Les propriétaires de gymnases sont inquiets

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Par Pierre-Olivier Poulin
Les propriétaires de gymnases sont inquiets
Depuis le début de la pandémie, le Gym Proactif a perdu des centaines de clients. (Photo : gracieuseté)

SPORT. Puisque la région sociosanitaire de la Mauricie et du Centre-du-Québec est menacée de passer en zone d’alerte rouge, les propriétaires de gymnases de la région s’inquiètent de devoir fermer leurs portes une deuxième fois. La pilule serait d’autant plus difficile à avaler pour les membres, qui ont déjà connu une première pause au printemps.

Depuis que le gouvernement provincial a annoncé lundi dernier que des régions étaient passées en zone rouge, les gestionnaires de gymnase tentent par tous les moyens de faire reconnaître leur entreprise comme un service essentiel.

Ceux-ci martèlent le fait que les salles d’entraînement ne sont pas un vecteur de transmission de la COVID-19 et que toutes les mesures sanitaires sont respectées. De plus, ils estiment qu’une fermeture pourrait entraîner des conséquences physiques et mentales sur leurs membres.

«Ces gens-là vont se déconditionner. Ils seront plus à risque d’être malades, que s’ils continuent à stimuler leur système immunitaire en s’entraînant et en s’alimentant bien. Là, on l’en empêcherait d’avoir un mode de vie sain pour, supposément, les protéger. Ça n’a pas d’allure», affirme le gérant de Gym Pro actif, Éric Plourde.

«Pour eux, ça peut être une source d’angoisse, car l’entraînement est une belle manière d’évacuer le stress et l’anxiété provoqués par la pandémie. Pour d’autres, c’est une réelle passion», croit l’une des copropriétaires de Crossfit Drummond Soprema, Jessica Rochon.

Infirmière clinicienne, Valéry Bergeron tient des séances en groupe plusieurs fois, de manière hebdomadaire. Travaillant plus de 50 heures par semaine au front pour contrer la pandémie, ses moments de sport sont un havre de paix, loin de son emploi.

«Ça me permet d’évacuer toutes les mauvaises expériences qu’on vit à l’hôpital. Si ce n’était pas de ça, je pense que je serais déjà malade. Présentement, le gym, c’est le positif que j’ai dans ma vie. Quand on se fait dire que ça pourrait fermer, c’est un gros coup dur», souligne Mme Bergeron.

Des habitudes à reprendre

En plus des effets sur la santé des clients, la perte de motivation est un autre facteur qui pourrait causer des dommages collatéraux. Les salles d’entraînement traditionnelles, en particulier, pourraient perdre un gros pourcentage de leur clientèle, car certaines personnes peuvent manquer de motivation pour reprendre leurs habitudes, après une longue pause.

«J’ai perdu 40 % de mes membres depuis le début de la pandémie. C’est environ 700 clients. Si on ferme pendant six mois supplémentaires, je vais peut-être en perdre 200 autres. Le gouvernement va-t-il nous dédommager? Je n’imagine même pas les efforts nécessaires pour regagner tout ça. Je repars presque à zéro», clame Éric Plourde.

Pour les cours de groupe comme le crossfit, le côté rassembleur facilite le retour dans les salles, selon Jessica Rochon.

«Je n’ai pas constaté un manque de motivation chez nos clients. L’essentiel de nos cours de crossfit, ce n’est pas quelque chose qu’on fait individuellement. Cet aspect a tellement manqué aux gens. C’était difficile de revenir, car on avait perdu un peu de notre forme physique. En étant plusieurs à se motiver, on est rapidement revenu où on était», précise-t-elle.

Un avis qui est partagé par Valéry Bergeron. «Ça va faire quatre mois qu’on a repris l’entraînement. Ça commençait à bien aller et tout le monde constatait qu’il reprenait le rythme. Je sens que depuis deux ou trois semaines, j’ai retrouvé la force et l’endurance que j’avais. On met des efforts cinq à six fois par semaine. Quand ça prend autant de temps à revenir à notre forme, c’est démoralisant», raconte l’infirmière.

En date du 7 octobre, le Centre-du-Québec figure toujours dans la zone d’alerte orange.

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