Un Émile Bilodeau plus mature, mais toujours aussi candide

Un Émile Bilodeau plus mature, mais toujours aussi candide
Émile Bilodeau (Photo : gracieuseté)

MUSIQUE. Même s’il aborde des thèmes comme le nationalisme, l’écoanxiété, le racisme et l’importance de valoriser ses rêves avec son album Grandeur mature, Émile Bilodeau n’a pas la prétention d’être devenu un grand sage au cours des trois dernières années.  

Trois ans après la sortie de Rites de passage, Émile Bilodeau présente son nouvel opus, Grandeur mature, dans lequel on retrouve des «messages cachés, mais déguisés par une candeur». «Parce qu’après tout, je n’ai que 23 ans et je ne suis qu’un petit garçon dans mon cœur», lance fièrement le jeune musicien.

Émile Bilodeau était conscient que son deuxième album se faisait attendre. «Je me suis dit : “Ils vont vouloir que je leur parle de choses importantes, un peu comme dans la chanson Ça va quand je parle de la mort”. Ça me pesait lourd et l’inspiration ne sortait pas. Finalement, j’ai décidé d’écrire des tounes qui me plaisent. Ç’a donné un pied de nez à la maturité», raconte-t-il. Bref, il se prend au sérieux, mais pas trop.

Selon lui, Grandeur mature a fait un grand pas en avant par rapport à son premier album en ce qui concerne la musique. «Il y a du violon, de la flûte de pan, de l’accordéon, énumère-t-il. On ne retrouve pas tout ça sur Rites de passage. Autant qu’on peut parler de maturité dans les textes, qu’on peut parler de grandeur au niveau de la musique».

Dans les chansons Mont-Royal, J’ai vu la France et Ton nom, Émile Bilodeau fait référence au territoire. «C’est mon petit côté Félix Leclerc», fait-il savoir en se comparant à celui qui l’a grandement inspiré.

Puis, il se sert à plusieurs reprises du champ lexical médiéval, car il est comme un Robin des bois prêt à «parcourir son territoire pour défendre ses chansons».

Et il termine finalement son album — tout comme son spectacle — avec une courte et poignante composition à propos de l’environnement. «C’est un peu comme un wake-up call de 1 minute 38 secondes. Je trouve ça bien de faire rire et voyager, mais c’est tout aussi important de dire à la fin : “Ce dossier-là (l’environnement) me tracasse”. On doit continuer à s’encourager à faire toutes ces petites choses pour améliorer notre sort», souligne celui qui a remporté en 2017 le Félix révélation de l’année au Gala de l’ADISQ.

Du haut de ses 23 ans, Émile Bilodeau est déjà reconnu comme étant un artiste engagé. Parmi toutes les causes qui lui tiennent à cœur, le respect est celle qui vient le toucher droit au cœur. «Il y a la montée de la droite un peu partout dans le monde, pas seulement en Europe. On a qu’à regarder le Brésil ou encore Donald Trump avec ses pulsions de guerre. Je pense que c’est important de chanter l’acceptation de l’autre. Si on était tous des Émile Bilodeau, ça serait plate et on se taperait tous sur les nerfs. Les différences, c’est essentiel», est-il d’avis.

Grandeur mature est le deuxième album d’Émile Bilodeau.

La reconquête du Québec

Ceux qui suivent Émile Bilodeau savent que son côté nationaliste est toujours prêt à surgir. «Partout sur la planète, on nous reconnaît comme des Québécois. Il ne reste plus qu’à nous reconnaître nous-même», milite-t-il. En tournée pour présenter son deuxième album, il aura l’occasion d’explorer chaque coin de sa Belle province. «Cette année, on gambade à travers le Québec. 2020 c’est l’année des shows et des rencontres. J’attendais cela avec impatience», lance-t-il joyeusement.

Le 7 février prochain, il foulera les planches de la Maison des arts en compagnie de Sarah Dion à la batterie, Simon Veillet à la basse, Nathan Vanheuverzwijn aux claviers et Miriam Pilette à la guitare.

«Sur scène, notre côté paritaire et jeune ressort beaucoup. Il y a vraiment une belle ambiance», fait-il savoir. Le public drummondvillois aura l’occasion d’entendre autant ses grands succès que ses nouvelles chansons. Un spectacle qui s’adresse aux petits comme aux grands.

Par ailleurs, ceux qui apprécient le genre éclectique de Grandeur mature seront servis, car Émile Bilodeau n’a pas l’intention de s’en tenir à un seul style musical. «Je m’inspire beaucoup des Colocs, la gang à Dédé Fortin. Eux, ils se faisaient plaisir de dire que leur musique était un mélange de tout. Pour éviter de me taper sur les nerfs, je veux casser le moule en essayant d’autres styles», souligne-t-il.

Questionné à savoir quels sont ses projets professionnels à venir, Émile Bilodeau confie qu’il a déjà une banque de nouvelles chansons. «Après cette grande tournée remplie de feux d’artifice, j’ai peut-être l’idée de faire quelque chose de plus épuré. Je songe aussi à un album plus sombre. J’ai plusieurs projets en tête, mais toujours dans le domaine musical. C’est un métier qui me permet de vivre des expériences uniques».

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