Un même choix, deux histoires

Photo de Marilyne Demers
Par Marilyne Demers
Un même choix, deux histoires
Della Noudjouti, Junior Maita, Rene Denadi, Fabrice Douam et Sami Hamdi ont vécu le rite de l’appel décisif dimanche. (Photo : Marilyne Demers)

RELIGION. Au moment où des églises ferment leurs portes devant la baisse du nombre de leurs fidèles, cinq adolescents et adultes de Drummondville – ou plutôt cinq catéchumènes – ont choisi de se faire baptiser. S’ils ont chacun le même désir d’entrer dans la communauté catholique, leur histoire ne se ressemble en rien.

Sami Hamdi a 48 ans. Il est né en Tunisie, dans une famille musulmane. Son père, aujourd’hui décédé, était un imam. C’est lui qui dirigeait la prière collective. Et en islam, l’importance de la prière ne peut être minimisée. «Les prières, c’est obligatoire», tranche Sami Hamdi.

Le Tunisien d’origine, arrivé au pays en 2017, se présente aujourd’hui comme chrétien converti de l’islam. Une décision prise après mûre réflexion, après avoir visité son frère au Canada, en 2007 et en 2008.

«J’ai vu que mon frère avait changé sa religion. Au début, j’étais fâché et ma famille aussi, avoue-t-il. Par la suite, je me suis demandé pourquoi il avait changé. En 2008, il m’a dit d’aller voir pourquoi. Il m’a protégé», indique-t-il.

Ce choix, qui l’a mené à débuter son parcours catéchuménal il y a un an et demi, n’est toutefois pas sans conséquence. «Je sais que j’ai perdu beaucoup de choses. Je n’ai plus le droit d’aller en Tunisie. Ça serait risqué. Dans ce pays, une personne qui change de religion, c’est la mort», soutient le père de famille.

En choisissant de se faire baptiser, Sami Hamdi a dû renoncer à sa vie de couple, sa famille et son pays natal. «C’est mon choix. Je gagne autre chose.»

Fuir la guerre 
À ses côtés, quatre membres d’une même famille d’origine africaine suivent aussi les démarches. Après un passage en camp de réfugiés, ils se sont installés dans la région.

Âgé de 23 ans, Della Noudjouti est l’aîné de la famille. Il a grandi en République centrafricaine. À cinq ans, alors qu’il fuyait la guerre, il a perdu de vue sa mère. «Je suis un enfant de la Forêt. C’était très dur pour moi. Je n’ai pas grandi avec ma famille», confie-t-il.

Il a réussi à retrouver sa grand-mère, qui l’a élevé. Della Noudjouti a pris soin d’elle jusqu’à son décès. «Ma grand-mère était vraiment croyante. Elle m’a appris à toujours croire en Dieu, à ne jamais baisser les bras.»

«Beaucoup de mes amis ne croient pas en Dieu. Moi, je ne les juge pas. Si tu es né au Québec, que tu as grandi au Québec, tu te dis que tu as tout. Il y a des personnes qui ont traversé des choses difficiles, comme la guerre, ce sont les personnes qui croient vraiment en Dieu. Moi, j’ai trouvé que la façon de me rapprocher de lui, c’est de me faire baptiser. J’ai traversé tellement de trucs, je sais que Dieu existe», poursuit-il.

À l’adolescence, Della Noudjouti a rejoint le reste de sa famille. Ils ont immigré au Canada en 2017, pour avoir une vie meilleure. Puis, ils ont choisi, ensemble, de se faire baptiser.

«Je dirais que c’est Dieu qui nous a protégés durant le trajet, du Cameroun au Québec. S’il n’était pas là, je ne sais pas si on serait arrivés jusqu’ici. Il y a beaucoup de personnes au Cameroun qui voulaient venir ici, mais c’est nous qui avons été choisis. C’est grâce à lui», soutient sa sœur Rene Denadi.

Della Noudjouti, Rene Denadi et son enfant Manuella, ainsi que leurs frangins Fabrice Douam, Junior Maita, Salvador et Faly se feront également baptiser durant la Veillée pascale. «Dans la famille, tout le monde croit en Dieu. C’est notre coutume», fait savoir Della Noudjouti.

Appel décisif
Après plusieurs mois de rencontres et d’implication, dimanche marquait une étape importante du parcours catéchuménal des adolescents et des adultes.

Présidée par Mgr André Gazaille, cette célébration, tenue le premier dimanche du carême à la basilique Saint-Frédéric, se voulait la dernière étape avant les trois sacrements de l’initiation chrétienne à Pâques.

«En janvier, chaque catéchumène a fait parvenir une demande officielle à l’évêque pour lui demander de l’accueillir dans la communauté catholique. Aujourd’hui, il venait répondre à leur demande. À partir de maintenant, ils passent de catéchumènes à appelés», indique Guy Lebel, un des agents de pastorale à la Paroisse Saint-François-d’Assise, qui les a accompagnés durant leur parcours catéchuménal.

Cette année, Sami Hamdi, Della Noudjouti, Rene Denadi, Fabrice Douam et Junior Maita sont les seuls adolescents et adultes qui ont choisi de se faire baptiser, dans la région du Centre-du-Québec.

Partager cet article