Les travailleurs étrangers, une main-d’œuvre plus qu’attendue

Les travailleurs étrangers, une main-d’œuvre plus qu’attendue
Les travailleurs étrangers sont essentiels, notamment dans le domaine de l'agriculture. (Photo : Archives)

AGRICULTURE. L’apport des travailleurs étrangers est irremplaçable en agriculture. Pourtant, plusieurs producteurs de la région devront se passer de cette main-d’œuvre pour quelques semaines, à cause de la crise du coronavirus. 

Francis Le Moine, copropriétaire de Canneberge Drummond, attend une dizaine de travailleurs étrangers qui devaient préparer la cannebergière située à Saint-Lucien pour la production de ce petit fruit rouge. «On prévoyait leur arrivée pour le 23 avril. Avec la crise du coronavirus, on ne sait pas encore quand ils pourront venir», raconte-t-il.

«Je pense à un employé, ça fait 14 ans qu’il travaille pour nous. Chaque année, il participe à toutes les opérations et connaît bien notre entreprise. Dans notre domaine, les tâches ne sont pas vraiment routinières. Donc, si on engage de la main-d’œuvre locale, il faut lui apprendre chacune des étapes de production», explique-t-il.

Le travailleur agricole mexicain Enrique Butamante Leyte avec Francis Le Moine. (Photo d’archives – Ghyslain Bergeron)

L’entreprise Fruit d’Or, qui possède Canneberge Drummond, composait déjà avec une pénurie de main-d’œuvre, que la situation actuelle accentue. «Il y a plusieurs postes ouverts dans notre entreprise et on a de la difficulté à les combler», fait savoir Francis Le Moine.

Questionné à savoir comment il prévoit produire et récolter ses canneberges, il répond : «On espère que les frontières vont rouvrir le plus tôt possible. Pour l’instant, on se dépanne avec des employés sur nos autres fermes. On s’est aussi monté une petite équipe volante qui s’occupe d’effectuer les tâches les plus pressantes en attendant. On a également freiner tous nos projets d’expansion».

Francis Le Moine pense également aux conséquences sur la vie de ces travailleurs. «On reçoit des appels de leur part tous les jours. Ils sont très inquiets, car ils font de bons salaires en venant ici. Bien souvent, cet argent sert à envoyer leurs enfants à l’école. Et s’ils ne peuvent pas venir au Canada, ils n’ont pas nécessairement un emploi qui les attend dans leur pays».

Même son de cloche chez Culture de chez nous, dont les activités sont situées à Sainte-Brigitte-des-Saults et à Saint-Cyrille-de-Wendover. Le producteur engage une soixantaine de travailleurs étrangers chaque année.

«On a 35 personnes qui devaient arriver pour le mois d’avril et qui arriveront finalement en mai. On a dû prolonger le permis de travail de certains employés qui étaient déjà ici pour la saison hivernale, explique Valérie Jutras, directrice des opérations. Je suis confiante de pouvoir engager localement, mais ça nous demande des ajustements, des changements et de revoir nos lignes de production».

Cette dernière fait affaire avec l’entreprise FERME, experte en embauche de travailleurs étrangers temporaires, qui planifie des vols nolisés pour transporter les ouvriers originaires de l’Amérique du Sud.

Le renfort arrive

Ottawa permet, depuis le 18 mars, aux travailleurs saisonniers d’entrer au Canada. N’empêche que la situation cause toujours des maux de tête aux agriculteurs de la région. Certains, comme Francis Le Moine, attendent encore de savoir quand ils pourront accueillir leurs premiers employés.

Selon André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, les embûches ont été réglées et les premiers vols remplis de travailleurs agricoles sont attendus dès la semaine prochaine. Toutefois, ceux-ci devront respecter une période de quarantaine de 14 jours sur les fermes avant d’entreprendre leur boulot.

Le ministre Lamontagne fait également savoir qu’«il n’y aura pas autant de travailleurs étrangers que les autres années».

Au Québec, ce sont généralement près 16 000 travailleurs étrangers qui débarquent annuellement afin de pourvoir des emplois dans le milieu de l’agriculture.

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