Les femmes et la politique fédérale

Martin Bergevin
Les femmes et la politique fédérale
Pauline Picard. (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE DRUMMOND. La participation des femmes dans la politique canadienne ne date pas d’hier. Déjà durant la Première Guerre mondiale, elles luttaient pour le droit de voter aux élections fédérales, un privilège longtemps réservé aux hommes, qu’elles obtiennent finalement le 24 mai 1918 et dont elles se prévalent pour la première fois lors du scrutin général de 1921. Un moment marquant pour la démocratie et une date incontournable du calendrier féministe canadien.

Cette élection, qui propulse le libéral William Lyon Mackenzie King à la tête du pays, ouvre aussi les portes de la Chambre des communes à l’Ontarienne Agnes Macphail, qui devient la première femme députée de l’histoire du Canada. En plus de défendre les droits des agriculteurs, elle milite pour les droits des mineurs et des immigrants. Plus encore, elle montre la voie aux autres suffragettes de sa génération qui poursuivent la lutte dans les provinces et qui incarnent à leur tour l’univers des possibles pour toutes celles qui suivront.

Depuis son élection, il y a près de cent ans, plus de trois cent cinquante Canadiennes ont marché dans ses pas pour se rendre au Parlement. Au Québec, il faut attendre l’élection générale fédérale de 1972 pour que l’électorat envoie ses premières représentantes à Ottawa. Jeanne Sauvé, qui sera par la suite ministre, présidente de la Chambre des communes et gouverneure générale du Canada, est du lot. Monique Bégin et Albanie Morin sont les deux autres élues féminines de la vingt-neuvième législature du pays. Plus près de chez nous, la première femme à occuper la fonction de députée dans la circonscription de Drummond est Pauline Picard.

Pauline Picard. (Photo: Archives)

Élue le 25 octobre 1993 sous la bannière du Bloc québécois, elle est réélue en 1997, en 2000 et en 2004, siégeant ainsi à la Chambre des communes durant quinze ans. Diplômée en administration, elle occupe tour à tour les fonctions de porte-parole de l’Opposition officielle en matière de santé, de coopération internationale, des langues officielles, de clonage humain, de porte-parole adjointe aux finances, aux affaires intergouvernementales, aux affaires autochtones, de vice-présidente du caucus des députés bloquistes et de whip adjointe du Bloc québécois à compter de 2004. Elle se retire de la vie politique en 2008, peu avant l’élection tenue en octobre, et passe le flambeau à Roger Pomerleau qui lui succède dans Drummond.

Durant toutes ces années à faire l’aller-retour Drummondville-Ottawa, la députée Picard rêve que le Québec devienne un pays et qu’il joigne la table du concert des nations. Aux côtés de ses collègues indépendantistes, elle vit la déprime postréférendaire, le départ de Lucien Bouchard, l’arrivée de Gilles Duceppe, ainsi que les grandes batailles menées par le Bloc québécois durant les décennies 1990-2000. Parmi celles-ci, notons celles de la Loi sur la Clarté, de l’Accord de Kyoto, du scandale des commandites et de la reconnaissance du Québec comme nation distincte dans la Constitution canadienne.

Le parcours de madame Picard est unique dans notre histoire régionale. Il n’y a pas de mot plus juste. De fait, après qu’elle ait quitté son siège de députée, aucune autre femme n’a représenté le comté de Drummond à la Chambre des communes. Ni même à l’Assemblée nationale d’ailleurs, les circonscriptions électorales provinciales de Johnson et de Drummond-Bois-Francs n’ayant été représentées jusqu’à maintenant que par des hommes. Ces deux faits rendent son parcours d’autant plus exceptionnel.

Emportée par la maladie moins d’un an après son retrait de la vie politique, Pauline Picard s’éteint à Drummondville, le 29 juin 2009. Au nom de toute l’équipe de la Société d’histoire de Drummond et en mémoire de madame Picard et des autres grandes dames de la région qui ont contribué à l’avancement de notre société, je vous souhaite chers lecteurs et chères lectrices de L’Express Magazine une respectueuse et égalitaire Journée internationale des femmes 2020.

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