Une maison d’hébergement unique à Drummondville

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Par Emmanuelle LeBlond
Une maison d’hébergement unique à Drummondville
Cinq résidents, âgés de 28 et 40 ans, sont établis dans le domicile de Rachel Tessier. (Photo : gracieuseté)

COMMUNAUTÉ. Il y a deux ans, Rachel Tessier a décidé de suivre son rêve en ouvrant la Maison Ôbercail, un lieu d’hébergement pour les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. Depuis, l’éducatrice spécialisée file le parfait bonheur, considérant ses protégés comme des membres de sa famille.

«Moi, c’est mon projet de vie. Je n’arrête pas de dire à tout le monde que je suis à ma retraite. Je n’ai pas l’impression de travailler. Souvent, on me dit que je suis courageuse. Je ne suis pas courageuse. Pour moi, c’est une vie de famille», souligne-t-elle, d’entrée de jeu.

Sans contredit, Rachel Tessier est passionnée par son métier. Elle a décidé d’ouvrir sa maison d’hébergement, constatant qu’il y avait un besoin urgent dans le milieu. Les maisons, offrant un milieu de vie permanent pour la clientèle qui présente une déficience intellectuelle, sont rares dans la région.

Rachel Tessier et deux résidentes. (Photo: gracieuseté)

«Les parents ne savent pas ce qu’il va arriver à leurs enfants quand ils vont décéder. Ils ne veulent pas nécessairement qu’ils soient placés à l’extérieur. Souvent, ils ont leur travail et leurs amis. Ils ne veulent pas qu’ils soient déracinés. Quand il n’y a pas de place ici, ils peuvent être envoyés à Sherbrooke ou à Trois-Rivières», explique-t-elle.

Rachel Tessier a donc sauté sur l’occasion. «À ma connaissance, il n’y a pas d’autres maisons d’hébergement privées comme moi à Drummondville», précise-t-elle.

Un total de cinq résidents, âgés de 28 et 40 ans, se sont établis dans son domicile. «On habite ensemble. C’est autant leur maison que la mienne, mentionne-t-elle. Mais j’offre aussi du répit. Il y a des gens qui viennent en vacances chez moi pour donner du répit aux parents. En même temps ils sont contents parce qu’ils voient leurs amis et ils font des activités.»

Pour l’éducatrice spécialisée, il est important de développer l’autonomie chez ses colocataires. «Le matin ils se lèvent. Ils font leur déjeuner. Ils mettent leur vaisselle dans le lave-vaisselle. On a appris à faire notre lavage. On fait des tâches. C’est un milieu d’entraide», indique-t-elle.

Présentement, la routine est différente. À cause de la crise sanitaire, les résidents restent à la maison. «Habituellement, ils ont des plateaux de travail. Ils travaillent le jour du lundi au vendredi», informe-t-elle.

Deux résidents s’amusent en dessinant. (Photo: gracieuseté)

Sortie à la crèmerie, mini-golf, hockey, baseball, danse : plusieurs activités ponctuent leurs temps libres. «On sort beaucoup dans la communauté. Ils sont des adultes à part entière. Oui ils ont une différence, mais je les traite comme des personnes qui n’ont pas de déficience. Je les inscris à des cours de Zumba où il y a des personnes comme tout le monde. Ils font partie intégrante de la communauté», amène celle qui prône l’inclusion sociale de ses protégés.

«C’est important de les mêler à la société. Par ces sorties, je veux démontrer que la déficience intellectuelle, ça ne fait pas peur», ajoute-t-elle avec conviction.

Par son rôle, Rachel Tessier se réjouit de voir les résidents s’épanouir et évoluer.

«Ces personnes veulent vivre leur vie et leur indépendance. Quand on est jeune, on sait qu’on va aller en appartement ou en maison. Eux aussi ils ont le droit de vivre ça. Ils ont le droit d’avoir des projets. Ils ont le droit de tomber en amour. C’est pour ça que les maisons d’hébergement sont importantes», conclut-elle.

La semaine québécoise des personnes handicapées est du 1er au 7 juin 2020.

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