CORONAVIRUS. Un proche aidant déplore que la Résidence L’Ermitage de Drummondville lui interdit de prendre soin de sa mère. En plus de s’inquiéter de sa santé psychologique et physique, il se questionne sur le choix du repas qu’on lui a servi pour la fête des Mères : un sandwich au jambon et des croustilles.
«Ma mère est confinée dans son logement depuis deux mois. En raison de certains problèmes de santé, elle a de la difficulté à se déplacer, elle ne peut même pas traverser la porte-patio pour aller sur son balcon. Elle est en train de faire une dépression… Elle a toujours été quelqu’un de positif, mais là , elle est négative. On est très inquiet et c’est dur de ne pouvoir rien faire», a raconté à L’Express le fils de cette résidente, qui a tenu à conserver l’anonymat pour éviter tout désagrément à sa mère.
À la mi-avril, une éclosion s’est déclarée à cette résidence de la rue Berol. En date du 11 mai, 12 cas avaient été déclarés, dont deux ont été mortels. Trois employés ont également été infectés. Selon notre interlocuteur, la situation serait revenue à la normale.
«On nous a dit ce matin (12 mai) qu’il n’y avait plus de cas. Mais lorsqu’on pose la question pourquoi nous ne pouvons pas entrer, on nous dit que c’est la Santé publique qui nous interdit d’entrer. Je me suis donc informé au gouvernement et l’attaché politique de la ministre (Marguerite) Blais nous a dit qu’ils ne sont pas supposés de nous refuser l’accès», indique-t-il.
Celui-ci déplore le manque de communication entre la direction et les familles et le peu d’explications données, les laissant lui et sa famille dans la plus grande des incertitudes.
Selon les critères du gouvernement, les proches aidants sont autorisés à entrer dans un CHSLD ou une résidence privée pour aînés sans devoir à présenter un test de dépistage négatif, que le lieu soit en éclosion ou non. Toutefois, dans les résidences déjà aux prises avec des cas de COVID-19, les proches aidants devront signer une décharge de responsabilité en plus de devoir porter un équipement de protection.
«Est-ce qu’ils nous refusent l’entrée parce qu’ils ne veulent pas investir dans des équipements? Je ne comprends pas. Le directeur nous a dit qu’il n’autorisait pas la visite de ma sœur, car il y a eu un décès, mais ma mère n’a jamais vu cette personne-là . Elle ne peut pas sortir de sa chambre depuis le début», fait-il savoir.
«L’attaché politique nous a suggéré de déposer une plainte au CIUSSS, mais le délai de traitement est de 45 jours», poursuit-il en soulignant que ce temps d’attente est trop long considérant l’état de sa mère.
Un sandwich au jambon et des chips… pour la fête des Mères
L’homme se désole également de voir que les repas servis ne sont pas très équilibrés.
«Pour la fête des Mères, on lui a donné pour dîner un sandwich au jambon avec des chips. Hier, elle a mangé une pointe de pizza avec de la salade de choux. Ça lui coûte 1800 $ par mois et le gouvernement paie la différence, il semble que ça pourrait être mieux. Même si on est en temps de pandémie, les résidents pourraient manger mieux», suggère-t-il.
L’homme et sa famille souhaitent obtenir des réponses plus claires de la part des gestionnaires de L’Ermitage. Mais ce qu’il désire le plus, c’est de pouvoir à nouveau prendre soin de sa mère pour lui redonner le sourire.
Précisions de L’Ermitage
L’Express a communiqué avec Hugo Boucher, président et chef de la direction d’Immo 1ère, une entreprise d’immeubles locatifs de Montréal qui administre des résidences pour aînés, dont L’Ermitage, afin d’obtenir des réponses claires quant à la situation. Celui-ci a d’abord indiqué qu’une rencontre s’est tenue en fin de journée aujourd’hui avec le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec et la Santé publique régionale.
«Nous avons demandé plusieurs éclaircissements et nous attendons un retour. Nous croyons important d’avoir toutes les informations nécessaires avant d’accepter les proches aidants. C’est une question de sécurité pour nos résidents», soutient-il, en spécifiant qu’il avisera l’auteure de ces lignes lorsqu’il y aura des développements.
En ce qui a trait aux communications, M. Boucher assure que tous les retours d’appels se font le plus rapidement possible.
«Un délai d’une journée peut parfois se produire dû à un volume d’appel très important», précise-t-il.
Mise à jour en date du 19 mai : M. Boucher a apporté d’autres précisions à la suite de la parution de cet article :
D’abord, il souligne que le menu de la fête des mères était une crème de légume en entrée, du rosbif au repas et un shortcake aux fraises pour dessert.
Concernant l’accès aux proches aidants, il faut que ceux-ci soient significatifs pour pouvoir entrer dans un établissement. Selon le CIUSSS de la Mauricie-Centre-du-Québec, «les résidents qui pourront recevoir du soutien sont ceux qui bénéficiaient déjà de ce soutien, tous les jours ou plusieurs fois par semaine, avant l’application des mesures de restrictions de visite imposées pour éviter la propagation de la Covid-19».
Selon M. Boucher, le proche de la dame ne venait pas à tous les jours ou plusieurs fois par semaine.