Jean-Baptiste. La deuxième, c’était un peu mieux, mais il manquait encore d’eau. Le retour à la normale s’est fait vers le début août, où il y a eu un peu plus de précipitations», explique M. Blais.

La Financière agricole a versé jusqu’à ce jour des avances d’indemnités totalisant 2,2 M$ à presque tous les producteurs de foin centricois. En guise de comparaison, un montant de 2 M$ a été donné en 2019.

«Les 2,2 M$ de cette année sont basés sur les pertes de la première fauche tandis qu’en 2019, les 2 M$ c’était pour l’année au complet, soit toutes les fauches, incluant les pertes de gel hivernal. C’était une somme importante, car c’était une année quand même difficile aussi», précise le directeur régional.

Celui-ci estime que la troisième fauche, laquelle est prévue dans quelques jours, devrait être satisfaisante.

«En principe la troisième fauche devrait être bonne. Elle se fera d’ici deux semaines. Les producteurs ne devraient pas avoir tout perdu. Mais la particularité de cette année, c’est que la sécheresse a été à la grandeur du Québec. Habituellement, quand un producteur est en manque de foin, il essaie de voir avec un voisin ou dans une région voisine s’il y a du surplus. Mais cette année, ce n’était pas vraiment possible. Au Centre-du-Québec, il y a des producteurs qui cherchent encore à acheter du foin pour pouvoir nourrir les animaux. C’est beau verser des indemnités, mais en même temps, il faut que le foin soit disponible. Si la troisième fauche n’est pas fructueuse, certains devront se débarrasser de leurs animaux».

Les producteurs de céréales (orge, blé et avoine) ont aussi souffert de la sécheresse, pendant la période de remplissage du grain.

«En fait, les grains n’ont pas pu se remplir à cause du manque d’eau. Cela donne des grains plus légers et des plants plus courts», indique M. Blais.

Environ 300 000 $ ont été versés jusqu’à maintenant. Ce montant ne comprend pas les réclamations concernant la vente des grains, car elles n’avaient pas été faites encore au moment de mettre sous presse.

En plus de la sécheresse inhabituelle, un gel tardif inattendu a frappé le Centre-du-Québec au début du mois de juin.

«Un front froid est venu occasionner du gel tardif assez important au Centre-du-Québec. Il y a eu beaucoup de pertes, particulièrement pour le soya, qui est souvent cultivé pour l’alimentation animale. Les semis ayant été faits à la fin mai, les plantules étaient toutes fraîches et toutes petites, donc plus fragiles, alors beaucoup de champs ont été détruits. On a versé autour de 300 000 $ en indemnités. C’est très, très rare qu’on va verser des indemnités pour le gel tardif dans le soya», raconte-t-il.

En revanche, les producteurs de maïs-grain s’en sont bien tirés.

«Il y a toujours du positif dans tout! Le maïs-grain est une plante un peu plus robuste, donc elle n’a pas été affectée par le gel. Et la culture s’échelonne sur une plus longue période, alors les précipitations du mois d’août ont été très bénéfiques et en plus, il y a eu énormément de chaleur. Le maïs, c’est une plante qui adore énormément la chaleur, donc elle avait les conditions idéales cette année, comparativement à l’année passée où il y a eu un été un peu plus frais que la normale et un automne très pluvieux et froid. Les producteurs devraient avoir de bonnes récoltes», souligne le directeur régional.

Ce dernier souhaite maintenant que la pandémie de la COVID-19 ne causera pas autant d’impacts.

«Nous allons pouvoir en mesure l’ampleur l’an prochain», conclut-il.

Partager cet article