Comment gérer la «coronanxiété»?

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Par Cynthia Martel
Comment gérer la «coronanxiété»?
Catherine Tétreault, médecin au Groupe de médecine de famille universitaire (GMF-U) de Drummondville. (Photo : Gracieuseté)

CORONANXIÉTÉ. Multiplication des cas de Covid-19 et des décès, succession de mesures strictes imposées, pertes de revenus et rumeurs. La pandémie est définitivement anxiogène pour la majorité des gens. La docteure drummondvilloise Catherine Tétreault partage ses trucs pour gérer la «coronanxiété».  

La «coronanxiété», terme employé par le docteur Alain Vadeboncoeur, urgentologue et vulgarisateur scientifique montréalais, est une manifestation normale chez l’être humain en ce moment, comme l’explique Catherine Tétreault, médecin au Groupe de médecine de famille universitaire (GMF-U) de Drummondville.

«Cette anxiété-là, il faut savoir qu’elle est normale, car on vit une situation jamais vue à travers le monde. Particulièrement ici, c’est la première fois que l’urgence sanitaire est déclarée dans toute l’histoire du Québec».

L’un des meilleurs moyens pour aider à contrôler la «coronanxiété» est l’activité physique. Et nul besoin d’avoir des équipements sophistiqués de mise en forme pour en faire.

«Des escaliers et des cannes de tomates suffisent!» lance Dre Tétreault en rigolant.

Il s’agit simplement d’être imaginatif. Plusieurs exercices ne nécessitent rien, par exemple, certains mouvements de musculation (squats, fentes et push-ups).

«Il y a plusieurs plateformes web qui offrent des cours et des capsules vidéo d’entraînement. Je pense ici, entre autres, à Gymnase Drummond et Cardio plein air. Sur internet, il y a mille et une possibilités de trouver chaussure à son pied. Le yoga et la méditation guidée sont d’autres exemples. Juste faire cinq minutes de respiration, la respiration en carré qu’on appelle, procure un effet prouvé sur le rythme cardiaque, la pression artérielle et l’anxiété. J’utilise d’ailleurs cette technique pour gérer mon stress», explique-t-elle.

Avec le beau temps qui se pointe le bout du nez, les activités extérieures sont préconisées, pour les personnes qui ne sont pas en quarantaine, bien sûr.

«Je recommanderais aux gens qui doivent aller travailler, de faire du transport actif, tel que du vélo, car ça aide à la concentration le matin, à décrocher après le travail et à arriver à la maison beaucoup plus détendu», suggère la jeune médecin.

D’autre part, il est important de conserver une bonne hygiène de vie et de bien s’alimenter.

«Dormir entre 7 h et 9 h par nuit et d’avoir des heures régulières de lever et de coucher sont deux facteurs qui aident à gérer l’anxiété. De plus, il faut faire attention à ne pas manger trop de cochonneries, car c’est facile de grignoter quand on est à la maison», conseille Dre Tétreault.

Les gens peuvent par surcroît canaliser leur stress en cuisinant, en jouant de la musique – pourquoi pas sur le balcon pour faire profiter les voisins – en lisant ou en s’occupant l’esprit par une activité créative.

«Ça peut être du tricot, de la peinture, des mandalas, du bricolage ou encore, la fabrication d’un arc-en-ciel!» énumère-t-elle.

Celle-ci conseille même de privilégier ce genre d’activités avant l’heure du coucher plutôt que les écrans qui nuisent grandement au sommeil.

«D’ailleurs, on recommande de regarder les nouvelles maximum deux heures par jour, car c’est une grande source d’anxiété de voir ce qui peut se passer ailleurs. Cela m’amène à dire de savourer le moment présent et de vivre un jour à la fois».

Par ailleurs, pour les couples et parents, il est important, à ses dires, d’avoir des moments solos.

«C’est normal d’avoir besoin de solitude. Et pour garder l’harmonie familiale, c’est nécessaire», estime la docteure.

Le lâcher-prise est également une excellente attitude à adopter en cette période extrêmement difficile.

«Il y a une grosse part de tout ça qu’on ne contrôle pas, donc il faut lâcher prise sur les choses qu’on ne contrôle pas et faire qu’est-ce qu’on peut sur les choses qu’on peut contrôler. Par exemple, il y a beaucoup de professionnels de la santé qui se sont donné un processus de décontamination quand ils arrivent à la maison. Ça se contrôle, ce n’est pas infaillible, mais au moins ils se disent qu’ils essaient de faire tout pour ne pas contaminer leur famille, une grande peur», indique Dre Tétreault

«Pour les choses qu’on ne contrôle pas, c’est un aspect moins médical je vous dirais, mais important quand même : garder une certaine spiritualité, peu importe la croyance. Cela permet de remettre les choses qu’on ne contrôle pas entre les mains d’une personne décédée ou d’une figure religieuse, soit en parlant à vos grands-parents ou en priant. C’est personnel à chacun, mais ça fait du bien. Il faut aussi être reconnaissant des choses qui vont bien», ajoute-t-elle.

La médecin a également un conseil crucial pour les personnes aux prises avec un problème de santé mentale et tout citoyen qui nécessite une consultation médicale rapide.

«N’attendez pas que ça n’aille pas bien pour consulter. Toutes les cliniques (GMF) sont ouvertes et sont saines, dans le sens où les gens présentant les symptômes s’apparentant à la COVID-19 ou d’allure grippale ne peuvent s’y présenter. Si vous attendez trop, il vous faudra peut-être vous rendre à l’urgence et là, le risque de contamination est plus grand. N’hésitez pas à faire appel aussi aux ressources communautaires et de vous référer au 811», soutient-elle.

La Drummondvilloise tient à préciser que toutes ces stratégies pour gérer l’anxiété s’appliquent bien évidemment en temps normal.

Enfin, Catherine Tétreault est convaincue que cette crise mondiale, bien qu’elle soit dramatique, apportera du positif dans la vie de bien des gens.

«Une situation comme celle-ci nous oblige à sortir de notre zone de confort et d’être créatif. Cela va nous amener à faire des changements, par exemple prendre le vélo plutôt que la voiture pour aller travailler, faire davantage de télétravail, etc. Une fois qu’on va s’être adapté à la situation post-pandémie, bien peut-être que votre qualité de vie sera améliorée», laisse-t-elle tomber.

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